L’inconnue au portrait

livre "L'inconnue au portrait" de Camille de Peretti

Certaines oeuvres d’art resteront mystérieuses à jamais- leurs créateurs, disparus, ont emporté leurs secrets avec eux, biens scellés au fond de leur tombeau. 

Prenez par exemple « Les époux Arnolfini », de Van Eyck. Ou « La jeune fille à la perle », de Vermeer. Depuis des siècles, les spéculations des uns et des autres n’ont pas permis de dévoiler l’identité des modèles – mais elles auront donné lieu à des livres formidables*!

Car là où il y a du mystère, il y a une infinité d’histoires à inventer !

Rendons donc grâce à Camille de Peretti, qui a jeté son dévolu sur un tableau du maître de la Sécession viennoise, Gustav Klimt: « Portrait d’une dame ». Portrait doublement mystérieux, car non seulement son jeune modèle est resté inconnu, mais il s’agit également d’un repeint: un an après avoir été achetée par un inconnu, l’œuvre originale a été remaniée par Klimt, de façon totalement inexpliquée. Et pour finir, le tableau volé dans un musée italien en 1997 y est mystérieusement réapparu en 2019.

Dans une histoire remarquablement ficelée, à travers la destinée des descendants de Martha, le modèle du tableau, Camille de Peretti va nous raconter l’histoire de cette « Inconnue du portrait » – une grande fresque historique qui va couvrir plus d’un siècle, nous emmener de Vienne à l’Italie en passant par New York et le Texas. 

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La Louisiane

couverture du livre La Louisiane de Julia Malye

Décidément, il s’en est passé des choses, à la Salpêtrière! 

Avec Victoria Mas, on découvrait il y a quelques années l’existence de ce « bal des folles », où des « résidentes » du célèbre hôpital étaient exhibées et moquées devant le Tout-Paris au XIXe siècle.

Julia Malye, elle, nous fait découvrir tout un pan d’histoire non moins reluisante: la déportation de femmes vers la Louisiane, au XVIIIe siècle, où elles épouseront des colons français.

Elles sont déjà nombreuses à avoir été choisies par la Supérieure, pour un premier voyage l’année précédente à bord de La Mutine. 

Pour ce voyage de 1720 à bord de La Baleine, Marguerite Pancatelin a fait son choix parmi les pensionnaires de l’orphelinat, de la Maison de Correction, ou de la prison de la Grande Force: quatre-vingt dix femmes, des futures mères, souvent très jeunes, embarqueront à Lorient pour rejoindre cette terre de l’autre côté de l’Atlantique. Quel destin les y attend?

Parmi elle, trois jeunes filles: Charlotte l’orpheline recueillie bébé et qui n’a connu que l’enceinte de la Pitié-Salpêtrière, Geneviève qui a été incarcérée pour avoir aidé des femmes à avorter, et Pétronille, une jeune noble enfermée par sa famille. 

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Les amants du Lutetia

photo du livre Les amants du Lutetia d'Emilie Frèche

Pour nous, l’histoire était terminée.
Mais ne soyez pas tristes. 
Nous avons eu une vie magnifique

Le 1er septembre 2018, Eléonore Kerr reçoit un appel de la police: les corps sans vie de ses parents ont été retrouvés dans une chambre du Lutetia. Apprêtés comme pour une des nombreuses soirées qu’ils ont organisées, endormis sur le lit pour l’éternité, ils ont orchestré leur suicide. 

Sidérée, Eléonore découvre qu’ils ont préparé leur disparition comme un projet, mieux, comme une de ces campagnes publicitaires dont ils avaient le secret. Ils ont mis en scène leur mort et leurs funérailles, faisant place nette, effaçant toute trace de leur passage, rendant le deuil de leur fille impossible. 

Ezra et Maud, duo inséparable, fusionnel, partis de rien, avaient monté leur agence de publicité dans les années 1970 et s’étaient enrichis en montant les plus brillantes campagnes. La jetset se retrouvait l’été dans leur maison de Ramatuelle, les Bulles. Plus qu’un incroyable projet architectural, les Bulles étaient leur projet de vie commune, qui reléguait Eléonore au rang d’enfant non désirée. 

A travers cette maison, c’est l’impossibilité du deuil qui se cristallise. C’est aux Bulles qu’ont eu lieu les plus forts moments de vie et de souffrance, et c’est à travers elle, encore et toujours, qu’Ezra et Maud catalysent le ressentiment d’Eléonore.

