La fuite en héritage

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Vous aussi, vous avez certainement déjà commencé un livre sans savoir où il vous emmenait, mais vous avez continué à tourner les pages, attendant le moment où l’histoire allait bien pouvoir s’installer. Et quand vient ce moment, vous ne pouvez plus lâcher le livre.

C’est ce qui m’est arrivé avec le nouveau roman de Paula Mc Grath. Trois personnages, deux époques.

Quel est le lien entre ces trois femmes? 

Quel est le lien entre ces deux pays, l’Irlande du Nord d’un côté, les Etats-Unis de l’autre? 

Il y a trois femmes, donc.

La première est gynécologue et s’interroge sur son avenir professionnel et sentimental, l’un est l’autre allant de pair. Quitter Dublin pour Londres et abandonner sa mère, malade d’Alzheimer? 

La seconde a 16 ans, sa mère vient de mourir et elle se retrouve seule au monde – pas tant que ça, puisque des grands-parents inconnus lui tombent dessus sans crier gare. Elle prend la fuite avec un gang de bikers, mais est-elle à l’abri à leurs côtés?

La troisième a 17 ans, elle a fui l’Irlande pour Londres en rêvant à une carrière de danseuse, mais des mauvaises rencontres et la peur de basculer du mauvais côté la font revenir à Dublin – elle a abandonné l’école, trouvé un petit boulot qui lui permet de vivre dans une chambre sordide mais elle est libre. Et surtout, elle découvre la boxe aux côtés de Georges, un étudiant médecine. De lui, elle apprendra la discipline, l’endurance, et l’idée qu’il faut oser rêver – même si la boxe n’est pas un sport de filles.

Evidemment, le lien va se dessiner doucement, mais on n’y pensera plus, car on plonge intégralement dans le récit de ces femmes, dans les problématiques sociétales propres à l’Irlande auxquelles, chacune à sa façon, va être confrontée. Parmi ces problématiques, il y a évidemment l’interdiction de l’avortement, que l’une va combattre et une autre subir – chacune portant le même poids, le même héritage: la nécessité de fuir.

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Géneration

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J’ai un problème : je ne sais pas résister aux couvertures de la collection Quai Voltaire aux Editions de la Table Ronde !

Ce bleu, et cette jolie photo à chaque fois. Les ingrédients sont toujours réunis pour attirer mon instinct de lectrice. J’oublie de mentionner que la ligne éditoriale correspond aussi beaucoup à mes goûts littéraires, et ce depuis un bon moment.

Bref… Ce Génération m’évoquait aussi quelque part la couverture du Girls d’Emma Cline, que j’ai adoré, alors j’ai foncé dessus.

Dans ce roman choral, l’Irlandaise Paula Mc Grath évoque la transmission entre les générations, du point de vue des différents personnages.

Dans une ferme bio de l’Illinois, Joe recrute de l’aide via internet. Etudiants et wwoofeurs étrangers viennent lui prêter main forte sur une courte période. Solitaire, peu soucieux de sa personne, le quadragénaire n’en est pas moins séduisant selon les dires d’une collègue d’Aine, irlandaise et mère célibataire – et cette dernière caresse le rêve d’une nouvelle vie, loin de son Irlande natale, de son job ennuyeux et de son ex-mari qui va bientôt être à nouveau père. Alors, après des échanges avec le fermier et une première visite, elle s’y embarque pour 6 semaines, avec sa petite fille de 5 ans dans les bagages. Dans la crasse de la maison, et malgré l’irascibilité d’un Joe accro à la marijuana, Aine essaie de s’investir dans la vie de la maison et de la ferme. Elle y croise Carlos, ouvrier clandestin mexicain qui depuis des années travaille illégalement chez Joe et espère que ce sera son dernier voyage, pour profiter enfin de sa retraite auprès de sa femme Silvia. Carlos, qui a bien conscience que les choses ne sont pas claires à la ferme, est soucieux d’Aine et de sa petite Daisy, qu’il prend sous son aile. Lorsqu’Aine découvre les secrets de Joe, elle se rapproche de Vicky, ancienne amie de Joe avec qui elle a fait ses études, afin de comprendre l’homme auprès duquel elle s’est engagée.

 

Paula Mc Grath, tel un coryphée, orchestre ce récit et nous promène dans les allées sinueuses de toutes ces vies.

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