Sur la terre des vivants

livre Sur la terre des vivants

Connaissez-vous les Stolpersteine, ces pavés de métal gravés d’un prénom, d’un nom, d’une date de naissance et d’une date et d’un lieu de mort, parsemés sur les trottoirs de certaines villes allemandes? Enserrés dans les pavés de pierre, devant la dernière adresse de ces victimes du nazisme, ils rendent immortelles, et concrètes, ces existences que la folie nazie a voulu effacer.

Ce sont ces « pierres d’achoppement » qui ont conduit Déborah Lévy-Bertherat à Hambourg, sur les traces de sa famille. De ses arrière-grands-parents, il ne reste rien. Leur quartier, comme de nombreux quartiers de Hambourg, a disparu sous les bombardements anglais pendant la guerre.

L’Altenhaus, l’asile pour les vieillards juifs du quartier d’Altona, a été rasé, remplacé par un immeuble de briques. Seul le vieux cimetière juif, miraculeusement, a survécu aux bombes.

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La Famille

couverture du livre La famille
Il n’est pas aisé de démêler la Famille de la famille.

Sofia et Antonia en savent quelque chose. Depuis leur plus tendre enfance, elles vivent comme deux soeurs, à deux pas l’une de l’autre. Leurs mères Rosa et Lina aussi sont comme deux soeurs qui se soutiennent, les soirs d’angoisse, à attendre leurs maris Joey et Carlo, qui eux aussi sont comme deux frères.

Sofia et Antonia sont inséparables, par la force des choses: à l’école, bien que les fillettes ne sachent rien des activités de la Famille, leurs camarades les fuient et elles ne peuvent compter que l’une sur l’autre.

La Famille ne vous abandonne pas, que le vouliez ou non : lorsque Carlo disparaît mystérieusement, elle continue à prendre soin de Lina.

Nous sommes à Brooklyn, en pleine Prohibition, dans le quartier de Red Hook, et Joey Colicchio devient chef du quartier et bras droit du Patron, Tommy Fianzo.

Pas à pas, nous suivons Sofia et Antonia qui grandissent, avec leurs propres rêves. 

Au lycée, devenues anonymes, Sofia se fait populaire et impétueuse, aussi jolie que frivole. Antonia, discrète et sérieuse, rêve d’études, d’émancipation, et se promet de ne jamais épouser quelqu’un de la Famille.

Alors que la guerre déchire l’Europe et que Joey s’enrichit grâce à elle, Sofia et Antonia comprennent qu’elles ne contrôlent pas tout, et qu’on n’échappe pas à son Destin: la Famille est plus forte que tout.

Roman virtuose, « La Famille » est une extraordinaire histoire d’amitié, mieux, de sororité.

Evidemment, on pense au « Parrain », mais il m’a avant tout évoqué les si beaux romans d’Alice Mc Dermott qui, jusqu’à présent, n’avait pas son pareil pour raconter ce Brooklyn immigré des années 1930.

Emportés dans la narration au présent, nous sommes entrainés dans le sillon de Sofia et Antonia fillettes, jeunes filles, amoureuses, jeunes mariées, jeunes mamans –  et de toute la Famille. 

Le récit vibre de la force des deux amies, des choix qu’elles font, des périodes qu’elles traversent, de leur lien indéfectible. Il vibre de sensations, du souffle des phrases qui s’enchaînent, de l’acuité des mots qui donnent tant de véracité aux scènes, de la puissance que dégage chacun des personnages si justement incarnés, de l’énergie de ces femmes à travers lesquelles on observe la mafia.

A la puissance narrative du roman s’ajoute une dimension cinématographique – et si Sofia Coppola, dans les pas de son père, nous offrait le bonheur de tourner « La famille »? 

Coup de coeur absolu pour cette pépite littéraire, et mention spéciale à la traduction de Jessica Shapiro.

Titre: La famille

Auteur: Naomi Krupitzsky

Editeur: Gallimard

Parution: mars 2023

Hors d’atteinte

couverture du livre Hors d'atteinte de Frédéric Couderc

Parmi tous les nazis désignés comme criminels de guerre au procès de Nuremberg en 1946, un commandant SS n’a jamais été condamné. L’homme, pourtant, est un bourreau aussi pervers et inhumain que Mengele. Médecin, comme ce dernier, il a pratiqué la stérilisation de femmes et la castration d’hommes dans le Block 10 à Auschwitz.

