Règle de voyage numéro 1: lire local!
Saison à Copenhague commence comme un conte. Normal, cette nouvelle est extraite des Nouveaux contes d’hiver, écrits par Karen Blixen.
Hiver 1870, la saison des mondanités et des bals a débuté, tout le gratin aristocrate danois se retrouve à Copenhague pour ces festivités.
Ib Angel y a retrouvé sa cousine Adélaïde, dont il est amoureux depuis sa plus tendre enfance. Une histoire impossible – il va bientôt s’engager pour combattre auprès de l’armée française… Le démarrage de la nouvelle m’a semblé bien compliqué et ennuyeux – laborieux. On met du temps pour arriver au cœur du sujet, découvrir nos jeunes protagonistes. À partir de ce moment, la nouvelle prend des allures de littérature russe (ou du moins, elle avait la saveur de mes anciens souvenirs), et c’est là qu’émerge sa beauté et la tristesse de cet amour impossible. J’ai aimé, brièvement, suivre les pas d’Ib dans mon quartier chouchou de Christianshavn.
Une lecture rapide mais néanmoins assez décevante pour ce démarrage avec Karen Blixen !
Titre: Saison à Copenhague
Auteur: Karen Blixen
Sur la couverture, une scène d’intérieur et une femme de dos – on croirait un tableau d’Hammershøi, maître danois, mais il s’agit de Carl Holsøe, contemporain du premier. Cette silhouette douce mais austère a le mérite de gommer l’image de celle qui pour tous est devenue Babette, Stéphane Audran.
C’est pourtant cette image forte d’avoir été oscarisée que la fondation Karen Blixen a choisi de faire hanter la cuisine de l’écrivaine dans sa maison de Rungstedlund.
Après La ferme africaine, Le festin de Babette (qui s’appela d’ailleurs avant Le dîner de Babette) est probablement l’oeuvre la plus connue de l’auteure danoise, alors qu’il ne s’agit que de l’un des nombreux contes qu’elle a écrits.
D’emblée, Karen Blixen nous enveloppe dans le récit, comme un enfant qui se réfugie dans un conte : « Il y a en Norvège un long fjord étroit, enserré par de hautes montagnes, le Fjord de Berlevaag (…). Deux soeurs vivaient dans une de ces petites maisons jaunes, il y a soixante-cinq ans, deux soeurs qui n’étaient plus dans leur prime jeunesse (…) » .
Martine et Philippa, les deux soeurs, avaient été belles, dans leur tendre jeunesse.
Filles d’un pasteur strict et pieux, mort depuis longtemps, elles étaient « baignées par la lumière de l’amour céleste » ce qui ne les empêcha pas de ravir malgré elles deux coeurs.
Pourtant, c’est le célibat qu’elles embrassèrent, se dévouant avec amour pour leur communauté restée fidèle à la mémoire du vieux pasteur.
Quatorze ans plus tôt, les deux soeurs avaient recueilli une communarde française, Babette, qui avait dû fuir la France et était devenue leur bonne – contre toute attente, sa venue changea leur vie, Babette étant une excellente cuisinière doublée d’une excellente gestionnaire, qui non seulement améliora leur quotidien mais leur permit aussi de réaliser de conséquentes économies.
Le jour où Babette remporte un prix de dix mille francs à la loterie, les deux soeurs craignent de voir Babette les quitter – mais celle-ci n’a qu’un seul dessein : offrir avec sa fortune un dîner aux soeurs et à la fidèle communauté du pasteur.
Bientôt, témoin des préparatifs et des étranges provisions qui arrivent, Martine s’affole du mal qui pourrait s’abattre sur les frères et soeurs de la communauté toute puritaine, qui promet de rester silencieuse, sans faire de commentaires sur ce qui passera leur bouche.
La magie entre alors en scène, le dîner se transforme en festin, déliant les bouches ravies des mets exceptionnels de la fée Babette…
Comme les convives, le lecteur est emporté dans le tourbillon de cette soirée menée en virtuose par une grande artiste des cuisines.
Si Saison à Copenhague m’a plutôt laissée de marbre, j’ai été entièrement conquise par la magie que Karen Blixen a insufflée à ce conte au charme un peu désuet mais tellement délicat.
Titre: Le festin de Babette
Auteur: Karen Blixen
Si vous décidez vous aussi de vous rendre au Danemark, je vous suggère également d’en profiter pour découvrir Jens Christian Grøndahl. Auteur danois prolifique, maître dans l’art de l’analyse psychologique, vous pouvez retrouver sur le blog les chroniques de Qu’elle n’est pas ma joie et Les complémentaires.