J’ai un problème : je ne sais pas résister aux couvertures de la collection Quai Voltaire aux Editions de la Table Ronde !
Ce bleu, et cette jolie photo à chaque fois. Les ingrédients sont toujours réunis pour attirer mon instinct de lectrice. J’oublie de mentionner que la ligne éditoriale correspond aussi beaucoup à mes goûts littéraires, et ce depuis un bon moment.
Bref… Ce Génération m’évoquait aussi quelque part la couverture du Girls d’Emma Cline, que j’ai adoré, alors j’ai foncé dessus.
Dans ce roman choral, l’Irlandaise Paula Mc Grath évoque la transmission entre les générations, du point de vue des différents personnages.
Dans une ferme bio de l’Illinois, Joe recrute de l’aide via internet. Etudiants et wwoofeurs étrangers viennent lui prêter main forte sur une courte période. Solitaire, peu soucieux de sa personne, le quadragénaire n’en est pas moins séduisant selon les dires d’une collègue d’Aine, irlandaise et mère célibataire – et cette dernière caresse le rêve d’une nouvelle vie, loin de son Irlande natale, de son job ennuyeux et de son ex-mari qui va bientôt être à nouveau père. Alors, après des échanges avec le fermier et une première visite, elle s’y embarque pour 6 semaines, avec sa petite fille de 5 ans dans les bagages. Dans la crasse de la maison, et malgré l’irascibilité d’un Joe accro à la marijuana, Aine essaie de s’investir dans la vie de la maison et de la ferme. Elle y croise Carlos, ouvrier clandestin mexicain qui depuis des années travaille illégalement chez Joe et espère que ce sera son dernier voyage, pour profiter enfin de sa retraite auprès de sa femme Silvia. Carlos, qui a bien conscience que les choses ne sont pas claires à la ferme, est soucieux d’Aine et de sa petite Daisy, qu’il prend sous son aile. Lorsqu’Aine découvre les secrets de Joe, elle se rapproche de Vicky, ancienne amie de Joe avec qui elle a fait ses études, afin de comprendre l’homme auprès duquel elle s’est engagée.
Paula Mc Grath, tel un coryphée, orchestre ce récit et nous promène dans les allées sinueuses de toutes ces vies.
Qu’aura transmis Carlos à ses trois filles, qu’il a à peine vues grandir ?
L’héritage familial et patrimonial de Joe, le poids que lui a fait porter sa mère (au sens propre et au sens figuré) a-t-il brisé l’espoir du bel être qu’il y avait en lui ? Ou est-ce l’ambition de son père à son égard, la relation toxique de ses parents, qui ont empoisonné sa normalité ?
Quant à Aine, en quoi ses choix, peut-être égoïstes, vont-ils conditionner l’adulte en devenir qu’est la jeune Daisy ?
Les récits des uns et des autres se répondent, se mêlent autour du grand-père d’Aine et de sa fille Daisy, dans une grande boucle. Car si beaucoup d’histoires se recoupent ici , enrichies par d’autres personnages que j’ai fait le choix de ne pas citer, c’est bien essentiellement cette histoire qui est la trame du roman, et le point d’aboutissement.
Paula Mc Grath, dans un style fluide et une écriture narrative où ressort le « creative writing » qu’elle enseigne à l’université de Dublin, livre un premier roman qui se lit d’une traite et avec plaisir.
Toutefois, je dois avouer ma frustration quant au devenir de certains personnages, que j’aurais bien aimé voir creusé ici- quitte à ajouter une centaine de pages au roman. On reste un peu sur sa faim surtout en ce qui concerne Joe, le fermier au vilain secret.
J’aimerais également pousser un autre petit coup de gueule : messieurs dames les éditeurs, je vous en conjure, arrêtez de nous abreuver de critiques vendeuses extraites de journaux et citées sur la jaquette du roman ! Ainsi pour celui-ci, le New Statesman affirme : « Comparable à Brooklyn de Colm Toibin, Génération parlent des liens qui unissent de parfaits inconnus autant que ceux qui unissent une famille… ». Voilà, la comparaison avec Brooklyn est mise en avant afin d’abuser de la naïveté du lecteur ! Pourquoi cette comparaison ? Parce qu’une jeune irlandaise part aux Etats-Unis dans l’idée de s’y installer ? La comparaison s’arrête bien là !
Récemment, une de mes amies qui finissait la lecture de Miniaturiste me disait qu’elle allait lire le Chardonneret de Donna Tart, parce que l’éditeur disait en quatrième de couverture que ce roman s’adressait à ceux qui avaient aimé le Chardonneret. Mis à part l’époque à laquelle a été peint le tableau de Carel Fabritius, les deux romans n’ont rien en commun. Est-ce de l’abus de faiblesse ou une méprise de l’éditeur ? En tous les cas, cela s’apparente à de la publicité mensongère que je trouve honteuse et surtout inculte et abusive. S’il-vous-plaît, vérifiez vos sources ou donnez-vous la peine de vérifier la véracité de vos propos !!
Titre: Génération (Generation)
Auteur: Paula Mc Grath
Editeur: La Table Ronde – Quai Voltaire
Parution: 2017
Je suis tout à fait d’accord avec toi quant aux comparaisons abusives que mettent les éditeurs en quatrième de couv. J’ai aussi été abusée par celle entre Miniaturiste et Le Chardonneret (mais dans l’autre sens : j’avais lu Donna Tartt avant et j’ai forcément été déçue par Miniaturiste…).
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Merci ! Je suis heureuse de voir que je ne suis pas la seule à en avoir assez d’être prise pour une lecture naïve et sans jugement 😊
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