Voyage et lecture: Copenhague

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Règle de voyage numéro 1: lire local!

Saison à Copenhague commence comme un conte. Normal, cette nouvelle est extraite des Nouveaux contes d’hiver, écrits par Karen Blixen.
Hiver 1870, la saison des mondanités et des bals a débuté, tout le gratin aristocrate danois se retrouve à Copenhague pour ces festivités.
Ib Angel y a retrouvé sa cousine Adélaïde, dont il est amoureux depuis sa plus tendre enfance. Une histoire impossible – il va bientôt s’engager pour combattre auprès de l’armée française… Le démarrage de la nouvelle m’a semblé bien compliqué et ennuyeux – laborieux. On met du temps pour arriver au cœur du sujet, découvrir nos jeunes protagonistes. À partir de ce moment, la nouvelle prend des allures de littérature russe (ou du moins, elle avait la saveur de mes anciens souvenirs), et c’est là qu’émerge sa beauté et la tristesse de cet amour impossible. J’ai aimé, brièvement, suivre les pas d’Ib dans mon quartier chouchou de Christianshavn.

Une lecture rapide mais néanmoins assez décevante pour ce démarrage avec Karen Blixen !

Titre: Saison à Copenhague

Auteur: Karen Blixen

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La maison de Karen Blixen à Rungsted

J’avais une maison au Danemark…

Imaginons un instant un roman qui serait le pendant d’ « Out of Africa » et qui pourrait s’intituler  « Back in Denmark »

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Après dix-sept années passées en Afrique, Karen Blixen pousse un jour la porte de la maison de son enfance. 

Elle revient contre sa volonté, le coeur brisé: l’amour de sa vie, Denys Finch Hatton, s’est tué dans le crash de son avion. 

Elle a dû abandonner sa ferme, ruinée, après l’échec de sa plantation de café malgré un travail acharné et le renfort financier de sa famille. Sa santé est fragile depuis des années – Bror von Blixen, son ex-mari, cousin au second degré et coureur de jupons invétéré, a eu la délicatesse de la contaminer avec sa syphilis à peine un an après leur mariage, et les effets secondaires du traitement ont dégradé sa santé.

La baronne Blixen rentre chez elle. Elle a quarante-six ans, en cette année 1931. Sa mère habite encore Rungstedlund, une vieille auberge  que son père a achetée en 1879, six ans avant sa naissance.

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C’est dans cette maison, face à la mer et face à la Suède, qu’est née Karen Christentze Dinesen en 1885. Elle a déjà une soeur aînée, une autre soeur et deux frères suivront après elle. Thomas, le plus jeune, deviendra son fidèle confident. Chez les Dinesen, seuls les garçons sont scolarisés. Les filles ont un tuteur à la maison, leur grand-mère et leur tante peaufinent avec rigueur leur éducation. Très tôt, Karen a appris à raconter des histoires à ses soeurs – elle écrit ses premières pièces à onze ans.

Dans les bagages qu’elle ramène d’Afrique, il y a sa petite machine à écrire, une Corona portative. 

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Sait-elle déjà qu’elle va se remettre à écrire? Elle avait bien tenté, dans sa jeunesse, d’embrasser une carrière littéraire. Mais les contes publiés sous le pseudonyme d’Osceola n’ont pas eu le succès escompté. Depuis toujours, elle s’interroge sur le sens qu’elle doit donner à sa vie. Il est peut-être là, dans sa valise.

Rungstedlund est accueillante, à l’image des derniers souvenirs qu’elle en a gardés avant de repartir pour le Kenya – elle affiche une élégance à la fois simple et aristocratique. Une aura, une histoire familiale, une chaleur aussi se dégagent de ses murs séculaires. 

Karen, doucement, en convalescence de son mal d’Afrique, va reprendre ses marques.

Dans cette maison, elle a toujours aimé la cuisine, lumineuse, ouverte sur le grand jardin. Elle y a passé des heures, à lire, lorsqu’elle était enfant. Un jour, cette cuisine aux éléments joliment vert pâle l’inspirera peut-être pour écrire un de ses contes les plus célèbres, Le festin de Babette.

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Les complémentaires

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Copenhague – Retrouvailles avec Jens Christian Grøndahl, après un Qu’elle n’est pas ma joie qui m’avait moyennement convaincue.

Ici, l’auteur danois interroge les identités culturelles, à travers l’histoire d’un couple sans histoires, David et Emma. 

Emma est anglaise, elle a tout quitté pour suivre son mari à Copenhague, sacrifiant une prometteuse carrière d’artiste peintre. David est danois – et juif. Jusqu’à présent, David n’a pas voulu se sentir concerné par son judaïsme, qu’il a toujours tu autour de lui.

Le matin du jour où Zoë, leur fille, veut leur présenter son nouveau petit ami, David se réveille avec une mauvaise surprise: la boîte à lettres de leur chic maison de la banlieue de Copenhague a été vandalisée, recouverte d’une croix gammée. David est sous le choc de cette provocation dont il ne comprend pas l’origine, et éprouve soudain une peur d’être démasqué.

Le même soir, lors du dîner où Zoë présente son petit ami afghan Nadeel, Emma évoque devant ce dernier le judaïsme de son mari – le malaise s’installe dans le dîner et au sein du couple, en même temps que David s’interroge sur son histoire familiale, et qu’il est poussé par sa mère à reprendre contact avec son ancienne petite amie – juive également, qui vient de tomber malade.

Tout cela ne serait peut-être rien sans le vernissage auquel Zoë convie ses parents, et dans lequel elle présente son projet artistique, une vidéo où elle se met en scène avec Nadeel, brouillant l’idée des cultures…

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