En attendant le jour

 

 

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Avez-vous déjà ouvert un livre de Michael Connelly? Moi pas.

Pourtant, je ne déteste pas les polars, je les aime, même, quand ils sont écrits par des femmes comme Elizabeth George ou Donna Leon.

Dans son nouveau roman, l’auteur américain a donné le rôle principal à une nouvelle héroïne, l’inspectrice René Ballard. Une motivation certaine pour entrer dans ce roman, car dans les polars, j’apprécie beaucoup les personnages féminins.

Je vais l’avouer, j’ai mis un peu de temps à entrer dans l’histoire. Forcément, il faut que tout s’installe et j’ai eu un peu de mal à gérer toutes ces différentes unités de police, les équipes de nuit qui refilent le bébé aux autres équipes le petit matin arrivant au LAPD, les caïds de l’Homocide Special, la FSD, et j’en passe. Sans compter le jargon technique dans lequel j’ai failli m’étouffer, alors que Renée Ballard et son coéquipier Jenkins avaient déjà deux affaires sur le dos!!

Evidemment, Renée Ballard est une rebelle, aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie privée, alors on devine rapidement que ses aventures vont très mal tourner… et dans ces cas-là, j’ai peur de ne pas être assez courageuse pour lire la suite. Mais je me suis accrochée et au fil des pages, et je me suis attachée à la jeune inspectrice.

L’intrigue policière est rondement menée par Michael Connelly. D’un côté, un prostitué transgenre tabassé et mutilé par un client. De l’autre une fusillade dans un club de nuit, avec six morts à la clé. 

Sur les deux affaires, Renée Ballard ne lâche pas le morceau.

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Reléguée au quart de nuit deux ans plus tôt après avoir osé défier sa hiérarchie et perdu le soutien de son co-équipier qui n’a pas voulu s’impliquer dans les accusations pour protéger sa carrière, elle fait de ces deux affaires des cas personnels et s’entête à enquêter dans son coin, avec une conscience aiguë des limites qu’elle franchit mais une mesure moins bien contrôlée des dangers qu’elle encourt.

Dans ce monde très codifié, hiérarchisé, machiste, on se prend de sympathie pour Renée, femme faite de forces et de faiblesses qui la rendent attachante. On s’inquiète de sa solitude et de son mode de vie nomade, mais on l’envie de sa liberté et de ces heures où, sur sa planche de paddle, elle oublie les affres de la nuit.

Si elle paraît assez masculine dans sa façon d’être (on ne s’improvise pas femme et l’auteur n’a peut-être pas trop souhaité s’engager sur les chemins de la psychologie féminine) le personnage « fonctionne ». 

Avec plus de trente romans, l’auteur connaît son affaire et nous livre une enquête très efficace avec ce qu’il faut de rigueur, de rebondissements et de politiquement correct aussi – en évoquant le harcèlement sexuel au travail, il met en avant un fait de société qui n’est plus aussi tabou depuis le mouvement #metoo. De la même façon, les conditions de travail et le respect des règles, notamment sur les heures supplémentaires, la protection de la vie privée, reviennent souvent dans le roman, comme un acte de militantisme.  Il est dans la maîtrise parfaite, même si quelques clichés prêtent à sourire – à l’instar de « la baise après le service (qui) n’était jamais géniale ». 

Et puis je dois avouer que j’ai particulièrement apprécié la balade dans Los Angeles au cours des 418 pages du roman, retrouvant des endroits incontournables (Venice Beach, Mulholand Drive) mais aussi à ma plus grande surprise la géniale libraire de Downtown LA, The Last Bookstore, où il situe une des scènes du roman (patience, c’est à une centaine de pages de la fin!):

Elle y entra prudemment et tomba effectivement sur une gigantesque librairie installée dans un espace qui semblait avoir jadis servi d’entrée somptueuse à une banque. Il y avait là des rangées et des rangées de rayonnages entre des colonnes de style corinthien montant sur deux étages jusqu’à un plafond à caissons ornés. Sur un mur était accrochée une sculpture de livres en forme de vague. Devant de petites boutiques de disques d’occasion, des balcons permettaient de découvrir un rez-de-chaussée noir de monde. Ballard ignorant tout de l’existence de cet endroit, le découvrir lui procura une excitation qui lui fit presque oublier sa proie (…)

La suite est à découvrir dans le roman, et pour une petite balade virtuelle de la librairie, c’est ici!

Titre: En attendant le jour (The Late Show)

Auteur: Michael Connelly

Editeur: Calmann-Lévy

Parution: Avril 2019

8 réflexions sur “En attendant le jour

  1. Je n’ai pas lu celui-ci, mais j’ai lu beaucoup de polars avec son héros masculin, Jérôme Bosch, et j’ai l’impression de connaître un peu la vie à Los Angeles, alors que je n’y ai jamais mis les pieds, grâce à la façon de Connelly d’ancrer ses histoires dans la ville et ses microcosmes. LamartineOrzo sur IG

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    1. Complètement d’accord avec toi sur les différents services de la police, et pour le reste aussi d’ailleurs. Effectivement, il n’y a pas d’originalité mais j’ai trouvé malgré tout que c’était récréatif – la vocation d’un polar dans mes lectures 🙂

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