Interview Rentrée Littéraire ISABELLE DUQUESNOY (L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard)

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Vous avez été témoins, en ce début de rentrée littéraire, de mon immense coup de cœur pour un roman insolite et audacieux: L’embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard.

Parfois, la vie vous réserve des surprises incroyables. Je rêvais d’interviewer son auteur, Isabelle Duquesnoy. Grâce à cette divine bonne étoile qui brille au-dessus de ma tête, une magnifique rencontre épistolaire est née. Et aujourd’hui, l’interview est bouclée… Avec générosité, facétie, tout en gardant son autorité d’historienne, Isabelle Duquesnoy m’a fait l’immense plaisir de répondre à toutes ces questions (et elles sont nombreuses!)… Aussi facétieuse et audacieuse que Victor Renard, à qui,  forte de son savoir, de sa fantaisie, et surtout de sa plume audacieuse et truculente, elle a insufflé la vie – et quelle vie!

Chère Isabelle,

Vous m’avez fait l’immense joie d’accepter de répondre à mes questions de lectrice enthousiaste, que je brûle de partager avec les lecteurs et lectrices de mon blog.

Vous le savez maintenant, après avoir englouti les 520 pages en deux jours de L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard, je suis ressortie de cette lecture subjuguée, bluffée, fascinée, tant par l’Histoire, que par son cadre, sa langue, et ses personnages ! Et aussi pleine d’interrogations, qui nécessiteraient des heures de conversation!

Commençons !

– L’intrigue de L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard se passe au 18e siècle, au lendemain de la Révolution française. Afin de mieux situer nos lecteurs, comment définiriez-vous le genre de votre roman ? Est-ce un roman historique, un roman d’apprentissage ? Un thriller historique ?

Un suspense historique initiatique, est-ce que ça existe ? Cette définition m’irait bien, si vous pensez aussi qu’elle peut convenir… Les critiques (pour l’instant extrêmement élogieuses) qui en parlent sur les réseaux sociaux et dans la presse utilisent les mots « suspense historique glaçant et drôle ». Cela me va également. 

– Comme le titre l’évoque d’emblée (je ne trahirai donc rien !), Victor Renard est embaumeur ! Comment ce métier s’est-il imposé à vous ? Est-il possible que vous ayez fait ce cheminement en envisageant une histoire autour des fameuses et fascinantes « mumies », dont seuls des professionnels de l’Art comme vous (vous êtes restauratrice d’œuvres d’art) connaissaient avant ce livre l’existence secrète ?

J’ai commencé par me documenter, le plus sérieusement du monde, sur l’univers de l’embaumement. En découvrant que les recettes n’avaient presque pas changé entre l’Antiquité et le Moyen-âge, j’ai continué à fouiner. Fouiner, chez moi, veut dire me consacrer aux lectures, recherches et prises de notes durant plusieurs mois, voire plusieurs années (je suis lente, mais tant pis). J’ai ensuite cherché les recettes des 17e et 18e siècles, et une fois comblée, j’ai construit un personnage ainsi que son entourage pour argumenter cette histoire de « mumie ». Le trafic d’organes momifié dans le monde des artistes peintres n’est pas un secret, mais disons que c’est un sujet dont les musées nationaux ne se vantent pas trop ; d’ailleurs rien n’est jamais mentionné sous les peintures réalisées avec les cœurs des rois de France. Imaginez une plaque indiquant : « Les bruns transparents tartinés sur cette peinture ont été obtenus par l’artiste Machin, en broyant le cœur de Louis XIII au moulin à légumes». Impensable, et pourtant… cela devrait être (écrit de façon plus diplomatique, certes).

Avez-vous, dans vos travaux de restauratrice d’œuvres d’art, été confrontée à la restauration de telles œuvres ?

Je ne crois pas avoir restauré de peintures réalisées avec le brun « mumie » des cœurs de la couronne de France ; ou alors, si cela s’est produit, je n’étais pas encore suffisamment informée sur le sujet pour m’en inquiéter.

La couleur brune de ce jus de momie était très appréciée après 1793 pour ses qualités siccatives et sa teinte transparente (un peu comparable à du caramel).Vous pouvez vous rendre au Louvre, dans l’aile Sully, salle 58, pour regarder l’une de ces peintures intitulée « Intérieur de cuisine ». Les détails figurent dans mon livre. Naturellement, les lecteurs sont libres d’effectuer les recherches qu’ils souhaitent en se basant sur les indications que j’ai fournies. Il n’est pas certain qu’ils soient bien reçus par les musées gardant leurs tableaux dans les sous-sols, à l’abri des regards…

Avouons-le, Victor exerce un métier particulièrement morbide, et il en retire tout de même beaucoup de plaisir – comment expliquez-vous que le lecteur soit fasciné à la lecture de vos descriptions de corps et d’embaumement particulièrement explicites ? N’avez-vous pas eu peur d’aller trop loin ?

