Ma vie sur la route – mémoires d’une icône féministe

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Pourquoi le nom de Gloria Steinem m’était-il inconnu jusqu’alors?

Parce que je ne suis pas une militante féministe?

Ou tout simplement parce qu’elle n’a pas été particulièrement médiatisée en France jusqu’à présent?

Je découvre avec ce livre impressionnant une icône américaine, une femme libre, qui a passé sa vie à sillonner les routes.

La route, elle la porte dans le sang avec un gène du voyage hérité de son père – nomade face à l’éternel, il a promené sa famille sur les routes américaines, où Gloria Steinem a passé la plus grande partie de son enfance. 

Quel est l’équilibre entre la maison et la route? Le foyer et l’horizon? Entre ce qui est et ce qui pourrait être?

Après des études de journalisme, c’est à la faveur d’un voyage de deux ans en Inde où elle sillonne les routes que le pouvoir de la communauté féminine et des cercles de parole se révèlent à elle. Quel meilleur moyen pour rassurer la population face aux émeutes des années 1950 – liées au système de castes –  que d’aller informer, rassurer, dissiper les rumeurs et juguler la violence? Gloria Steinem suit les membres d’un ashram de village en village et en ressort transformée.

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Je me rendais compte que, parce que les disciples de Gandhi écoutaient, on les écoutait. Parce qu’ils dépendaient de la générosité, ils suscitaient la générosité. Parce qu’ils empruntaient la voie de la non-violence, ils la rendaient possible. Auprès d’eux, j’ai appris une leçon qui me serait utile tout au long de ma vie de community organizer itinérante.

Si on veut être écouté, il faut écouter.

Si on espère que les autres vont changer leur façon de vivre, il faut savoir comment ils vivent.

Si on veut être vu, il faut regarder les gens dans les yeux

La vocation de Gloria Steinem prend racine dans ce voyage initiatique, et celle qui après son enfance chaotique sur les routes avait rêvé de se sédentariser, embrasse le tropisme paternel et part à son tour sillonner les Etats-Unis.

Brillante, empathique, généreuse, hyperactive, il n’y a pas assez de mots pour qualifier la militante et son engagement hors normes dans les combats qu’elle épouse, que ce soit contre la ségrégation, la guerre du Vietnam, pour la défense des amérindiens, et bien sûr, la cause féministe – pour laquelle elle crée plusieurs organisations de soutien ainsi qu’un magazine, Ms.

Aujourd’hui, son combat pour les femmes, et surtout le droit à l’avortement, fait plus sens que jamais alors que l’Alabama a adopté une nouvelle loi anti-IVG.

Engagée également politiquement, elle a couvert de nombreuses campagnes, dont celle de Hillary Clinton contre Barack Obama – choix difficile qu’elle explique:

Parce que je croyais qu’il était trop tôt pour qu’on accepte Hillary ou une autre femme à la tête des armées, je notai: A la place d’Obama, je ne me sentirais pas trahi si je n’obtenais pas l’appui d’une alliée de fraîche date, comme moi. A la place de Hillary Clinton, j’aurais peut-être l’impression d’être abandonnée si une fidèle de la première heure me désertait pour un nouveau visage. En d’autres mots: il n’avait pas besoin de moi pour gagner. Elle aurait peut-être besoin de moi pour perdre 

Femme de convictions, elle est aussi garante d’une fidélité à toute épreuve envers ceux qu’elle aime et d’une indéfectible amitié envers ses compagnes de route, qui sont tout autant de formidables portraits de militantes, à l’instar de l’activiste amérindienne Wilma Mankiller, chef de la nation Cherokee.

Ce récit autobiographique est aussi un fabuleux observatoire des Etats-Unis sur ces soixante dernières années, et offre une densité informative incroyable.

Construit de façon non linéaire, il est de temps à autre répétitif mais n’en est pas moins à mes yeux un livre nécessaire et incontournable.

Gloria Steinem va rejoindre Joan Didion sur le podium de mes icônes américaines.

Titre: Ma vie sur la route – mémoire d’une icône féministe (My life on the road)

Auteur: Gloria Steinem

Editeur: Harper Collins

Parution: 2019

 

 

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