Après les pavés qui se succèdent, quelle joie d’ouvrir un livre au texte court, un livre petit format, 126 pages, de la rigolade! Sauf que lorsqu’on le referme, elles pèsent bien lourd, les 126 pages de ce texte qui laisse exsangue.
Laurent revient au village de son enfance, après une longue absence. A Saint-Fourneau, près des montagnes, vivent encore dans le hameau sa mère, son oncle Roland et sa cousine Lucile. C’est d’ailleurs pour le mariage de cette dernière qu’il a fait ce déplacement qui lui coûte, accompagné de sa compagne enceinte, Constance – qu’il appelle Claire lorsqu’ils sont seuls. Dans une atmosphère qui très vite apparaît opprimante, renforcée par la chaleur écrasante de l’été, le narrateur nous fait parvenir un malaise diffus, en suspens, une histoire familiale compliquée qu’il a fuie, comme il a l’air de fuir le reste.
J’avais été, jusque là, un homme sans histoire. Peut-être parce que j’étais né dans un village isolé, au milieu de rien. Car c’était ça, Saint-Fourneau, un trou perdu. Y revenir m’a toujours paru compliqué. Il faut dire que ma mère, elle, y vivait encore
Une mère, qui, lorsqu’il était enfant, lui a fait boire (intentionnellement ou non, qui sait) de l’eau de Javel. Une mère, qui, à la mort suspecte de son mari, est allée vivre auprès de Roland, le frère de son défunt mari, veuf également. Une mère dont les premiers mots adressés au fils après sa longue absence contiennent toute la distance entre eux: « Tiens, un revenant, dit-elle »