Aller trop loin… selon quel barème ?(Rire). Chacun possède son propre seuil de tolérance face à ce qui le dégoûte. En matière d’écriture, je n’ai pas de limite. J’ai aimé décrire la laideur avec des mots élégants, mais mon corps de texte est très littéraire, contrairement aux dialogues beaucoup plus réalistes. Je comprends la fascination des lecteurs, simplement parce qu’elle est humaine. Nous aimons éprouver des sensations, frissonner au cours d’un récit, surtout lorsqu’il évoque un sujet tabou ou réservé aux initiés. La mort, le processus de décomposition ainsi que le trafic d’organes au 18e siècle n’est pas très facile à aborder sans recherches. J’ai fouiné longtemps et méthodiquement avant de parvenir à bâtir une histoire qui tient la route : vie quotidienne fin XVIIIe siècle, personnages attachants et répugnants, mort et rituels, trafics d’organes et construction d’une réussite sociale jusqu’à la chute de mon héros.

Je n’ai pas peur d’aller trop loin. En fait, c’est une question que je ne me pose jamais. J’ai écrit ce que j’aimerais trouver en librairie, j’ai écrit le livre que j’aurais dévoré si je l’avais acheté. On ne peut pas faire plus sincère que mon écriture, et si quelque chose débloquait, mon éditeur me le dirait.

– Sans vouloir dévoiler le crime de Victor, le lecteur est partagé entre l’horreur et la cocasserie de la situation ! Y voyez-vous seulement un acte d’amour ou Victor a-t-il tout simplement dépassé les limites de son humanité à force de côtoyer la mort ?

Victor est considéré comme un criminel et traité comme tel. Pourtant, tout au long du récit, on tremble avec lui, on a peur pour lui, on s’attache à ce qui le motive et on se félicite de sa réussite. Je ne crois pas du tout que Victor ait dépassé les limites à force de côtoyer la mort ; au contraire, il a dépassé les lisières de l’amour à force d’en avoir trop manqué. Je suis contente que sa situation vous paraisse cocasse, car beaucoup de lecteurs sont surpris d’éclater de rire durant la lecture. Le mélange d’humour et d’horreur est une mayonnaise que j’aime particulièrement car, je vous l’ai dit : je n’ai pas de limites.

 – Le cadre historique que vous reconstituez pour l’histoire est très richement détaillé. Vous offrez de Paris une vision très cinématographique. Comment avez-vous réussi à le retranscrire et à vous y transposer ?

Ah ! C’est exactement ce qu’a dit Jean-Jacques Beineix en lisant ce livre : il voyait le film se dérouler devant ses yeux et trouvait les personnages très vivants. Pour vous répondre, je ne sais pas comment je me transpose dans ce Paris d’après Révolution. Les images et les phrases me viennent lorsque j’ai les yeux fermés, juste avant de me lever le matin. Une fois assise devant mon ordinateur ou mes carnets de note, les phrases sont toujours présentes dans ma tête et je n’ai plus qu’à les écrire. Je ne vais pas vous affirmer que je reste des heures bloquée devant mon écran, car c’est inexact. Vous dire que je m’astreins à écrire tous les jours serait également faux. J’écris par périodes, lorsque j’ai des choses à exprimer. Ces périodes durent longtemps. Plusieurs mois. Entre 7 et 11 heures par jour. Puis, subitement, je m’arrête, je quitte les carrosses, les rues pavées, je ne bois plus des litres de rooibos, je pose dans un coin de ma tête mes longues robes de taffetas et mes personnages. Je me consacre alors à la vie réelle… jusqu’à ce que cette fièvre d’écriture me reprenne. Mes immersions dans l’Histoire sont cycliques, frénétiques et inextinguibles. Il n’y a pas d’autre traitement que l’écriture pour ce genre de maladie !

– Victor est bien entendu le personnage principal du roman, mais tous les autres personnages ont aussi leur existence propre, à travers des portraits très soigneusement brossés, aussi bien d’un point de vue physique que psychologique. Certains sont attachants, d’autres détestables comme l’odieuse mère de Victor, la Pâqueline – mais c’est un régal de l’« observer » tout au long du roman. A-t-on besoin de ne pas aimer un personnage, quand on veut le rendre odieux aux yeux du lecteur, ou au contraire lui avez-vous porté un certain amour ?