Quel que soit le lieu où j’avais vécu, je n’avais pas réussi à prendre racine. Mes parents, eux, avaient été arrachés aux leurs, et ils avaient réussi cet exploit, ils s’étaient rempotés aux Bulles. Mais ce qu’on réussit pour soi, comment le transmettre à ses enfants?
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Sauvage

photo du livre Sauvage de Julia Kerninon

Tu penses que l’amour est ton sujet, mais tu n’es pas spécialement douée pour ça. La vérité, c’est que tu ne t’intéresses qu’à la cuisine. Bensch et moi, on le sait, on l’a appris dans la douleur, tous les deux, je crois

Tous les matins, elle se lève, enfile sa petite robe noire et ses bijoux comme une panoplie, vole un baiser à ses enfants et son mari qu’elle abandonne à leur vie domestique – elle se précipite là où sa vie a pris toute la place, vers son restaurant de l’Esquilino. Les cloches des églises sonnent, le coeur de Rome bat au même rythme que le sien, tandis qu’elle enfile un tablier et s’affaire à ses tâches avec ardeur.

Je suis exactement la fille que je rêvais d’être, je me tiens exactement là où je rêvais de pouvoir me tenir un jour. C’est tout ce que je voulais. L’amour, c’est du travail. Le travail, c’est de l’amour.

Comme son père, comme tous les hommes de sa famille, Ottavia a la cuisine dans le sang. A quinze ans révolus, elle a quitté le lycée pour vivre sa passion à la trattoria Selvaggio, aux côtés de son père. Mais c’est surtout de son second, Cassio Cesare, qu’elle va apprendre. Dans ce jeune homme tenace, elle va puiser l’énergie, l’émulation, le goût du labeur pour créer sa propre cuisine, épicée de la passion qui va les unir et de la colère qui va les séparer.

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Le pavillon des oiseaux

couverture du livre Le pavillon des oiseaux

Bienvenue à Rome, capitale des rivalités intestines et des ragots mondains.

En cette seconde moitié de XVIe siècle, la jeune Clelia, fille illégitime du cardinal Alexandre Farnèse, fait son entrée dans la société en épousant, à 14 ans, Giovan Giorgio Cesarini, à la fois gonfalonier du pape et héritier en vue de la jeunesse dorée romaine. Avec Fernando de Médicis, meilleur ami de Cesarini, les trois jeunes gens vont bientôt former une trio très en vue, s’exposant aux plus viles rumeurs colportées à travers les avvisi, sorte de Closer de la Renaissance. Clelia est une jeune fille espiègle qui aime sortir, s’amuser et séduire, mais elle est soumise au regard permanent des menanti qui épient ses moindres faits et gestes. Malgré le contrôle rapproché de sa gouvernante et de son père, le Grand Cardinal, grand ennemi des Médicis, Clelia se laisse séduire par Fernando de Médicis. Son studiolo des jardins de la villa Médicis, le Pavillon des oiseaux aux fresques peintes par Zucchi, abritera la fougueuse relation adultère – mais n’empêchera pas les ragots de continuer.

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Vous ne connaissez rien de moi

couverture du livre Vous ne connaissez rien de moi

Embochée… C’est ce qu’ils pensent tous d’elle, ce 16 août 1944, lorsqu’ils viennent l’arrêter chez elle. L’embochée aura la tête rasée, comme toutes celles qui ont couché avec l’ennemi. On appelle ça la « collaboration horizontale ».

Parmi toutes celles qui ont subi cette humiliation publicue, elle est celle dont on se souviendra – immortalisée par la photo de Robert Capa dans les rues de Chartres, tandis qu’elle est traînée avec son bébé dans les bras.

photo Robert Capa

Julie Héraclès a imaginé l’histoire de Simone, il n’est pas question ici de comparer le roman à la réalité. Simone Touseau, la vraie, laisse place à Simone Grivise, personnage de roman.

Cette Simone-là est une fille qui a choisi le mauvais camp, celui de l’ennemi.

Issue d’un milieu modeste, c’est une lycéenne brillante qui s’illustre dans toutes les matières, et particulièrement en allemand – lorsque la guerre éclate, Simone est fascinée par la grandeur de l’Allemagne et aveuglée par l’idéal du national-socialisme. Elle comprend à peine la fuite de son amie Colette et de sa famille, juive. Simone a foi en Pétain, en l’Armistice, et en cette France qui va bénéficier, c’est certain, de la grandeur allemande. Son bac en poche, elle propose ses services de traductrice à la Feldkommandantur de Chartres, où elle va se rapprocher d’un jeune lieutenant bibliothécaire, Otto Weiss. 

Simone, comme toutes les jeunes filles de son âge, rêve d’amour – et après une amère déception, la cour discrète du jeune lieutenant lui redonne foi en la vie. 

