Dans la catégorie Roman Historique option Hollande 17ème siècle – avis à toi cher lecteur ou chère lectrice qui reste nostalgique de La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier, je vous ai déniché un petit nouveau : Bleu de Delft.
Bleu de Delft ne coupe pas à la règle de ces romans historiques « hollandais » qui nous baignent dans le monde de l’art. Forcément, le 17ème siècle fut riche de contributions en ce siècle d’or, et l’école hollandaise a eu une influence inestimable sur la peinture.
De La jeune fille à la perle à Les mots entre les mains, en passant par Miniaturiste, ce sont les femmes qui racontent l’Histoire. C’est également le cas dans Bleu de Delft, où une jeune campagnarde, Catrijn se retrouve veuve après une année de mariage.
Des bruits courent sur les conditions mystérieuses de la mort de son mari, si soudaine.
Alors Catrijn fuit, quitte la campagne, sa famille, ses amis, vend tous ses biens et entre comme intendante au service d’un riche couple d’Amsterdam (c’est d’ailleurs un autre point commun à toutes ces histoires, à bien y réfléchir…).
Auprès de sa maîtresse, jeune femme désoeuvrée qui prend des cours de peinture auprès d’un des élèves du grand Rembrandt, Nicolaes Maes, Catrijn éveille sa sensibilité à l’art, à la couleur et à la lumière.
Je n’arrive pas à détourner les yeux du tableau sur lequel Rembrandt travaille. Sur la toile, une jeune femme me regarde. Ses yeux sont peints avec un tel réalisme qu’ils semblent me dévisager. Comment peut-on atteindre un tel degré de fidélité? C’est incroyable.
Van Rijn a semble-t-il remarqué ma fascination. Il se tourne vers moi.
« Il te plaît? »
D’abord totalement déstabilisée par cette question, je me ressaisis.
« Cette femme me donne l’impression de lire dans mon âme, de tout savoir sur moi. J’en ai des frissons. Et puis cette lumière et ces couleurs! C’est le plus beau tableau que j’aie jamais vu, monsieur. »
Un sourire se dessine sur le visage de Rembrandt.
« Tu aimes l’art? »
Mais, poursuivie par son passé, Catrijn doit fuir brutalement Amsterdam et grâce à son maître, part se réfugier à Delft, où elle engagée dans une manufacture de faïence pour peindre des motifs sur la vaisselle.
Rencontrant Vermeer, qui n’est alors encore qu’un illustre inconnu travaillant dans l’auberge familiale, devenant l’élève d’un certain Carel Fabritius qui laissera à la postérité un petit tableau très célèbre – dont Donna Tartt fera le héros principal de son dernier roman, Le Chardonneret, Catrijn développe son talent d’artiste et sa maîtrise du pinceau.
Et c’est en épaulant son nouveau patron que Catrijn contribue à redémarrer par sa créativité l’activité de la faïencerie, imitant à sa façon les motifs de la porcelaine chinoise et développant le fameux Bleu de Delft.
Dans cette univers d’hommes, elle se bat pour trouver une place, tout en voyant planer de sombres menaces: celle de son passé, toujours, qui rôde et surtout, la plus terrible, celle qui peut tout dévaster: la peste.
Le cadre historique du roman est reconstitué avec beaucoup de précision et Simone van der Vlugt maîtrise parfaitement le flux de son récit. L’histoire se dévore, tout simplement.
Tous les ingrédients sont réunis pour rendre le récit passionnant: les descriptions des villes au 17ème siècle, leur architecture si spécifique que l’on peut encore admirer aujourd’hui, l’ambiance des villes, les personnages éminemment célèbres, les évènements historiques dramatiquement célèbres et bien sûr, la fabrication de la célèbre faïence de Delft.
Mais pour quelle raison, à la différence des romans précédemment cités, ne suis-je pas profondément enthousiasmée par cette histoire?
J’avoue avoir été rapidement énervée par le côté bluette du roman. Il faut dire qu’elle commence fort, Catrijn, en tombant dans les bras du deuxième venu (le premier étant le mari mort un peu plus tôt dans l’histoire) dès la page 26. L’auteure ne nous épargne pas les frissons, les baisers, les caresses qui descendent le long du corps qui frissonne – elle n’est pas prude, notre héroïne du 17ème siècle, loin de là!
Autre point négatif à mes yeux, la langue, que je n’ai pas trouvée assez travaillée « historiquement ».
Cela ne signifie en aucun cas que le roman est mal écrit, attention! Mais la langue souffre d’être trop contemporaine, trop moderne, ce qui ne colle absolument pas, à mon humble avis, au contexte du roman. Et sans les repères historiques, les descriptions architecturales ou vestimentaires, les personnages célèbres que l’on y croise ou le vocabulaire « technique » propre au Siècle d’Or, nous aurions tout le loisir de croire que Catrijn est une héroïne moderne, une de nos contemporaines. Une femme émancipée, qui prend en main son destin et suit ses passions, sans retenue.
Trop d’attentes pour Bleu de Delft, peut-être, mais pour autant ce roman reste un agréable moment de lecture, qui séduira les amoureux de cette Hollande historique.
★ ★ ★ ☆ ☆
Titre: Bleu de Delft (Nachtblauw)
Auteur: Simone van der Vlugt
Editeur: Philippe Rey
Parution: 2018
Bonjour, je suis en train de lire ce roman et je suis contente de trouver quelqu’un d’accord avec moi à propos du niveau de langue. Je trouve cela énervant au possible et m’empêche de « rentrer » dans l’histoire. En outre je trouve la facilité des rapports entre l’héroïne et ses employeurs ridicule.
Merci beaucoup pour votre article.
Aurore
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bonjour Aurore, merci beaucoup. C’est vrai que j’ai lu quelques publications sur ce roman, mais aucune ne faisait allusion à ce point troublant. J’ai vu que l’auteure avait sortie un nouveau roman, je pense que je tenterai tout de même la lecture… en espérant ne pas avoir à essuyer une nouvelle déconvenue! A bientôt!
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