Ma relation avec la Pâqueline  est névrotique : j’adore qu’elle soit haïssable et je la déteste, mais Victor ne peut s’en passer. Ne dit-il pas, dans son récit « qu’il a besoin de cet adversaire » ? Etonnamment, ce sont les dialogues de cette peste qui m’ont été les plus agréables à écrire. Lorsqu’elle rêve en bavant sur son oreiller, alors que son fils l’entend réciter les vers qu’elle espérait dire un jour sur scène, je la trouve subitement poignante dans sa frustration. Il suffit que les êtres dévoilent leurs faiblesses pour que le meilleur de nous-mêmes se mette en action :on se surprend à plaindre celui/celle qu’on détestait quelques heures avant. Pour ma part, je ressens les choses selon l’avancée de l’écriture : quand la Pâqueline est infecte, je la hais. Mais lorsqu’elle se radoucit et que le lecteur comprend ses faiblesses, je la plains.

– Les lecteurs seront comme moi très sensibles aux qualités littéraires de votre roman. La langue que vous utilisez est opulente, truculente, impertinente – on a le sentiment que vous avez réinventé le français du 18e siècle, en le dépoussiérant. Avez-vous le sentiment d’avoir « inventé » une langue propre au roman, et comment y êtes-vous arrivée ?

Je ne sais pas si j’ai inventé une langue. Je sais simplement que le corps de texte se rédige dans ma tête ainsi (alors que mes paroles échangées en famille ou avec des amis sont normales), écrit à l’ancienne, avec des conjugaisons un peu précieuses. En revanche, dès que le tiret de dialogue est tracé, une espèce de soupape sursaute et là… c’est le défouloir. Je suis bien incapable de vous dire « comment j’y arrive », parce que ce n’est pas un calcul ni une posture. J’ai l’habitude de faire passer plusieurs choses dans mes dialogues : 1- le ton. 2-les informations qui seraient trop didactiques ou lourdes dans le texte. 3- les insultes, les gros mots, les ressentiments, les émotions avant/pendant/après une engueulade. 4- les résolutions prises par les personnages, après leur échange.

 – Romain, un des personnages qui se dit royaliste, a abandonné le « r » (initiale du mot Révolution) dans sa langue. C’est d’ailleurs très drôle de le « lire » parler sans tous ces « r » dans une phrase. Cette coquetterie de langage a-t-elle réellement été en pratique ?

Oui bien sûr, ceux que l’on a surnommé les « Incroyables » et les « Merveilleuses », accoutrés de façons outrancières et minaudiers parlaient ainsi. Ils se reconnaissaient à leur oisiveté, leurs vêtements ridicules (vestes trop courtes avec une bosse dans le dos, monocle, pour les hommes. Tenues transparentes et face-à-main pour les femmes, plissant le nez pour feindre la myopie.) Au début de cette mode Directoire, ces jeunes gens bons à rien ont commencé à parler en roulant les « R ». Mais rapidement, ils ont trouvé que cette prononciation faisait trop plouc, et l’ont remplacée par l’accent anglais, pour finalement supprimer totalement le « R ». Aujourd’hui, lorsque nos jeunes s’expriment en « wesh » ou en « vas-y, meuf » et s’accoutrent d’accessoires type claquettes de plage/jogging/gourmette, ils créent un style qui les rassemble et leur permet d’identifier leur appartenance. Mais personne n’ose les appeler les Effroyables ou les Ennuyeuses, car nous vivons une époque qui fustige tout ricanement sur l’aspect de l’Autre.

– Le roman pourrait être grave, inquiétant, glaçant, morbide même, mais vous avez souvent choisi l’humour et la facétie pour traiter de ces sujets. Comment ce parti pris s’est-il imposé à vous ?

