Neige rouge

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Lecteurs passionnés de belles fresques historiques, je vous emmène aujourd’hui aux Pays-Bas avec le nouveau roman de Simone van der Vlugt. Souvenez-vous, je vous avais présenté il y a quelques mois Bleu de Delft.

Dans Neige Rouge, l’histoire débute à Leyde en 1552. Lideweij Feelinck est la fille d’un riche drapier. Dans cette province hollandaise, comme dans d’autres, la croyance catholique commence à être remise en question par les principes de la nouvelle doctrine luthérienne, qui fait de plus en plus d’adeptes – peu nombreux pourtant sont ceux qui osent l’afficher, craignant les répressions inquisitrices. 

Aussi, lorsque Lideweij fait part de son souhait d’épouser le jeune médecin amstellodamois Andries Griffieoen dont elle s’est éprise, son père menace de la renier. 

Menée à faire des choix familiaux mais aussi religieux, Lideweij va se retrouver dans la tourmente de l’Inquisition, portée par le roi catholique Philippe II d’Espagne qui a repris le pouvoir après l’abdication de son père Charles Quint.

Vous commencez à le savoir, je suis férue de romans historiques.

J’avais quelques craintes en débutant la lecture de celui-ci – bien que le sujet et le contexte historique me passionnent, j’avais certaines réticences en raison d’une expérience de lecture mitigée avec Bleu de Delft, dont j’avais déploré l’aspect bluette et surtout la langue trop moderne qui ne seyait pas au contenu historique.

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Ton histoire mon histoire

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Construction et déconstruction d’un mythe.

La légende de Sylvia Plath est née avec sa mort, et son suicide a donné toute la puissance dramatique à ses recueils de poèmes et à son histoire.

Connie Palmen a pris le contrepied de la légende qui fait porter à son mari le poète Ted Hughes la responsabilité de la mort de la poétesse, en choisissant de lui donner la parole dans une autopsie romanesque de leur histoire, en effet de miroir.

Tout commence en 1956 – bien sûr la tragédie était inscrite depuis bien plus longtemps en Sylvia Plath – lorsque les deux jeunes poètes se rencontrent à Cambridge.

Ted Hughes, géant bourru du Yorkshire, s’éprend follement de cette volubile américaine, « belle, spirituelle, lettrée et en rut, talentueuse et terrifiante, géniale et redoutable »

Habitué à la nature discrète des Anglaises, je la trouvais grandiose comme le Niagara, le flot incessant de ses paroles se déversant implacablement aussi assourdissant que d’immenses chutes d’eau.

Dans les premiers assauts d’une folie dévorante, elle marque du sceau de sa morsure la joue du poète: il est à elle, ils se marieront dans le secret quatre mois plus tard, réunis pour dédier leur amour à un idéal absolu de création poétique et littéraire. 

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Le coeur converti

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Il y a des livres qu’on n’arrive pas à quitter. Des livres qui nous touchent si intimement qu’ils nous suivent des jours encore après avoir tourné à regret la dernière page.

C’est ce qui vient de m’arriver avec Le coeur converti, le nouveau roman de Stefan Hertmans. Après un récit familial et personnel captivant dans Guerre et Térébenthine, l’écrivain choisit à nouveau la veine historique pour ce nouveau livre, dans lequel il mêle avec maîtrise la genèse de son roman à travers le récit d’une enquête de longue haleine, et l’histoire de ses personnages tissée à partir des matériaux récoltés lors de ces recherches.

Le résultat est passionnant pour qui est curieux de récits historiques enfouis, du lointain et mystérieux Moyen-Age, de destins de femmes hors du commun et néanmoins tragiques, et de l’histoire du judaïsme en Europe.

Stefans Hertmans est belge, mais il séjourne régulièrement dans le petit village provençal de Monieux, qui sous ses dehors tranquilles cache le tragique épisode d’un pogrom au 11ème siècle, pogrom qui pourrait être à l’origine de la légende d’un trésor caché dans le village.

 

Hanté par cette histoire, l’écrivain va essayer de reconstituer l’histoire à partir d’un fragment de parchemin trouvé dans la vieille synagogue du Caire. Ce parchemin, comme tous les écrits qui portaient le nom de Dieu, a été déposé dans la genizah du lieu sacré, où il a reposé pendant près de huit cent ans…

Sa traduction a permis de dévoiler une lettre de recommandation en faveur d’une jeune prosélyte d’origine chrétienne, convertie par amour au judaïsme et qui va devoir fuir pour échapper aux chevaliers que son père a lancés à sa poursuite pour la ramener.

Ainsi est née Vigdis Adélaïs, la triste héroïne de ce sombre roman.

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Bleu de Delft

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Dans la catégorie Roman Historique option Hollande 17ème siècle – avis à toi cher lecteur ou chère lectrice qui reste nostalgique de La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, je vous ai déniché un petit nouveau : Bleu de Delft.

Bleu de Delft ne coupe pas à la règle de ces romans historiques « hollandais » qui nous baignent dans le monde de l’art. Forcément, le 17ème siècle fut riche de contributions en ce siècle d’or, et l’école hollandaise a eu une influence inestimable sur la peinture.

De La jeune fille à la perle à Les mots entre les mains, en passant par Miniaturiste, ce sont les femmes qui racontent l’Histoire. C’est également le cas dans Bleu de Delft, où une jeune campagnarde, Catrijn se retrouve veuve après une année de mariage.

Des bruits courent sur les conditions mystérieuses de la mort de son mari, si soudaine.

Alors Catrijn fuit, quitte la campagne, sa famille, ses amis, vend tous ses biens et entre comme intendante au service d’un riche couple d’Amsterdam (c’est d’ailleurs un autre point commun à toutes ces histoires, à bien y réfléchir…).

Auprès de sa maîtresse, jeune femme désoeuvrée qui prend des cours de peinture auprès d’un des élèves du grand Rembrandt, Nicolaes Maes, Catrijn éveille sa sensibilité à l’art, à la couleur et à la lumière.

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