Porto est une ville magnifique. J’y ai découvert un charme authentique et une photogénie extraordinaire.

Pourtant je ne l’avais pas du tout préparé ce voyage, au mieux je savais qu’il y avait un endroit que je voulais vraiment voir, la LIVRARIA LELLO.

Naïvement, nous sommes arrivés sur place, un lundi matin, tranquillement. Il y avait déjà foule sur le trottoir, à faire la queue. Signal d’alarme dans ma tête… fallait-il prendre nos jambes à notre cou et fuir? Mais déjà je réalisais que cette file n’était pas la bonne, car il fallait faire une première queue pour l’honneur de se placer dans celle-ci… et qu’il fallait aller acheter son billet d’entrée plus loin. Je crois que je n’ai pas trop réfléchi, tellement je voulais pouvoir entrer dans ce lieu qui, dit-on, aurait inspiré J. K. Rowling pour son Harry Potter. D’où vraisemblablement ce public nombreux, venu en pèlerinage.

Au bout d’une bonne vingtaine de minutes, j’ai tendu mes euros à la caissière. En déglutissant. J’avoue que payer pour le droit d’entrer dans une librairie, ça m’embarrasse beaucoup. D’autant plus qu’il s’agit de 5 (CINQ) Euros par personne, sous forme de voucher qu’on déduira du livre que vous y achèterez (mais sachez toutefois que les vouchers ne sont pas cumulables…), certes…. Je me sens déjà un peu en colère de ce qui sent très fort le business éhonté (je ne vous parle même pas des marque pages, cartes postales et autres bougies qui sont aux caisses…).

Heureusement, ma garde rapprochée postée dans la première queue avait avancé et nous sommes entrés rapidement dans la librairie. Comme dans un lieu saint. Oui, tout ce bois magnifique partout, et cet escalier monumental face à nous, ça en impose et je crois même me souvenir d’une odeur de cire… mais il est fort possible que ce soit la mémoire qui sublime ou invente les réminiscences !

Il y a quelques temps encore, les photos étaient interdites. Comme dans un musée.

Et là, je me sentais perdue parmi tout ces touristes en train de faire leur selfies dans l’escalier (bien heureusement les perches à selfies sont interdites!). Un peu comme à Montmartre, ou à la Tour Eiffel. Mais quel escalier tout de même! J’avoue, on s’attend à voir Harry Potter sortir d’une porte cachée, et c’est magique.

 

Le choix de livres est large et la librairie propose des rayons de littérature étrangère… garnie des poètes locaux, avec en tête de gondole Pessoa dans presque toutes les langues.

Au fond du rez-de-chaussée, une vitrine avec une exposition de livres illustrés par Miro et surtout, derrière encore, une porte vitrée – la pièce des livres anciens. Indifférent à ce qui se passe dans la librairie, un homme derrière cette porte est assis à un bureau, souriant derrière des piles de livres. Le plus heureux des hommes?

 

La librairie Lello en quelques faits:

– C’est José Lello, amateur de lecture, qui a ouvert la société José Pinto De Sousa Lello & Irmao en 1894 avec son frère Antonio. Ils feront construire ensuite l’édifice néo-gothique de l’actuelle librairie

– Francisco Xavier Esteves en est l’ingénieur – c’était également un grand amateur de littérature

– Les frères Lello figurent sur des bas-reliefs à l’intérieur de la librairie, tandis que des bustes des plus grands écrivains portugais accueillent les clients.

– L’escalier rouge est spectaculaire (et il est rare de pouvoir s’y tenir tranquillement quelques minutes!)

– Au premier étage, un vitrail constitue le plafond, avec en son centre la devise des frères Lello « Decus in Labore » (La dignité dans le travail)

 

Vous vous demanderez peut-être quels livres j’ai ramenés de cette visite?

Aucun. D’une part je n’ai pas trouvé le choix suffisamment intéressant, et surtout, ma part de rébellion a refait surface: je n’avais plus aucune envie de cautionner ce business model de l’auto-proclamée (?) « plus belle librairie du monde ».

 

 

Me manquent quelques détails, notamment le nombre de visiteurs chaque jour et le chiffre d’affaires que cela génère…

(toutes les photos illustrant ce post sont personnelles)