Le parti de l’humour s’est imposé à moi, parce que mon fonctionnement intime est à la fois hypersensible et cynique. J’ai le souvenir d’un fou rire avec ma mère, tandis que nous étions à un enterrement. Maman m’a chuchoté qu’il était curieux qu’on classifie toute leur vie les gens dans des catégories, notamment socioprofessionnelles, et que, une fois mort, rien n’apparaissait plus. Excepté le beau cercueil en chêne massif que les familles paient une blinde, et les poignées en laiton lustré, rien ne peut plus, une fois mort, signaler votre appartenance à une « caste » aisée. Or, l’homme qui était enterré ce jour-là était un épicier que tout le quartier avait apprécié. J’ai alors demandé à ma mère comment elle aurait représenté la catégorie socioprofessionnelle du défunt. Réponse de ma mère : « En lui remettant son crayon sur l’oreille…»

Bien que très jeune, j’ai compris ce jour-là qu’on pouvait rire tout en ayant de la peine. Mes années passées chez les sœurs m’ont aussi donné le goût de l’impertinence en cachette, puis, une fois adulte, l’insolence assumée.

 – Vous avez consacré dix ans de votre vie à l’écriture de cet audacieux roman, sans vous soucier de savoir s’il serait publié ou pas… Comment sait-on, au bout de dix ans, que l’on doit s’arrêter, que le roman est prêt, que l’on peut y mettre un point final ?

Justement, on ne sait pas forcément à quel moment s’arrêter. J’aurais pu pondre 2000 pages de l’Embaumeur, puisque son écriture a été un plaisir immense. J’ai la chance d’être accompagnée par un agent que beaucoup d’auteurs rêveraient d’avoir : ancienne éditrice, directrice de collection, elle connaît parfaitement la mécanique d’écriture de l’auteur qui s’emballe. C’est elle qui m’a quasiment arraché le manuscrit des mains, me disant : « Maintenant ça suffit, il est formidable, tu me le donnes et tu n’y touches plus. » J’ai obéi parce que j’ai confiance en son regard depuis des années.

– Et maintenant, la parution… N’est-ce pas difficile de s’en détacher après ces années de fusion, et de l’offrir au jugement du public ?

Un peu difficile, oui…Mais les retours extrêmement enthousiastes me portent.

– Enfin, pour sortir du roman, j’aurais quelques questions sur votre travail d’écrivain… Je vous ai découverte avec ce roman, qui se passe au lendemain de la Révolution française. L’Histoire berce vos ouvrages, vous avez consacré notamment beaucoup de temps à Mozart à travers vos romans « Les confessions de Constance Mozart », mais aussi des documentaires. Pourriez-vous imaginer écrire un jour un roman contemporain, ou bien l’Histoire est-elle une condition sine qua non à votre créativité ?

La nuit, je note souvent des éléments. Ils sont parfois contemporains. Mais c’est plus fort que moi, j’essaie de transposer mentalement les histoires au 18e siècle. J’ai déjà écrit sous différents pseudonymes, et l’action se situait de nos jours, mais je ne m’y suis pas vraiment épanouie. Puisque je n’écris pas par devoir ni pour assouvir des pulsions expressives, mais uniquement parce que j’adooore ça (et aussi parce que j’écris mieux que je ne parle), je m’octroie le luxe de produire à mon rythme, et uniquement des textes que j’aurais aimé trouver en librairie. C’est étrange, d’ailleurs : d’un plaisir solitaire naît un ouvrage que je soumets ensuite au regard des Autres… L’Histoire est un sel dont je me passe difficilement, et tout m’y ramène malgré moi. Dans mes lectures, par exemple. Je suis souvent sur deux ouvrages en même temps. Actuellement, c’est Didier Decoin avec son merveilleux récit japonais « Le bureau des Jardins et des Etangs », et concomitamment Eve de Castro, « Joujou », le destin d’un nain de cour royale.

– Avez-vous des rituels d’écriture, un endroit précis pour créer par exemple, des horaires, ou d’autres fantaisies qui font le charme des écrivains ?

En période d’écriture, j’ai effectivement des habitudes, à la limite du trouble obsessionnel compulsif. Il me faut des litres de rooibos tiède, et un opéra pour m’ouvrir les sens. Généralement, lorsque je commence à reconnecter mes 5 petits neurones, un perroquet (Socrate) braille pour que je lui ouvre la porte ; le son de ma voix ou les bruits de ma « mise en route » le font bisquer. Je lui ouvre donc la porte, on se salue 2 minutes par les politesses d’usage et il s’envole jusque sur mon écran d’ordinateur. Il reste là, sans rien demander d’autre que me regarder des heures, faire sa toilette ou reluquer une touche du clavier qu’il aimerait démonter. De temps à autre, il demande « on fait un p’tit câlin » et je réfléchis en lui grattant la nuque. J’écris dans mon salon, où se trouve également un arbre entier, que nous avons fait rentrer pour les perroquets. Je peux me concentrer 7 à 11 heures sans relâche, quels que soient les bruits ambiants. Mes enfants peuvent regarder la tv à côté ou discuter, rien ne me fait perdre mes idées. Une fois que je n’ai plus rien à écrire, je m’arrête durant plusieurs mois, je ne bois plus de rooibos, et mon perroquet s’occupe à démembrer tout ce qui lui tombe sous le bec.

