La peur du vide

Je suppose que vous avez aussi fait l’expérience un jour: démarrer plein d’envie un livre dont tout le monde parle depuis qu’il est paru dans une rentrée littéraire en fanfare. Les retours sont dithyrambiques. Et l’éditeur a soigné sa parution, avec une couverture très attirante, qu’on ne peut louper sur aucune table de libraire.

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Il m’attendait depuis sa sortie: c’est le premier de la rentrée que j’ai acheté, avec La salle de bal d’Anna Hope, également chez Gallimard. Sagement, dans la pile à lire, il attendait que son tour arrive, tandis que j’attendais moi le moment adéquat – un livre correspond (presque) toujours à une envie spécifique de lecture. Alors je me suis installée, en mode cocooning sous la couette dans mon-lit-mon-royaume (best place ever to read), salivant presque. J’ai tourné les pages pendant une petite heure, et là… le vide absolu, le rien, le néant. J’ai considéré les quelques 700 pages du roman – ce qui passe à mes yeux de lectrice avide souvent inaperçu a soudain pesé un poids incommensurable entre mes mains.

Alors j’ai interrogé autour de moi, et quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre, mis à part quelques fans de première heure, que nombre de lecteurs avaient fait une lecture en diagonale du roman, voire passé de nombreuses pages, pour arriver au coeur-même du roman. Si ma décision d’abandonner cette lecture stérile a été rapidement prise, j’ai été confortée par quelques lecteurs / lectrices (exclusivement des lectrices, même) qui l’avaient également abandonné en cours…

Mais après?

Après généralement, on rebondit. On prend le contrepied de la lecture mal passée en allant vers un genre radicalement opposé, et ça passe.

Sauf qu’aujourd’hui, j’ai eu la peur du vide.

Et c’est sérieux!!! J’ai considéré tous ces livres cumulés depuis l’été (entre les achats et les services de presse) et j’ai réellement pris peur: si le plaisir de lecture, qui me vient si facilement d’habitude, avait disparu? Comment gérer une nouvelle déception littéraire? Toujours est-il qu’en considérant cette pile à lire, j’ai peur de sauter. Faut-il aller vers un choix raisonnable, aller vers le roman que untel n’a au final pas aimé, lire celui-ci qui s’apparente à un essai et sera enrichissant d’un point de vue culturel, mais on le sait d’ores et déjà, pas un coup de coeur? Dois-je pour me consoler me jeter à corps perdu dans un de ces romans américains qui je le sais ne me décevra pas, ou changer d’époque en ouvrant un roman historique?

A l’heure qu’il est, je n’ai toujours pas fait mon choix…

 

 

5 réflexions sur “La peur du vide

  1. Nathan Hill. Depuis le départ, quelque chose me retient. Des avis trop mitigés? Pourtant, les premières pages lues sur le site Gallimard m’avaient bien scotchée. Je comprends ta déception et je vais m’abstenir! Merci pour l’économie.
    Maintenant, j’en viens au coeur du sujet: la peur du vide.
    Je te rassure, ça passera vite. Il ne suffit que d’un bon pour te remettre en selle. J’avoue que c’est hyper paniquant d’enchaîner 3-4 romans décevants sur lesquels tu fondais bien des espoirs. C’est déprimant comme c’est pas possible. Il faut soit une valeur sûre après, ou changer de cap avec une bd ou un bon roman jeunesse. Même avec les polars, ça peut être risqué… Bref, avant tout, il faut accuser le coup et prendre une grande respiration. Bon courage et dis-toi que tu n’es pas seule!

    Je suis tout de même curieuse: qu’est-ce qui n’a pas cliqué avec le Nathan Hill? Une lecture stérile? Comment?

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    1. Écoute, cette panique n’a fort heureusement été que passagère. J’ai commencé le Chalandon, et immédiatement je suis entrée dans l’histoire, dans l’écriture, dans l’émotion. Tout ce que je n’ai pas eu avec le Nathan Hill – qui m’a perdue à la première partie de jeu en ligne elfes / dragon sur une bonne dizaine de pages. Héros antipathique, looser. Et ce style… que j’ai trouvé insipide. C’est un roman qui ne me correspond pas, tout simplement…

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