Auparavant, ce médecin a « oeuvré »  au programme Aktion T4, au château de Sonnenstein, qui a euthanasié des milliers de handicapés physiques, mentaux. 

Pendant 16 ans, Schumann a réussi à fuir, s’installant de longues années au Ghana, et il est mort tranquillement en 1983 à Hambourg…

Dans ce roman-enquête extrêmement documenté, Frédéric Couderc va imaginer la traque de cet homme.

Paul Breitner est écrivain – il vit à Hambourg, avec pour seules attaches familiales son grand-père Viktor, un nonagénaire qui a vécu toute sa vie dans ce port de la Hanse. Enrôlé dans l’armée allemande, Viktor était loin de Hambourg lorsque sa famille a sombré dans le bombardement de la ville – l’opération Gomorrhe avait alors tué 45000 personnes.

A la suite d’un évènement, Paul découvre que le voisin de son grand-père était Horst Schumann, un criminel de guerre nazi qui a échappé à toute condamnation malgré les crimes qui lui sont attribués.

Les deux hommes pouvaient-ils avoir un lien? Paul veut comprendre.

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Mungo

livre Mungo de Douglas Stuart

Après un « Shuggie Bain » qui nous avait brisé le coeur par sa lumineuse noirceur, Douglas Stuart nous offre un nouveau héros à l’aura foudroyante. Mungo. Est-ce parce qu’il porte le nom du saint patron de Glasgow, Mungo « le bien-aimé »?

Nous sommes dans les années 1990, Mungo Hamilton a 15 ans et vit dans l’East End à Glasgow, un quartier populaire. 

Son père est mort il y a longtemps, laissant Mo-Maw, la mère alcoolique de Mungo, avec trois jeunes enfants. Mo-Maw, quand elle n’est pas saoule, est souvent aux abonnés absents – elle disparaît des jours entiers, laissant les enfants livrés à eux-mêmes. L’aîné, Hamish, est devenu un chef de bande violent. Avec ses acolytes, il fait les 400 coups, mais ce qu’il aime par-dessus tout, c’est taper sur ses grands ennemis, les catholiques. 

Les Hamilton sont protestants – même si Mungo, ironie de l’histoire, porte le nom d’un saint catholique. Et à Glasgow, les guerres de religion ont encore cours. Jodie, la fille de la fratrie, est une jeune fille appliquée, studieuse, et sert depuis son plus jeune âge de mère de substitution à son petit frère Mungo. Mungo, le doux, le beau, le sensible, Mungo qui ne s’intéresse pas aux filles, et qui un jour rencontre le garçon aux pigeons, James Jamieson. Dans ce monde-là, deux garçons n’ont pas le droit de s’aimer – un garçon protestant et un garçon catholique encore moins. Pourtant, Mungo et James vont prendre ce risque, vivant cachés des autres, et donner l’un à l’autre ce dont ils manquent le plus: l’amour. Ensemble, ils vont découvrir la tendresse des corps qui s’emboîtent, l’initiation aux plaisirs interdits.

Mais dans les cités, les secrets ne durent jamais longtemps. Pour remettre Mungo sur le droit chemin et en faire « un homme », Mo-Maw confie son fils, le temps d’un week-end, à deux inconnus rencontrés aux Alcooliques Anonymes. En route vers le nord de l’Ecosse pour camper près d’un loch où ils doivent pêcher, Mungo comprend que ce week-end pourrait bien ressembler à une descente aux enfers…

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Shuggie Bain

Est-ce que l’amour d’un petit garçon peut empêcher sa mère de sombrer?

Dans le gris triste d’un coron de Glasgow, Agnes Bain se fait abandonner par son mari Shug, taxi la nuit et coureur de jupons invétéré. La pauvreté et les infidélités de son mari l’ont fait plonger dans l’alcool, et lorsqu’il la laisse dans cette misérable maison, qu’elle espérait être un nouveau départ pour eux, Agnes est happée un peu plus par ses démons. Dès le lever du jour, elle s’abandonne à la boisson, quitte à dépenser sa semaine d’allocations dans les bouteilles qui la consolent – et laissent vide le ventre de ses enfants.

