Les passeurs de livres de Daraya

IMG_7488.JPG

J’ai rarement réfléchi à la possibilité matérielle, intellectuelle, économique et politique d’ouvrir un livre, de posséder un livre, et de le lire – sans entrave. Franchir la porte d’une librairie, d’une bibliothèque sont des actes anodins, sans conséquence, si ce n’est le plaisir d’en repartir avec un livre.

Et pourtant, à quelques milliers de kilomètres de chez nous, lire peut être un luxe, un affront, et même un acte de résistance.

La guerre est perverse, elle transforme les hommes, elle tue les émotions, les angoisses, les peurs. Quand on est en guerre, on voit le monde différemment. La lecture est divertissante, elle nous maintient en vie. Si nous lisons, c’est avant tout pour rester humain.

Dans ce documentaire bouleversant, la reporter Delphine Minoui nous raconte la bravoure de quelques hommes, qui ont défié le régime de Bachar al-Assad par la littérature.

C’est depuis Istanbul où elle vit que la grand reporter découvre sur internet la bibliothèque clandestine de Daraya, dans la banlieue de Damas, ville assiégée, pillée, détruite par les bombardements et les attaques chimiques, privée de toutes les ressources élémentaires à la survie depuis 2012.

Bachar al-Assad avait fait le pari de les enterrer tous vivants. D’ensevelir la ville, ses derniers habitants. Ses maisons. Ses arbres. Ses raisins. Ses livres.

Des ruines, il repousserait une forteresse de papier.
La bibliothèque secrète de Daraya.

Pendant plusieurs mois, Delphine Minoui, en contact via Skype, Whatsapp avec de jeunes activistes résistants, va retracer l’histoire de cette bibliothèque souterraine et s’attacher aux témoignages poignants de ces hommes engagés dans le sauvetage de la connaissance, de leur patrimoine, dans une quête effrénée de nourriture de l’esprit, alors qu’ils meurent littéralement de faim. Son but: écrire un livre sur cette bibliothèque, qui pourra, l’espère-t-elle, rejoindre un jour ses étagères.

Lire la suite