Dans ce quartier de la péninsule de Pirriwee à Sydney, la vie est calme et la communauté harmonieuse. A première vue !

On adore penser qu’il y a une grande mixité dans la péninsule, mais en réalité la seule chose qui nous différencie les uns des autres, c’est le porte-monnaie

Le ton est donné par Madeline, une des protagonistes de ce roman, ravissante quadra, divinement excentrique et meneuse de bande. En cette journée d’intégration à l’école maternelle, toutes les mères d’enfants se retrouvent, ou font connaissance. Soudées en apparence, les clans dominent déjà la cour, avec en avant-poste le gang des serre-tête, ces mères « fondamentalistes » qui veulent diriger l’école, puis les mères qui travaillent, et les autres – celles qui ne travaillent pas.

Ce jour est particulier pour Jane, timide et mal dans sa peau, jeune mère célibataire d’un petit Ziggy, qui vient d’emménager à Pirriwee. Mais aussi pour Madeline, qui a prévu de fêter son anniversaire au bar de la plage, le Blue Blues, avec son amie Céleste, magnifique créature éthérée et mère de deux terribles jumeaux qui font également leur intégration dans le cadre paradisiaque de la Pirriwee Public School.
Victime d’une entorse sur le chemin de l’école en cette rentrée, Madeline rencontre Jane, dont elle n’aurait probablement jamais fait la connaissance sans cette mésaventure. La prenant sous son aile, elles formeront avec Céleste un trio solide pour affronter des épreuves.

Car des épreuves, ce roman n’en manque pas, démarrant dès ce premier jour lorsque le petit garçon de Jane est accusé  de violence sur une de ses camarades.

Et cette journée, comme un effet boule de neige, livrera ses conséquences tragiques six mois plus tard, lors de la soirée Quizz organisée par l’école.

Mais quel est ce drame dont on nous parle d’emblée ? Armez-vous de patience, car nous ne le saurons qu’à la fin, et c’est tant mieux !

Les pages s’enchaînent, se lisent avec délectation, et nous emmènent l’air de rien, vers une scène d’apothéose dramatique digne des plus grandes comédies – si elle n’était pas aussi terrible.

C’est toute la finesse de Liane Moriarty, de jouer avec humour du caractère de ses personnages, qui évoluent comme dans un vaudeville avec tous leurs secrets plus ou moins avouables, afin d’aborder des thèmes terriblement sociaux : la place des familles monoparentales dans la société, la difficulté d’être une famille recomposée, le harcèlement à l’école, l’exclusion, et surtout, la maltraitance des femmes.

Pas une minute pour s’ennuyer, pas de temps mort, les personnages nous entraînent avec toute leur verve et leur présence dans le feu de l’action. Le burlesque côtoie le dramatique dans un cocktail délicieusement acidulé, aussi enivrant qu’un certain cocktail rose… stop, je ne dis rien sous peine de trop vous en révéler.

A tous ceux qui avaient aimé Le Secret du Mari je peux dire que ce roman dépasse largement le niveau du premier, déjà prometteur ! Quant aux autres, pas encore convertis à Liane Moriarty : si vous enchaînez les lectures ennuyeuses, si vous cherchez un divertissement efficace, lisez celui-ci ! Nous ne sommes pas dans la littérature, mais qu’est-ce que ça peut faire du bien, parfois!

Et hasard des sorties, ce lundi 20 février 2017 débutera la diffusion sur OCS de Big Little Lies, série inspirée du roman et produite par HBO, avec dans le rôle des trois amies Reese Whiterspoon, Nicole Kidman et Shaileen Woodley – certes on quitte l’Australie pour le cadre de la Californie, mais je vous avoue ma frustration de ne pas être abonnée à OCS pour voir cette série qui, même éloignée du roman et de son apparent ton léger, ne manquera pas de piquant.

Titre : Petits secrets, grands mensonges

Auteur : Liane Moriarty

Editeur : Albin Michel

Parution : 2016