Dans ce quartier de mineurs encore plus pauvre que celui qu’elle vient de quitter, englué dans la tourbière, Agnes met pourtant un point d’honneur à afficher, coûte que coûte, son élégance, surtout les jours de gueule de bois, attirant sur elle les moqueries des unes et la jalousie des autres. 

Chaque jour elle ressortait de sa tombe, maquillée et coiffée, et redressait la tête. Quand elle s’était ridiculisée la veille, elle se relevait, mettait son plus beau manteau, et faisait face au monde. Quand elle avait le ventre vide et que ses mômes avaient faim, elle se coiffait et faisait croire au monde entier qu’il n’en était rien

Shuggie admire tant sa mère au port altier, son pull à perles, ses collants Pretty Polly noirs, ses talons hauts, les boucles de ses cheveux laquées dures comme du carton, les lèvres ourlées de rouge sur les dents en porcelaine qu’il lui retire, le soir, lorsqu’elle est trop saoule pour le faire.

Ses deux aînés, l’un après l’autre, abandonnent Agnes, et seul Shuggie reste à ses côtés pour tenter désespérément de la sauver.

Il pensait que, s’il parvenait à remplir chacun des instants de sa journée avec du bruit, elle ne replongerait pas. 

Shuggie se réfugie dans cet amour inconditionnel, pour échapper aux persécutions qu’il subit, car personne ne le trouve « net » ce garçon qui parle de façon trop précieuse et danse comme une fille…

Si Shuggie Bain est le cri d’amour d’un fils, c’est avant tout l’histoire d’une femme déchue, déçue, maltraitée, mal-aimée mais aimante, mais aussi fière, flamboyante et terriblement malheureuse. Quelle vie aurait-elle pu avoir, Agnes, avec un homme qui aurait su l’aimer, la choyer, sans la faire souffrir, sans l’avilir! 

Elle l’avait aimé et il avait dû la briser totalement pour pouvoir la quitter. Agnes Bain était une chose trop rare pour laisser quelqu’un d’autre l’aimer. Ça n’aurait pas suffi de la laisser en morceaux pour que plus tard un autre les ramasse et la répare

Douglas Stuart, avec un réalisme extraordinaire, retranscrit le Glasgow des années 1980, où lui-même, enfant, a été confronté à l’alcoolisme de sa mère et au regard des autres sur sa façon d’être différent. 

L’écriture, sublime (restituée par une traduction très fine de Charles Bonnot) dévoile un écrivain de talent, en témoigne le prestigieux Booker Prize qui a récompensé le livre en 2020. 

Shuggie Bain est un coup de coeur énorme, dont il n’est pas facile de se remettre!

Traduction: Charles Bonnot

Titre: Shuggie Bain

Auteur: Douglas Stuart

Editeur: éditions Globe

Parution: août 2021

Là où nous dansions

couverture du livre "Là où nous dansions"

Ce roman est une déclaration d’amour vibrante au « berceau du monde moderne qui a inventé la voiture et aimanté les travailleurs et les cultures du monde entier ». Detroit, Michigan. Territoire de pionniers français qui ont fait prospérer son sol noir. Territoire des industriels qui y ont fait fructifier l’économie américaine. Territoire de la musique qui y a fait éclater les plus grandes voix noires américaines.

Juillet 2013, Detroit vient d’être déclarée en faillite. Surendettée, la ville se désagrège depuis des années. Ira, policier d’élite de la ville, observe le coeur serré le Brewster Douglass Project, le quartier de son enfance que l’on détruit.

C’est dans le Brewster qu’on a retrouvé le corps d’un jeune homme, que Sarah, flic en charge d’une unité d’identification des corps que personne ne réclame, va désespérément tenter d’identifier.

Qui a assassiné le jeune homme? 

Ici, le crime a créé un abîme entre les hommes. « Un trou où l’humanité s’est dissoute, où l’on ne tue pas sur ordre, pour sauver ou gagner sa vie, mais pour rien, par désoeuvrement. La vie n’a plus de valeur. »

Sarah est blanche et a grandi dans la banlieue de Detroit, là où se sont installées les familles blanches qui, des décennies plus tôt, ont déserté la ville.