Les activités de Simone auprès de l’ennemi sont déjà très mal vues de son voisinage, et sa relation avec le lieutenant Weiss risque de la compromettre davantage. Mais Simone en est sûre, la gloire de l’Allemagne donnera raison à son histoire…

C’est un point de vue inhabituel que nous propose Julie Héraclès en choisissant de raconter cette histoire. Car elle choisit de nous faire éprouver de l’empathie pour une jeune et naïve sympathisante française du régime allemand, sujet délicat et dérangeant, surtout lorsqu’en se renseignant davantage on découvre que la vraie Simone était une partisane du nazisme.

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Veiller sur elle

couverture du livre Veiller sur elle

Démarrer la lecture d’un roman, c’est un peu comme contempler le bloc de marbre du sculpteur: on ne sait pas quelles promesses il contient ou saura tenir – pour peu qu’une fissure se cache dans la pierre, le succès sera compromis.

Point de fissure dans le bloc sculpté par Jean-Baptiste Andrea, c’est plutôt une pépite que l’on trouve au coeur de son marbre littéraire.

Dans un monastère du Piémont, un homme est sur le point de mourir. Depuis plus de quarante ans qu’il s’y est soustrait au monde, il n’a pas prononcé ses voeux, et détient le mystérieux secret de la Pietà qu’il a sculptée, une statue à l’étrange pouvoir.

De son arrivée en Italie, encore enfant pendant la guerre, à la consécration de son talent de sculpteur jusqu’à sa chute, nous allons suivre l’histoire de Michelangelo Vitaliani. 

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Peindre à Palerme

couverture du livre Peindre à Palerme

Le premier soir de notre arrivée à Palerme, je l’ai croisée vicolo San Giuseppe: sur ce rideau de fer, avec son voile bleu dans la nuit, je l’ai tout de suite reconnue.

Le lendemain matin, c’est via porta Carini, sur un autre rideau, qu’elle attendait, auréolée d’une lumière dorée.

Tant de rencontres inopinées avec l’Annunciazione d’Antonello da Messina, qui est à Palerme ce que la Joconde est à Paris, et qui est surtout celle que le personnage du roman que j’étais en train de lire est venu chercher à Palerme…

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Sur la terre des vivants

livre Sur la terre des vivants

Connaissez-vous les Stolpersteine, ces pavés de métal gravés d’un prénom, d’un nom, d’une date de naissance et d’une date et d’un lieu de mort, parsemés sur les trottoirs de certaines villes allemandes? Enserrés dans les pavés de pierre, devant la dernière adresse de ces victimes du nazisme, ils rendent immortelles, et concrètes, ces existences que la folie nazie a voulu effacer.

Ce sont ces « pierres d’achoppement » qui ont conduit Déborah Lévy-Bertherat à Hambourg, sur les traces de sa famille. De ses arrière-grands-parents, il ne reste rien. Leur quartier, comme de nombreux quartiers de Hambourg, a disparu sous les bombardements anglais pendant la guerre.

L’Altenhaus, l’asile pour les vieillards juifs du quartier d’Altona, a été rasé, remplacé par un immeuble de briques. Seul le vieux cimetière juif, miraculeusement, a survécu aux bombes.

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Hors d’atteinte

couverture du livre Hors d'atteinte de Frédéric Couderc

Parmi tous les nazis désignés comme criminels de guerre au procès de Nuremberg en 1946, un commandant SS n’a jamais été condamné. L’homme, pourtant, est un bourreau aussi pervers et inhumain que Mengele. Médecin, comme ce dernier, il a pratiqué la stérilisation de femmes et la castration d’hommes dans le Block 10 à Auschwitz.

Auparavant, ce médecin a « oeuvré »  au programme Aktion T4, au château de Sonnenstein, qui a euthanasié des milliers de handicapés physiques, mentaux. 

Pendant 16 ans, Schumann a réussi à fuir, s’installant de longues années au Ghana, et il est mort tranquillement en 1983 à Hambourg…

Dans ce roman-enquête extrêmement documenté, Frédéric Couderc va imaginer la traque de cet homme.

Paul Breitner est écrivain – il vit à Hambourg, avec pour seules attaches familiales son grand-père Viktor, un nonagénaire qui a vécu toute sa vie dans ce port de la Hanse. Enrôlé dans l’armée allemande, Viktor était loin de Hambourg lorsque sa famille a sombré dans le bombardement de la ville – l’opération Gomorrhe avait alors tué 45000 personnes.

A la suite d’un évènement, Paul découvre que le voisin de son grand-père était Horst Schumann, un criminel de guerre nazi qui a échappé à toute condamnation malgré les crimes qui lui sont attribués.

Les deux hommes pouvaient-ils avoir un lien? Paul veut comprendre.

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