Bookstagram: cash ou pas cash?

IMG_0148.jpg

Récemment, @lollilolette lançait sur Instagram un débat très intéressant au sujet des livres qui passent par vagues sur beaucoup de comptes. Il était nécessaire d’ouvrir cette discussion, et je l’en remercie.

Aujourd’hui je m’interroge sur un autre phénomène: la rémunération des bookstagrameurs.

Vous, qui suivez avec attention nos chroniques,  les liriez-vous du même oeil critique si nous étions rémunérés pour les faire – mieux, si nous réclamions une rémunération en échange de bons mots?

Notre petite communauté, animée par une bienveillance très enviable, a développé une formidable énergie autour de notre passion commune. Oui, nous sommes de grands amoureux des livres, du contenant, du contenu. Une couverture nous fait saliver comme un Paris-Brest en met d’autres en appétit. Un livre est une promesse de quelques heures ou quelques jours de bonheur, et souvent, le moment de relâche indispensable dans nos vies professionnelles et familiales bien chargées. En ce qui me concerne, lire, écrire, partager sur mon fil est devenu un véritable sas de décompression, qui m’a permis de pallier les vicissitudes d’une vie bien chargée – et m’a fait prendre la distance nécessaire dans des moments difficiles de ma vie professionnelle. 

Evidemment, lire et rédiger des chroniques à notre rythme dense ressemble parfois à un job à part entière. Récemment je me suis même senti la nécessité de rappeler (ou justifier?)  à une personne qui me reprochait de ne pas lire son livre que je reste maîtresse de mes choix de lecture et que mon activité sur Instagram est un loisir – et non une prestation professionnelle rémunérée. Sérieusement! 

Malheureusement, ces derniers jours, je m’inquiète. 

Car ce LOISIR semble être en passe de se professionnaliser discrètement.

Ce que nous faisons dans le cadre de notre activité de bookstagrameurs est en train de s’institutionnaliser, parce que des « influenceurs » de notre hashtag osent exiger une rémunération en contrepartie de leurs services.

Peut-on demander une rémunération contre une chronique parfois aussi creuse que du bois mort, ou la participation passive à un évènement juste pour en parler sur son compte, sans jeter le discrédit sur le travail que tous les autres font chaque jour avec leur coeur et avec leurs tripes?

Est-ce qu’avoir 20, 30 ou 40 000 followers (le plus souvent achetés, il faut le savoir) fait de vous un influenceur qui peut oser demander à être payé sans avoir à rougir de sa requête?

Je ne veux pas être pessimiste ni paraître frustrée – n’étant pas une compétitrice par nature, les petits soucis d’ego ne me touchent pas beaucoup. J’ai juste honte de cette pratique qui décrédibilise notre passion, et écorne l’image de notre petite communauté. Je n’ai pas l’intention de monétiser mes chroniques sur mon blog ou Instagram, j’estime que recevoir des propositions de lecture, des invitations à des évènements littéraires est une récompense suffisamment grande. Mais peut-être suis-je trop naïve ou pas assez ambitieuse?

12 réflexions sur “Bookstagram: cash ou pas cash?

  1. Aîe, aîe… ça fait mal de lire ça.
    De lire que des personnes veulent être rémunérées. Pour moi, celles qui doivent l’être sont les journalistes qui écrivent des articles, pour qui c’est le boulot, qui ont étudié pour. Nous, nous sommes des passionné.e.s et je me vois mal demander de l’argent pour mes billets.

    Comme tu le dis, recevoir des livres, gratuitement, et être invité à des événements sont déjà deux grands privilèges ( qu’il faut consommer avec modération).

    Merci pour ce billet Sonia 🙂

    J’aime

  2. Très vaste débat. Dans certains domaines tels que la mode, la déco ou la beauté, le fait de se faire rémunérer n’est même plus une question dès qu’on se sent un tant soit peu « influents ». De mon côté je suis comme toi, mal à l’aise avec cette pratique, qui ôte toute spontanéité, voire crédibilité aux retours et aux avis.
    Je suis déjà ravie de recevoir des livres, d’échanger avec des auteurs ou des personnes du monde de l’édition et avec d’autres blogueurs qui partagent ma passion. Mais la question mérite de se poser, c’est vrai.

    Aimé par 1 personne

  3. Je dois être encore plus naïve que toi car je ne pensais pas que ça se faisait.
    Tout comme mespagesversicolores, pour moi, ce sont les journalistes qui peuvent avoir une rémunération. Pour nous, cela a beau être une passion, ça reste un loisir – qu’importe que l’on veuille vivre de sa passion, ça ne se fait pas n’importe comment.
    Recevoir un livre de temps en temps, c’est déjà super bien je trouve ! Ca permet de dépenser un peu moins pour sa passion tout en en profitant, ce n’est pas rien.

    Aimé par 1 personne

    1. En fait, je ne suis pas certaine que ce soit le fait de véritables passionnés des livres. Ils auraient des scrupules. Par contre, ce sont des personnes qui exploitent le terme d’influenceur sur un segment, la culture, qui n’es pas adapté à cela. Qu’on soit rétribué pour parler de boucles d’oreilles, de maquillage, de déco, c’est passé dans les moeurs et certaines personnes ne vivent que de cela maintenant. Mais essayer d’exploiter cela sur la littérature, c’est une démarche intellectuelle que je n’assimile pas…

      Aimé par 2 personnes

      1. Honnêtement, qu’importe le domaine, ça me paraît tellement fou, mais c’est vrai que pour le milieu de la beauté, c’est passé dans les mœurs. C’est quand même dingue tout ça, tout n’est plus que question d’argent… J’ai beaucoup de mal avec ça et, comme toi, je n’assimile pas.

        Aimé par 1 personne

  4. Je découvre ton blog par ce très bon article! Je suis d’accord avec toi, je suis aussi peut être naïve mais dès lors que le livre a été offert déjà, j’ai plus de mal à accorder du crédit à l’avis…

    Aimé par 1 personne

    1. Je ne crois pas que le fait que le livre soit offert influe sur l’avis que l’on donne. En tous les cas cela ne devrait pas. Sinon cela veut aussi dire qu’aucun critique littéraire ne donne d’avis objectif dans la mesure où je ne pense pas que Bernard Pivot, François Busnel, Olivier Barrot, Josyane Savigneau, Fabrice Gaignault ou les journalistes des différents journaux et magazines achètent les livres qu’ils chroniquent 😉 et leurs chroniques étaient ou sont encore très pertinentes. Mais je fais peut-être aussi preuve de naïveté 😀

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire