Pays provisoire

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Un titre qui évoque l’exil, la précarité de la vie, la douleur des guerres.

Nous sommes en 1917, Amélie Servoz est une jeune française qui vit à Saint-Petersbourg, capitale de l’Empire russe, ville du Tsar, de la culture, du raffinement, où elle est arrivée en 1910 pour reprendre la boutique de mode d’une cousine expatriée.

Jeune femme résolument moderne, indépendante et émancipée, ces années en Russie lui permettent de développer ses talents de modiste. Eloignée de la guerre qui sévit depuis plusieurs années en France, sa vie comme celle de centaines de milliers de petersbourgeois bascule en février 1917, lorsqu’éclate la Révolution russe. Face à la terreur de plus en plus intense que font régner les Bolcheviks, Amélie décide de quitter son pays d’adoption pour regagner Paris. Accompagnée d’une autre expatriée française, Amélie est loin d’imaginer le parcours que sera son retour en France, alors que toutes les voies de communication dans cette Europe en guerre sont coupées. De son départ en train pour la Finlande puis vers la Suède, pour pouvoir enfin prendre un premier bateau à destination de l’Angleterre, nous suivrons le parcours d’Amélie, qui fut celui de nombreux candidats à l’exil, pour regagner Paris.

Ce premier roman de Fanny Tonnelier évoque la première guerre mondiale sous un prisme méconnu, celui de la Russie des Tsars et de la magnificence de Saint-Petersbourg. C’est en fouillant dans les archives de l’ancienne capitale russe que Fanny Tonnelier a découvert l’existence de toutes ces jeunes françaises qui vivaient à Saint-Petersbourg, pour la plupart employée en tant qu’institutrices par de riches familles de la grande bourgeoisie ou de l’aristocratie. On saisit à travers ce récit toute la beauté de la ville, son importance politique et intellectuelle et la fascination qu’elle pouvait exercer sur l’Europe toute entière. Ceci est accentué par le métier de modiste d’Amélie, dont l’auteure fait une description fouillée, technique et passionnante. On se prend à rêver à ces sublimes silhouettes aux têtes chapeautées de capelines drapées, qui n’ont pas été sans m’évoquer la série de Nina Campanez, Les dames de la côte.

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