
Willy Vlautin, je l’aime pour son style sans prétention et pour ses personnages sombres qui naissent toujours du mauvais côté: des existences à peine entamées et déjà promises à une vie en marge.
Je les aime, ses héros cabossés, même si l’effroi me saisit toujours à un moment de ma lecture, quand ça bascule pour eux et que ça devient vraiment compliqué – alors qu’on pensait qu’ils avaient déjà atteint le degré ultime d’emmerdements que la vie pouvait leur donner.
Horace Hopper ne faillit pas à la tradition des amochés de la vie de Willy Vlautin: indien par son père, blanc par sa mère, il a été élevé un temps par une grand-mère maternelle un peu portée sur la boisson. Avec son physique, qui dans son Nevada natal le fait souvent passer pour un mexicain, Horace n’a pas eu une adolescence facile, et il a dû apprendre à se battre pour rendre les coups qu’il encaissait.
Pourtant, Horace a une bonne étoile qui brille au-dessus de sa tête: la famille Reed. Le vieux couple le recueille dans son ranch alors qu’il est encore adolescent. Consciencieux, sérieux, attentif, travailleur, il gagne très vite le coeur des Reed ainsi qu’une place au sein de leur famille. Mais Horace a des rêves plus grands que le ranch et ses 200 moutons: il veut quitter Tonopah, au nord de Las Vegas, pour devenir champion de boxe. Alors il rejoint Tucson, dans l’Arizona, pas loin de la frontière mexicaine – parce que c’est là-bas qu’il veut combattre, en se faisant passer pour le mexicain qu’on croit qu’il est depuis toujours. Il s’appellera Hector Hidalgo – un nom brodé en lettres d’or sur son short de combat en satin rouge.
Horace est courageux, Horace en veut, Horace est un battant – alors la solitude de la grande ville, l’indifférence des gens, il est prêt à les encaisser. Comme il sait encaisser les coups sur un ring. Et si Ruiz, son entraîneur, est un type véreux, il s’en accommodera, il n’a pas le choix, il veut devenir un champion.
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