Les complémentaires

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Copenhague – Retrouvailles avec Jens Christian Grøndahl, après un Qu’elle n’est pas ma joie qui m’avait moyennement convaincue.

Ici, l’auteur danois interroge les identités culturelles, à travers l’histoire d’un couple sans histoires, David et Emma. 

Emma est anglaise, elle a tout quitté pour suivre son mari à Copenhague, sacrifiant une prometteuse carrière d’artiste peintre. David est danois – et juif. Jusqu’à présent, David n’a pas voulu se sentir concerné par son judaïsme, qu’il a toujours tu autour de lui.

Le matin du jour où Zoë, leur fille, veut leur présenter son nouveau petit ami, David se réveille avec une mauvaise surprise: la boîte à lettres de leur chic maison de la banlieue de Copenhague a été vandalisée, recouverte d’une croix gammée. David est sous le choc de cette provocation dont il ne comprend pas l’origine, et éprouve soudain une peur d’être démasqué.

Le même soir, lors du dîner où Zoë présente son petit ami afghan Nadeel, Emma évoque devant ce dernier le judaïsme de son mari – le malaise s’installe dans le dîner et au sein du couple, en même temps que David s’interroge sur son histoire familiale, et qu’il est poussé par sa mère à reprendre contact avec son ancienne petite amie – juive également, qui vient de tomber malade.

Tout cela ne serait peut-être rien sans le vernissage auquel Zoë convie ses parents, et dans lequel elle présente son projet artistique, une vidéo où elle se met en scène avec Nadeel, brouillant l’idée des cultures…

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Nyboder – Copenhague – octobre 2019

Les cultures et les conflits qu’elles engendrent, voilà un sujet intéressant, surtout traité à travers le regard de deux générations, celle des parents et celle des enfants: 

Le regard d’Emma, elle-même étrangère au Danemark, empreint de tolérance. Celui de David, qui rejette son identité. La quête de Zoë, qui cherche à réunir les différentes cultures – y compris celle de son petit ami.

Je n’avais pas cru que les gens deviendraient aussi obnubilés par leurs fichues racines, et par l’endroit « d’où ils viennent ». Ce n’est pas pour moi. Comme s’il n’était pas plus intéressant de se demander où l’on va, où l’on pense aller

Grøndahl livre une très fine étude psychologique, et au-delà des identités, ce roman analyse le couple, un couple dont j’ai aimé l’histoire même si elle est un peu trop tranquille. L’auteur aborde aussi la création artistique, la nécessité ou non de la reconnaissance.

Il y a dans ce roman une sorte de tranquillité dans l’intranquillité des personnages, qui me paraît être le reflet de la culture danoise. Une posture à l’opposé de notre caractère latin. Il y a à mon goût un peu trop de politesse, et ça manque de coups de sang, d’emportement : la maîtrise m’a un peu ennuyée, bien que la temporalité du roman soit très brève. 

Titre: Les complémentaires (Det gør du ikke)

Auteur: Jens Christian Grøndahl

Editeur: Gallimard

Parution: 2010

3 réflexions sur “Les complémentaires

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