Ira est noir, et Detroit a façonné sa destinée et celle de sa famille. 

Quel gosse devient-on quand on grandit au Brewster Project? Certainement pas un flic – et pourtant Ira est devenu ce flic qui confronte ses anciens copains du Brewster à leurs crimes.

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Le bureau d’éclaircissement des destins

couverture du livre Le bureau d'éclaircissement des destins

A Bad Arolsen, en Allemagne, l’International Tracing Service fête cette année ses 75 ans. Créé en 1948, c’est le plus grand centre d’archives et de documentation sur les millions de victimes du nazisme.

Nous sommes ici pour servir les millions de victimes de cette guerre. Nous les servons quels que soient leur histoire, leur pays d’origine, leurs opinion politique ou leur religion. Nous servons les morts et les vivants, c’est notre devoir et notre honneur 

C’est là, dans ce lieu singulier logé au coeur de la Hesse, et marqué par l’histoire SS, que Gaëlle Nohant situe son nouveau roman.

Irène est archiviste enquêtrice à l’ITS – française expatriée en Allemagne dans les années 1990, elle est arrivée par hasard au sein des archives et a développé une passion pour ce métier d’investigation appris auprès d’Eva Volmann, une femme particulièrement marquée par la guerre.

Parmi les archives, constituées de tous les documents qu’il a été possible de réunir après la guerre, depuis les dossiers des camps de concentration et d’extermination que les nazis n’ont pas eu le temps de détruire, aux documents personnels qui lui ont été transmis, l’ITS a réuni un fonds d’objets retrouvés dans les camps.

 

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Le dernier des siens

photo du livre Le dernier des siens

Voici mon dernier coup de coeur de l’année 2022, et quel coup de coeur!

Auguste, un jeune naturaliste français, est en mission pour le musée d’histoire naturelle de Lille.

Nous sommes en 1835, au large de l’Islande, et il assiste au massacre d’une colonie de grands pingouins par des pêcheurs. Il en sauve un, qu’il compte envoyer à Lille pour enrichir la collection du musée.

Mais de retour chez lui, aux Orcades, après des jours passés à observer le pingouin, un attachement inattendu se dessine entre l’homme et le pingouin. Un cri comme une manifestation de joie, un dandinement du pingouin qui se dirige vers lui, un frottement de bec contre la jambe de son pantalon: soudain Gus réalise toute sa responsabilité à l’égard du volatile. 

Il se réveilla. Quelque chose de dur venait de gratter son cuir chevelu, quelque chose qui ressemblait à une pierre plate, un peu froide, ou quelque chose de pointu qui lui tirait les cheveux, mèche par mèche, sans lui faire mal, juste assez pour qu’il s’en rende compte. Sa tête reposait sur son bras au-dessus du panier. Il ne sentait pas Prosp sous lui. Il craignit de l’avoir écrasé. Il tourna la tête et vit un long cou qui s’agitait, sans tête, contre sa tempe. Et il comprit que Prosp, avec délicatesse, lui lissait les cheveux comme lui-même lui avait lissé ses plumes quand il muait, l’épouillait peut-être comme on ôte les parasites d’un pingouin ami.

Convoité par d’autres hommes, trop attaché à lui pour le livrer au musée, Gus fuit avec celui qu’il va prénommer Prosp. 

Aux îles Féroé, où il va se réfugier avec Prosp, Gus se retrouve confronté à un cas de conscience: doit-il rendre Prosp aux siens, pour qu’il puisse vivre sa vie de pingouin, et trouver une compagne?

Mais les congénères de Prosp, chassés pour leurs plumes qui feront des édredons douillets et pour leur chair grasse qui coule sur le menton des marins, sont devenus rares.

Gus  va être confronté à une triste réalité: Prosp est le dernier de son espèce. Le dernier des siens: « un spécimen unique, un fossile bientôt incrusté dans un rocher au bord de la mer ». 

Il va mesurer la fragilité du vivant, alors que le monde scientifique commence à peine à questionner la disparition des espèces. 

