Le 7 janvier 2015 vers 10H30, il n’y avait pas grand monde en France pour être Charlie. L’époque avait changé et nous n’y pouvions rien. Le journal n’avait plus d’importance que pour quelques fidèles, pour les islamistes et pour toutes sortes d’ennemis plus ou moins civilisés, allant des gamins de banlieue qui ne lisaient pas aux amis perpétuels des damnés de la terre, qui le qualifiaient volontiers de raciste
Le 7 janvier 2015, Philippe Lançon enfourche son vélo. Libé? Charlie? Il décide finalement de passer à Charlie. Je ne m’attarderai pas sur l’attentat, dont le journaliste reconstruit tant que possible, dans des lignes à la lecture éprouvante, le déroulement et la prise de conscience de la scène effroyable au milieu de laquelle il reprend conscience. Mais pensons plutôt à l’après:
comment passe-t-on de survivant à vivant?
Toute la question est là, l’essentiel est dans ces mots.
Philippe Lançon a choisi d’écrire, raconter, retracer l’avant, le pendant, l’après.
J’écris pour me souvenir de cela aussi, de tout ce que j’ai failli oublier, de tout ce que j’ai perdu, en sachant que je l’ai tout de même oublié ou perdu.
Mais comment raconter, du point de vue du lecteur, ce livre au souffle incroyable?
Non, ce livre ne se raconte pas, il se lit.