Mon père, ma mère, mes tremblements de terre

Mon père ma mère mes tremblements de terre Julien Dufresnes-Lamy Belfond

Il y a ces écrivains auxquels on s’attache, avec cette impression de construire avec eux, de livre en livre, une histoire. 

Julien Dufresnes Lamy est de ceux-là. Un passeur d’histoires humaines, prolifique, hyperactif, pour qui l’écriture semble être une urgence – que ce soit dans la littérature jeunesse ou la blanche, où il alterne ses publications avec succès. Finalement, ces deux genres littéraires dans lesquels il s’exprime ne font peut-être qu’un, où JDL s’affranchit des cases de façon audacieuse.

Au fil des ses romans, on peut relier les points entre chaque, car s’il se renouvelle, il y a sa voix, toujours, à la fois douce, sensible et revendicative, et une fascination constante pour l’adolescence et les blessures de la vie.

« Mon père, ma mère, mes tremblements de terre » pourrait être un hybride de ses derniers romans. Un peu des « Indifférents », un peu de « Boom », un peu de « Jolis jolis Monstres ». Pour en faire toutefois un roman singulier, porteur de bienveillance et d’amour dans les grands séismes qui bouleversent la vie.

Dans ce nouveau roman, JDL interroge l’identité et les relations familiales, à travers la voix de Charlie, un garçon de quinze ans – cet âge fragile où la norme définit les rapports entre adolescents, et où la différence crée le rejet.

« J’avais le droit d’avoir des humeurs et d’être ingrat, c’est mon âge qui le disait. Sauf que non. Mon père me volait ma crise d’adolescence sans trembler »

Depuis que son père a avoué à sa famille son désir d’être femme, deux ans plus tôt, Charlie tient le journal de la transition de son père, au fil des jours qui se succèdent: la transformation physique, les rapports père-fils, le regard des autres sur lui, et sur eux.

Alors qu’il attend avec sa mère, à l’hôpital, la sortie du bloc de son père qui dans quelques heures sera irrévocablement devenuE Alice, le récit présent alterne avec le décompte des jours de cette transition identitaire et familiale.

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Jolis jolis monstres

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« Monstre », ça revient toujours. C’est drôle quand on y pense. Certains répètent inlassablement qu’on est des monstres. Des fous à électrocuter. Alors que d’autres pensent que l’on est les plus belles choses de ce monde.

Une nuit, dans une boîte de NYC, James rencontre Victor. James a la soixantaine, il revient après trente ans d’absence. Victor, jeune latino, a déjà connu les gangs et la prison, et il a quitté LA pour New-York avec un seul but en tête.

Dans la nuit, James entreprend le récit de son histoire dans le New York underground des années 80, où il était alors Lady Prudence, sublime drag queen afro-américaine. 

Entourée des plus belles créatures de son espèce, elles faisaient leur show dans les cabarets new-yorkais et traînaient avec ce que New York comptait en artistes qui bientôt seraient mondialement célébrés: Madonna, Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Nan Golding.

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Boom

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Après avoir publié récemment le roman Les Indifférents (pour retrouver la chronique c’est ici), Julien Dufresne-Lamy revient pour notre plus grand plaisir, et celui de nos ados avec un nouveau roman- car l’auteur fait ses premiers pas dans la littérature jeunesse avec Boom.

L’occasion de faire une lecture en famille, de discuter, non seulement de la gravité du sujet abordé, mais aussi de littérature.

Dans ce roman, l’auteur donne la parole à Etienne, qui a perdu son meilleur ami Timothée dans l’attentat du pont de Westminster à Londres.

Timothée, Etienne – Etienne, Timothée: deux lycéens, trois ans d’amitié à la vie à la mort, racontés dans un souffle.

Ou comment une amitié débute au rythme du cours de danse africaine de leurs deux mères, et s’épanouit jusqu’à les rendre inséparables.

L’amitié qui unit les deux garçons est aussi forte, soudaine et intense qu’un premier amour.

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Les Indifférents

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Mon premier été avec les Indifférents, j’y repenserai toujours. Indélébile sur ma peau. Gravé sur les lèvres et le bout des doigts. Un été de glaux à boutons jaunes, de couleurs qui pètent les yeux et de souvenirs tous les jours. Un été de genoux écorchés, de cloques et de coups de soleil, de chairs de poule et de frissons qui disent la terre, la mer et le vent.

Ils sont quatre, aux airs des quatre fantastiques, quatre adolescents à la vie privilégiée qui écument le Bassin d’Arcachon. Ils sont quatre, deux garçons, deux filles, dans la jeunesse dorée de la région,Théo, Léonard, Daisy – et Justine, la nouvelle. Justine, débarquée d’Alsace avec sa mère qui rejoint l’équipe de Paul Castillon, entrepreneur riche et véreux du bassin, père du charismatique Théo. Justine, elle, ne connaît rien des codes de la bourgeoisie et du Bassin, mais sous la protection de Théo, elle va intégrer la bande des Indifférents. Qu’il est doux d’être insouciant dans l’exaltation adolescente qui partage son temps entre les plages et les bancs du lycée, les fêtes, l’alcool facile et les substances illicites. Qu’il est fascinant d’être un Indifférent, respecté de tous en les tenant à distance, qu’il est facile de faire partie de cette jeunesse à qui tout réussit, cette jeunesse séduisante aux mèches blondies par le soleil et par le sel. Une jeunesse sur le fil du rasoir, si vulnérable et si cruelle quand se profile la mise en danger du groupe qui les mènera un matin vers le drame. Qui sont-ils, ces Indifférents? Quels secrets cachent-ils, quels secrets abrite l’indifférence de leurs parents?

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