– Mais c’est incroyable! On a plutôt l’habitude de voir les écrivains entourés de chats – autant vous avouer que je suis très intriguée par vos perroquets… pouvez-vous me parler davantage d’eux ?

Alors là, méfiez-vous je suis intarissable ! C’est mon mari qui a commencé ; il est tombé amoureux d’un gros ara, une femelle, que nous avons gardée de nombreuses années ; elle est décédée l’année dernière, à l’âge de 37 ans. Elle était folle de lui et lui racontait des choses incroyables. Un jour, nous avons remarqué qu’elle s’ennuyait lorsque son « pépère » était absent. Nous avons donc adopté un petit modèle pour lui tenir compagnie. L’alchimie n’a pas pris et je me suis donc occupée de ce moustique, car les perroquets, lorsqu’ils dépriment, peuvent tomber malade, se déplumer ou changer de caractère. Bref, le petit Socrate est devenu mon pioupiou, faute de pouvoir se rapprocher de la grosse exclusive. Nous avons également l’habitude de récupérer de nombreux oiseaux blessés ou tombés des nids ; on m’en apporte à chaque printemps. Je suis devenue imbattable pour élever des corneilles, choucas et chouettes chevêches. Une fois adultes et acclimatés à la liberté (ce qui implique savoir trouver seul sa nourriture et se faire accepter dans un groupe de semblables), nous les relâchons progressivement. Beaucoup d’entre eux fondent un foyer aux alentours de la maison.

Les auteurs sont effectivement souvent un chat : j’en ai un. Il est assez copain avec Socrate, mais Gentil n’a qu’un œil et je vois bien cet œil oblique qui évalue régulièrement « le pour et le contre » lui sauter dessus.  Enfin, chacun vit sa vie sans heurts ni contraintes, pas de cage dans la maison, mais de nombreux juchoirs improvisés pour la sécurité des plumes. Le plus sûr des perchoirs est donc mon épaule, ou mon écran d’ordinateur, y compris pendant que je répondais à vos questions…

Comme je suis une incorrigible passionnée, je ne résiste pas à l’envie de vous montrer nos derniers rescapés ; une chouette que j’ai dû faire opérer d’une patte blessée, ainsi qu’un petit choucas nommé Gomez (à cause des cheveux noirs du mari de Morticia Addams) qui habite maintenant dans le clocher de l’église, avec sa bande. Comment ne pas être sensible à ces petites trombines ?!?

 

Une toute dernière question avant de vous libérer: quels sont vos projets d’écriture ?

J’ai commencé à écrire une suite de l’Embaumeur, mais je me suis arrêtée : période indéterminée. Et puis, je ne sais pas si je la livrerai à la lecture un jour. Par ailleurs, je prends des notes sur d’autres projets, mais rien n’est décidé.

Merci infiniment, chère Isabelle, pour la générosité de vos réponses et votre confiance.

Tous mes vœux de succès accompagnent la sortie de votre Victor… dont j’espère lire la suite même s’il nous faudra attendre dix ans!

 

Isabelle Duquesnoy et Socrate
Isabelle Duquesnoy et son perroquet Socrate

 

Pour les curieux (comme moi!), je vous invite à aller regarder de plus près le tableau de Martin Drölling évoqué par Isabelle Duquesnoy: c’est ici

 

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Titre: L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard

Auteur: Isabelle Duquesnoy

Editeur: Editions de la Martinière

Parution: en librairie depuis le 17 Août 2017

21 réflexions sur “Interview Rentrée Littéraire ISABELLE DUQUESNOY (L’Embaumeur ou l’odieuse confession de Victor Renard)

  1. Passionnante interview à tout point de vue !!! Je te remercie pour cette découverte. Le titre ne suscitait pas chez moi d’envie particulière de le lire mais là forcément ma curiosité est plus que piquée. Et bravo pour l’inspiration de ces questions si pertinentes ! You’re the best !! 😉 ♥♥♥

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  2. Ah! Quel entretien fabuleux et passionnant. Et des questions intéressantes (ce qui n’est pas toujours le cas ailleurs!).
    Un entretien qui apporte un autre éclairage sur ma lecture (tu sais que je suis plongée dans le roman?!)

