Le club des pendus

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Il faut toujours lire un polar de temps en temps. C’est comme une bonne bouffée d’oxygène, surtout en période de rentrée littéraire où on enchaîne les romans avec une avidité qui dépasse souvent l’entendement. Dans le polar, les exigences littéraires sont mises de côté, pourvu que l’intrigue soit bonne!

Avec Le Club des pendus, j’ai été servie! Aspirée par le rythme de l’histoire, si ma disponibilité s’y était prêtée je l’aurais lu en une seule journée.

Max Wolf est policier (DC) à la MET de Londres et officie à la célèbre adresse du 27 Savile Row. En ces premiers jours d’été, la canicule s’est abattue sur la capitale anglaise, alors qu’un drôle de gang commence à terroriser la ville en procédant à des exécutions qu’ils diffusent en direct sur les réseaux sociaux.

Savez-vous pourquoi vous vous retrouvez sur ce lieu d’execution?

Dans un lieu inconnu, qui semblent dater d’un autre temps, le gang décide de la mort de ses victimes. Et les exécutent après un semblant de procès, tout en les filmant.

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Quel est le point entre les trois hommes qui seront retrouvés morts à proximité de Marble Arch, là où se tenait la potence d’exécution qui a terrifié le peuple londonien pendant des centaines d’années?

Tels Albert Pierrepoint, bourreau le plus célèbre du Royaume-Uni jusqu’au milieu du 20ème siècle, ils se sont déclarés les maîtres du châtiment ultime, celui que les tribunaux n’ont plus le droit d’appliquer depuis l’abolition de la peine de mort. Ils ont décidé de venger des victimes qui ne l’ont pas assez été. Mais qui se cache derrière ces quatre personnages, et quel est ce lieu mystérieux où ils pratiquent ces pendaisons d’un autre âge?

La MET va mobiliser tous les moyens pour résoudre cette affaire terrible qui a envahi les réseaux sociaux, et le DC Max Wolf va bientôt se retrouver à la tête de l’enquête que sa supérieure, la DCI Whitestone ne peut plus mener: tombé sous les coups d’un gang de quartier, son fils adolescent vient de subir de graves blessures qui mettent sa vie en danger. Aidé d’un psychologue, d’un historien et d’une mystérieuse analyste de voix sourde mais pas muette, Wolf va se battre pour trouver la clé de l’histoire et remonter au lieu d’exécution, en plein coeur de Londres, que personne ne sait localiser. Et comme c’est souvent le cas, tout est sous nos yeux, encore faut-il savoir les ouvrir…

Le club des pendus est un polar grand public, mais qui se lit avec plaisir, car Tony Parsons sait ménager le suspense. En gentil héros, Max Wolf est un flic avec des idéaux dépassés par une justice qui ne condamne pas toujours à la hauteur du crime commis, un homme et un père qui plus que tout autre est exposé aux pires crimes. Où se situe alors son rôle de flic? Car c’est ce que l’histoire va lui reprocher: être du côté des assassins (jamais condamnés à la hauteur de leur crime) et non du côté des victimes, qui ne seront jamais vengées à la juste peine.

Habilement, le roman interroge sur le bien et le mal, sur l’éventuelle légitimité du crime. Et de ce point de vue, c’est très efficace.

Il met également en avant une réflexion sur la place prépondérante qu’ont pris les réseaux sociaux, vecteurs de tous les possibles, immaîtrisables, et ici à double niveau. Ce ne sont pas que les bourreaux de ce club des pendus qui les utilisent, on les retrouve également dans la violence ordinaire, comme lorsque le jeune fils de Whitestone se fait attaquer:

Pat Whitestone s’installa à son poste de travail de la PIR-1 et, en quelques secondes, lança une vidéo terrifiante de dix-neuf secondes.

(…)

– Mon fils, dit Whitestone

– Sur Internet? Pourquoi cette vidéo est sur Internet?

– Parce que cinquante personnes ont sorti leur téléphone et l’ont filmé, Max. Personne ne l’a aidé. Ils ont tous filmé

Lorsque j’ai assisté en ce début de semaine à une bagarre de lycéens à la sortie des cours, c’est exactement ce à quoi j’ai assisté. Un gamin par terre, les autres contre lui le rouant de coups, et ceux qui filmaient. Où allait-elle finir, cette vidéo?

Mes seuls reproches iraient aux acronymes dont l’auteur use et abuse dans le roman (DCI, DC, MIT, MIR-1, TDC, PCeU, CSI et j’en passe) – certes ils sont traduits en bas de page, mais on a toujours le sentiment que si on ne les retient pas, on ne comprendra plus rien à l’histoire si on les y retrouve, et j’ai horreur de cette sorte de pression. Par ailleurs, la temporalité m’a parue assez mal traduite par l’auteur. Si l’enquête se déroule sur plusieurs semaines, l’auteur n’a pas su l’accentuer dans le déroulé de l’enquête, nous laissant parfois penser qu’elle se déroule sur quelques jours (ou peut-être est-ce moi qui étais trop pressée de lire le roman?).

Max Wolfe est devenu le personnage récurrent de Tony Parsons: après Des garçons bien élevés et Des anges sans visage, Le club des pendus est le troisième roman dans lequel il apparaît. C’est un personnage attachant, avec ses failles, ses échecs personnels (orphelin depuis l’enfance, abandonné par sa femme, il élève sa petite fille seule). Et je ne serai pas contre le découvrir dans ses précédentes enquêtes!

Titre: Le club des pendus (The hanging club)

Auteur: Tony Parsons

Editeur: Editions de la Martinière

Parution: Octobre 2017

10 réflexions sur “Le club des pendus

    1. Je l’ai reçu en SP, et je n’ai même pas réfléchi au fait qu’il y en avait deux avant. Le sujet me tentait (ma part sombre :)) Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que je démarre une série par le 2ème, le 3ème ou le 4ème!! Je me rattrape après. Par contre tu as vu que pour Stoney j’ai bien démarré par le premier 🙂

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      1. Bien! Marie avait commencé par le deuxième pour Kent Haruf 😂 bon on peut aussi lire pas mal de séries ainsi. Je vais essayer de trouver le premier pour faire connaissance avec le héros.

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