Summer

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Un titre accompagné d’une jolie couverture suffit souvent à faire naître l’envie d’une lecture.

Sans savoir quel sujet il abordait, visiblement l’été, ce roman m’a interpellée, m’a attirée, tout en me maintenant sur mes gardes, car je n’avais pas aimé le précédent roman de Monica Sabolo, Crans-Montana.

D’été, il n’en est pourtant point question. Car le roman raconte la disparition d’une jeune fille de 19 ans nommée Summer, vingt-cinq ans plus tôt, lors d’une journée de pique-nique au bord d’un lac avec son frère et ses amies. Vingt-cinq ans durant lesquels aucune réponse ne viendra soulager les questionnements permanents de Benjamin, le jeune frère, adolescent mal dans sa peau, timide et en marge, avec la dépression tout au bout, qui le terre chez lui et l’éloigne de ses parents.

Que s’est-il passé? Pourquoi la vie continue-t-elle pour eux, pourquoi n’ont-ils plus jamais évoqué Summer et sa disparition, laissant Benjamin entier à ses souvenirs confus? Pourquoi tous leurs amis les ont-ils abandonnés? Pourquoi n’a-t-on jamais retrouvé Summer, au fond du lac où elle aurait pu se noyer ce jour et disparaître à jamais?

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En refermant ce livre, j’ai d’abord ressenti un soulagement. Faute de me convaincre complètement, le roman et son issue ont réussi à maintenir ma curiosité en éveil, et même à me surprendre – certains lecteurs auront peut-être dès le début compris la disparition de Summer. Pour ma part, je manque souvent d’imagination, j’ai donc fini ce roman satisfaite, au moins pour sa seconde moitié.

Car j’ai retrouvé dès le début du roman tout ce que j’avais détesté dans le précédent: ces créatures sublimes de papier glacé, inconsistantes, sans but, ennuyeuses, éthérées, avec leurs problèmes de jeunes filles belles et riches, qui m’ont souvent évoqué un film de Sofia Coppola mais sans la substance et la lumière. Une écriture qui se veut esthétique, troublante, travaillée à l’excès mais que je trouve vide et qui me déconcerte. Des personnages secondaires plats, vidés de toute âme, qu’on n’arrive pas à approcher faute de profondeur psychologique. Une intrigue ennuyeuse, qui tourne en rond, si longue pour arriver au but. Et cette sensation de l’eau du lac, visqueuse, qui revient toujours et qui m’a été vraiment très désagréable.

Dans la seconde moitié du roman, toutefois, ces sentiments se sont estompés dans l’escalade du récit, avec les masques qui tombent et la vérité qui approche, silencieuse mais fracassante. Et émouvante.

Alors qu’ais-je loupé, pour Summer comme pour Crans-Montana, pour avoir un jugement aussi sévère? L’avis d’autres lecteurs m’intéresse…

 

Titre: Summer

Auteur: Monica Sabolo

Editeur: JC Lattès

Parution: 23 Août 2017

 

16 réflexions sur “Summer

  1. Même ressenti pour moi, j’ai retrouvé ce que je n’avais pas aimé dans « Crans Montana » mais comme toi, la seconde partie du livre m’a plu un peu plus…J’ai trouvé que ça tournait en rond, beaucoup, pour rien…qu’effectivement ces gamines riches sont au moins aussi énervantes (inconsistantes, stéréotypées – une idée à creuser : que l’auteur nous en ajoute une moche la prochaine fois ahah !) que dans le précédent roman…
    Mon avis sera en ligne le 23/08, la chronique est déjà rédigée puisqu’il faisait partie de la sélection pour le Grand Prix des Lectrices Elle 2018…

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  2. Ouf, tu aimes Sofia Coppola ! Tu vois j’aime bien une Italienne, enfin d’origine .. Car effectivement, avec ce genre de personnage et de choix narratif, on peut vite tomber dans l’ennui – des personnages plats, l’intrigue au point mort. Je n’ai jamais lu l’auteur mais tu lui as donné une deuxième chance. C’est vrai que la couverture et le blurb sont intriguant. Pas suffisant toutefois pour que je m’y arrête !