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Nous voulons tous être sauvés

couverture du livre Nous voulons tous être sauvés

Depuis le jour de ma naissance, je ne fais que semer le désordre: des excès en pagaille, des impulsions que j’ai suivies sans réfléchir, dans le bonheur comme dans le malheur. C’est la seule façon de vivre que je connaisse, je n’arrive pas à échapper à cette férocité; s’il y a un sommet, il faut que je l’atteigne; s’il y a un abîme, il faut que je le touche ».

Daniele a vingt ans, et il vient d’intégrer l’unité psychiatrique d’un hôpital pour une semaine – une hospitalisation sans consentement, suite à un énième excès, pendant laquelle il devra se soumettre à des soins.

Derrière ce trop plein de fêtes, d’absorption de substances chimiques en tout genre, de moments euphoriques et de chutes vertigineuses, Daniele cherche désespérément un sens à la vie. Un sens qui lui explique ses peurs, la mort. Il éprouve une révolte constante pour le malheur des autres.

Soutenu par ses parents aussi aimants qu’impuissants, Daniele est allé de traitement en traitement depuis deux ans, mais aucun ne semble pouvoir l’aider à sortir de cet enfer solitaire.

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Chaplin

photo du livre Chaplin de Michel Faucheux

Une canne, un chapeau melon et une petite moustache ont suffi, de son vivant, à le faire passer à la postérité. Drôle, émouvant, provocateur, The Tramp (Charlot, en France) a fait de son créateur l’un des plus grands acteurs et des plus grands cinéastes du 20e siècle.

Dans cette formidable biographie, Michel Faucheux, décortique la dualité complexe de Chaplin, à travers une analyse très fine de son avatar Charlot, de ses films, et de ses relations avec les femmes.

Né en 1889 à Londres dans une famille d’artistes, Charles Spencer Chaplin est livré très tôt à lui-même: le père a déserté le foyer, et sa mère Hannah est régulièrement hospitalisée pour des épisodes psychotiques. Son frère Sydney et lui sont placés, et suivront peu à peu la voie de leurs parents. A neuf ans, Chaplin est engagé dans une première troupe d’artistes, il a un sens inné du spectacle qui le conduira jusqu’en Amérique, où le cinéma l’attend. Acteur du cinéma muet, surdoué, exigeant et perfectionniste, il passera vite à la réalisation en mettant au point sa méthode de tournage, tout en peaufinant son double à l’écran, qu’on surnommera The Tramp.

Chaplin est « un poète qui fait du comique une vision du monde », il dénonce les faibles, les opprimés, son personnage devient une star à travers le monde.

Chaplin a réussi à échapper à la misère, s’enrichit, séduit les femmes. En épouse certaines. Et éprouve une attirance dérangeante pour les jeunes filles de 16 ans – qu’on relie à sa première expérience amoureuse, qu’il tenterait peut-être de vouloir revivre… Malgré sa réputation gravement égratignée par l’une d’elles, il rencontre celle qu’il a cherché toute sa vie: Oona O’Neill. Il a 53 ans, elle 17 et sort d’une relation avec JD Salinger – ensemble, ils auront huit enfants.

Dans son art, Chaplin n’a eu de cesse de pratiquer la dénonciation politique, allant jusqu’à défier Hitler dans un de ses plus grands films, Le dictateur. Mais son engagement se retourne contre lui aux USA, qui n’apprécient peu la situation diplomatique délicate où ils ont placés, et apprécient encore moins ses discours pro-russes. Chaplin est rattrapé par la chasse aux sorcières de McCarthy. Il quitte l’Amérique pour un voyage en Europe, mais le territoire américain lui sera désormais interdit. Il s’installe alors en Suisse avec sa famille, où il mourra en 1977.

Charlie ou Charlot, les deux s’enchevêtrent dans une narration pointue et passionnante, tant pour les amateurs de biographies que pour les cinéphiles.

Evidemment, cette biographie donne envie de replonger dans les films de Chaplin, mais aussi d’explorer davantage son histoire avec la captivante Oona. A suivre!

Titre: Chaplin

Auteur: Michel Faucheux

Editeur : Folio (collection Folio Biographies)

Parution: 2012