La Famille

couverture du livre La famille
Il n’est pas aisé de démêler la Famille de la famille.

Sofia et Antonia en savent quelque chose. Depuis leur plus tendre enfance, elles vivent comme deux soeurs, à deux pas l’une de l’autre. Leurs mères Rosa et Lina aussi sont comme deux soeurs qui se soutiennent, les soirs d’angoisse, à attendre leurs maris Joey et Carlo, qui eux aussi sont comme deux frères.

Sofia et Antonia sont inséparables, par la force des choses: à l’école, bien que les fillettes ne sachent rien des activités de la Famille, leurs camarades les fuient et elles ne peuvent compter que l’une sur l’autre.

La Famille ne vous abandonne pas, que le vouliez ou non : lorsque Carlo disparaît mystérieusement, elle continue à prendre soin de Lina.

Nous sommes à Brooklyn, en pleine Prohibition, dans le quartier de Red Hook, et Joey Colicchio devient chef du quartier et bras droit du Patron, Tommy Fianzo.

Pas à pas, nous suivons Sofia et Antonia qui grandissent, avec leurs propres rêves. 

Au lycée, devenues anonymes, Sofia se fait populaire et impétueuse, aussi jolie que frivole. Antonia, discrète et sérieuse, rêve d’études, d’émancipation, et se promet de ne jamais épouser quelqu’un de la Famille.

Alors que la guerre déchire l’Europe et que Joey s’enrichit grâce à elle, Sofia et Antonia comprennent qu’elles ne contrôlent pas tout, et qu’on n’échappe pas à son Destin: la Famille est plus forte que tout.

Roman virtuose, « La Famille » est une extraordinaire histoire d’amitié, mieux, de sororité.

Evidemment, on pense au « Parrain », mais il m’a avant tout évoqué les si beaux romans d’Alice Mc Dermott qui, jusqu’à présent, n’avait pas son pareil pour raconter ce Brooklyn immigré des années 1930.

Emportés dans la narration au présent, nous sommes entrainés dans le sillon de Sofia et Antonia fillettes, jeunes filles, amoureuses, jeunes mariées, jeunes mamans –  et de toute la Famille. 

Le récit vibre de la force des deux amies, des choix qu’elles font, des périodes qu’elles traversent, de leur lien indéfectible. Il vibre de sensations, du souffle des phrases qui s’enchaînent, de l’acuité des mots qui donnent tant de véracité aux scènes, de la puissance que dégage chacun des personnages si justement incarnés, de l’énergie de ces femmes à travers lesquelles on observe la mafia.

A la puissance narrative du roman s’ajoute une dimension cinématographique – et si Sofia Coppola, dans les pas de son père, nous offrait le bonheur de tourner « La famille »? 

Coup de coeur absolu pour cette pépite littéraire, et mention spéciale à la traduction de Jessica Shapiro.

Titre: La famille

Auteur: Naomi Krupitzsky

Editeur: Gallimard

Parution: mars 2023