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    1. Oui, mais je saurai maintenant que son style ne correspond pas à mes attentes – je suis peut-être trop terre à terre… Quant à Sofia Coppola, je l’apprécie beaucoup, et je la trouver sincère. Si je ne ressens pas de sincérité, je me sens bernée. Tu sais que sa famille vient d’une petite ville du Basilicate, dans le Sud de l’Italie? Un endroit tout simple, à première vue sans charme particulier, mais authentique, où la famille retourne souvent (en même temps ils y ont une superbe maison et un hôtel, même) – ça en dit beaucoup sur eux, cette nécessité de retourner aux origines, malgré le manque d’attrait du lieu. La sincérité…

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      1. ça ne m’étonne de la part du papa de Sofia, j’avais vu un documentaire sur lui – un homme assez simple malgré sa fortune. J’ai aussi tenté par deux fois certains écrivains mais quand ça ne passe pas, c’est un signe. Ils trouveront leurs lecteurs donc pas d’inquiétude ! J’ignorais d’où les Coppola venaient, tu y es allée il me semble… 😉

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      2. voui… on était à côté, alors on a fait un détour (d’ailleurs à côté il y a une ville magnifique, Matera, qui sera capitale européenne de la culture en 2019. Une ville en partie troglodyte, qui a une histoire incroyable. Pasolini y a tourné L’Evangile selon Saint-Mathieu.

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  3. Ton billet est sublime, tes arguments très convaincants. Je prends mes jambes à mon cou et je fuis!
    J’aime les intrigues autour de disparitions, mais le type de personnages présentés ici m’horripile.
    J’ai lu sur IG que cette auteure n’apprécie pas les critiques négatives ou mitigées. Aussi, gare à toi!!!

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    1. Tant pis! Il faut savoir assumer la critique – et je veux rester fidèle à mes convictions, alors si je n’aime pas je le dis. Sinon, qui me croira après? Mon ressenti est peut-être très personnel, et je souhaite vraiment que d’autres personnes me disent si elles l’ont apprécié. Je peux me tromper aussi 🙂

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  4. Votre critique est dissonante dans un début de concert de louanges…mais elle confirme mon intuition et je ne manquerai pas d’en tenir compte car ce que vous dites de « Crans-Montana » correspond exactement à mon ressenti lorsque je l’avais lu : des histoires de petites filles riches et éthérées, une belle plume mais malheureusement au service d’une intrigue pas très consistante au final. J’en avais été très déçue après le « Tout cela n’a rien à voir avec moi », premier roman de Monica Sabolo que j’avais beaucoup aimé tant elle y parvenait, avec un talent indéniable, à faire de son cas personnel une histoire universelle. Merci pour l’économie donc 😉
    Ps : preuve que les blogs sont bienvenus face au langage souvent unanime des médias « autorisés » 🙂

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    1. Bonjour Marilyne, merci pour votre commentaire. Je pense hélas que ce roman est mis en avant pour de mauvaises raisons et qu’un engouement factice va se jouer autour. C’est comme toujours le pouvoir des médias, des prix petits ou grands, la façon dont arrivent à se vendre certains auteurs, … J’ai beaucoup réfléchi avant d’écrire ma chronique, j’ai même envisagé de ne pas en publier, car je n’aime pas forcément être négative sur un travail dans lequel une autre personne s’est investie. Mais il y a aussi des choses bonnes, dans ce roman, donc j’ai finalement pensé que ma critique serait justifiée!… merci de l’avoir lue – il y a plein de merveilles qui nous attendent pour cette rentrée littéraire, il va falloir faire des choix! A bientôt, Sonia

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  5. Fini!! Alors il faut que je tire mes idées au clair, mais je l’ai quand même lu d’une traite. Ce livre n’est pas une arnaque (comparé à Delacourt par ex pour qui on fait un grand foin chez Lattes, il est excellent!) C’est assez intéressant car les raisons pour lesquelles tu n’as pas aimé ce roman (personnages factices, écriture esthétique) sont celles qui au contraire m’ont plue! Donc la première partie m’a plue, en revanche la deuxième partie j’ai senti l’impatience désagréable de connaître enfin le dénouement et j’ai horreur qu’on manipule ainsi mon petit être. 😉 Bref mitigé comme toi mais on met les arguments à l’inverse 😜🙃

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