    Qu’est-ce que du rooibos? Tu m’éclaires?

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    1. Merci pour ta visite Marie-Claude, j’attendais ton retour avec impatience, car je sais que tu es plongée dans le roman grâce à moi 😬 Comme tu le soulignes, l’entretien est fabuleux, par la richesse et la générosité des réponses de l’auteure. L’embaumeur, c’est donc un double coup de cœur pour moi :?d’abord une fascination complète pour le roman et maintenant une admiration totale pour la personnalité d’Isabelle Duquesnoy – qui m’a fait avec toutes ses réponses un cadeau inestimable.
      Et sinon le rooibos, c’est une sorte de thé
      Bonne journée Marie-Claude, j’espère qu’au Québec ce n’est pas déjà l’hiver!

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      1. Je me suis doutée que c’était du thé (je n’aime pas ça…)
        très belle interview et j’adore tes questions (le processus d’écriture me passionne) !

        Et tu as doublé ma curiosité (pour le livre, car l’auteur m’a séduit – je file relire ton billet – je regardais la série 6 Feet Under – ils étaient embaumeurs…) et pour le perroquet !
        Je me tâte pour en prendre un ou deux (mais des perruches) donc là en lisant, j’ai cru voir un signe du destin !

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      2. Merci !!! Ah oui 6 feet under c’est quelque chose !!!
        Comme tu as pu le lire d’en l’interview, l’auteure a vraiment creusé le sujet de l’embaumement et c’est vraiment très réaliste dans le roman…!
        Comme je le disais à Marie-Claude, si le livre m’a séduite, je le suis tout autant par son auteur et sa fantaisie ! J’ai tellement compris l’importance de ses perroquets: j’ai eu pendant longtemps une colombe très apprivoisée aussi câline et collante qu’un chat, aussi fidèle qu’un chien, bref, un animal très fusionnel !
        Renseigne-toi bien pour les perruches, mais je ne pense pas qu’elles puissent vivre seules… ton chat va les adorer 😈

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      3. tu veux dire qu’on mon chat va vouloir les manger ? je lui fais écouter et regarder des vidéos tous les soirs et elle s’en fiche … sinon, oui, on me conseille un couple et pas une perruche seule 🙂 tu es la première personne à qui j’en parle ! L’auteur est passionnante c’est vrai ! Il me faut ce livre 😉 mon achat au forum FNAC !

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  3. Un mot pour les perruches. Si vous en adoptez deux, elles seront complices et donc fusionnelles. Si vous n’en adoptez qu’une, elle sera plus proche de vous, mais cela implique aussi qu’elle sera exigeante de votre compagnie. Il faut pouvoir lui donner plusieurs heures par jour sur votre épaule… Jouer avec elle, lui apprendre des petits tours. C’est merveilleusement… chronophage !
    Bonne lecture à vous toutes.
    Chaleureusement.
    Isabelle Duquesnoy.
    Ps :oui, la mumie convoitée par Geoffrey de Peyrac est bien ce jus de cœur. Triste page de notre histoire, que les musées se gardent bien de nous indiquer.

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    1. Merci pour votre réponse ! Je me renseigne, et j’ai lu cela quelque part – on disait même de les prendre séparément pour avoir le temps de les apprivoiser – je réfléchis encore ! Mais c’est très tentant 😉

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      1. Oui, c’est une option bien raisonnée : en adopter d’abord un (jeune), l’apprivoiser et, une fois qu’il est bien collé à vous 😀 , lui prendre un(e) partenaire pour qu’il vous lâche un peu.

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    1. C’est le problème d’une rentrée littéraire avec autant de Livres « stars » qui en écrasent beaucoup d’autres ! L’auteur était sur France Inter jeudi 14 dans l’émission de Laurent Goumarre. N’hésite pas à l’écouter en podcast, un vrai bon moment de partage et de rire!

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  4. Entretien tout à fait intéressant… et surprenant avec cette passion des oiseaux que l’on découvre sur la fin !
    Comme je le disais précédemment en commentaire de ton billet sur le roman, je ne suis pas sûre que les descriptions trop précises soient pour moi (déjà dans le roman d’Absire que je mentionne dans ledit commentaire, j’avais ressenti un certain malaise)… Pourtant, le sujet m’intéresse, par la période historique dans laquelle il s’inscrit et par ce qu’il évoque de la peinture et que, bien sûr, j’ignorais totalement (je remarque d’ailleurs que le Louvre ne fait absolument pas mention de cette couleur très particulière ajoutée au tableau 😉 )

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