Frère d’âme

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Pour tous, soldats noirs et blancs, je suis devenu la mort. Je le sais, je l’ai compris. Qu’ils soient soldats toubabs ou soldats chocolats comme moi, ils pensent que je suis un sorcier, un dévoreur du dedans des gens, un dëmm. Que je le suis depuis toujours mais que la guerre l’a révélé

Comme une centaine de milliers de tirailleurs sénégalais, armés de leur fusil et de leur coupe-coupe, Alfa Ndiaye et Mademba Diop sont venus se battre sous le drapeau de la France. En Europe rugit la première guerre mondiale. Mademba Diop, tout chétif, mais avec l’âme d’un vrai combattant qui veut sauver la mère patrie, a su convaincre Alfa Ndiaye, son ami d’enfance, son frère adoptif, son plus que frère.

Ensemble ils ont quitté Gandiol, leur village. Avant de partir, Fary Thiam, la fille du chef du village, a offert au beau et fort Alfa le chaud, le doux et le moelleux du dedans de son corps, le début de la route vers la perte de l’innocence.

Au coup de sifflet du capitaine pour seule langue qu’ils comprennent sur le champ de bataille, les tirailleurs sénégalais courent au combat, fusil dans une main, coupe-coupe dans l’autre, lâchés sous les balles et les obus de l’ennemi comme de la chair à canon. La chair du dedans au dehors, comme celle de Mademba blessé par l’ennemi, qui dans l’atrocité de sa souffrance implore son ami Alfa de l’achever.

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