Baronne Blixen

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Impossible de quitter cette période marquée par Karen Blixen, depuis mon voyage à Copenhague, sans relire le formidable Baronne Blixen de Dominique de Saint-Pern.

Dans ce roman biographique paru en 2015 après quatre années d’un intense travail de documentation, de rencontres et d’écriture, la journaliste ressuscite l’écrivaine danoise à travers les souvenirs de celle qui fut pendant pendant deux décennies sa secrétaire, Clara Svendsen.

Le roman s’ouvre sur une rencontre, au Kenya: Meryl Streep, alors en plein tournage d’Out of Africa, a fait venir auprès d’elle Clara Svendsen, afin qu’elle lui raconte « sa » Karen Blixen. L’actrice souhaite comprendre au plus près celle dont elle interprète le rôle dans le film – Meryl Streep incarnera si bien l’écrivaine qu’elle deviendra aux yeux de tous la seule Karen Blixen imaginable.

Pourtant, très vite, l’actrice hollywoodienne s’efface au profit de cette femme beaucoup plus ambiguë que ne le laissait croire son image africaine: Dominique de Saint-Pern lui consacre la première moitié de son roman, faisant revivre la légende de cette reine africaine, maîtresse d’un vaste domaine au pied du mont Ngong et amante d’un fougueux aristocrate anglais magnifié par Robert Redford, qui la laissa tomber pour l’aventurière Beryl Markham avant de se tuer dans le crash de son avion, Denys Fitch Hatton. 

La suite, nous la connaissons: elle n’a pas réussi à sauver son domaine qui bientôt se retrouvera aux mains des prometteurs, et Karen Blixen est contrainte de retourner vivre au Danemark, dans la maison de son enfance à Rungstedlund. 

Ruinée, malade (la tabes dorsalis ou syphilis de la moelle épinière, loin d’être vaincue par un traitement de cheval des années plus tôt va laminer sa santé), que lui reste-t-il? 

A quarante-six ans, Karen Blixen est encouragée par son frère Thomas et se lance dans un travail d’écriture qui va la consacrer auteur sous un pseudonyme: Isak Dinesen. Elle travestit son nom, comme elle travestit son image sous l’objectif de la photographe Rie Nissen plus que jamais joueuse et ambiguë. Elle tire les ficelles d’un jeu qu’elle mènera jusqu’au bout, éternelle manipulatrice.

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Edmonde

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C’est son image un brin austère, cheveux tirés en un gros chignon, clips aux oreilles, tailleur Chanel et lavallière, que les plus de trente ans ont probablement encore en mémoire, un physique entre celui de Simone Veil et celui de Simone de Beauvoir. 

Mais un prénom bien à elle, et une personnalité qui lui fait appartenir à ce clan des plus grandes dames françaises du vingtième siècle: Edmonde Charles-Roux.

Que sait-on encore sur elle sans sonder internet? Ecrivaine et journaliste, épouse de Gaston Defferre, oui.

 Pour le reste, on pâlit devant l’immensité de cette carrière que Wikipédia fait défiler sous nos yeux, auréolée de prix (Goncourt 1966 pour Oublier Palerme) et de décorations (Croix de Guerre, Commandeur de la Légion d’honneur,…).

La première partie de sa biographie laisse une large part à celle qui fut une femme engagée dans la seconde guerre mondiale.

Et c’est justement à celle-ci que Dominique de Saint-Pern consacre son dernier roman, Edmonde

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