
Au sud de l’Italie, le détroit de Messine sépare la Calabre de la Sicile.
Quelques kilomètres à peine, en bateau, distancient les deux villes Reggio de Calabre et Messine la sicilienne, au-dessous desquelles se rencontrent les plaques tectoniques africaine et eurasienne…
En cette fin d’année 1908, ils ne le savent pas encore, mais les vies d’un petit garçon et d’une jeune fille vont éclater en mille morceaux.
Côté italien, Nicola Fera, fils d’une famille respectable de Reggio de Calabre, se couche comme chaque soir dans la cave où sa mère, une femme aux prises avec la folie, l’attache dans son lit avec des cordes, de peur que le diable ne vienne voler son fils.
Côté sicilien, à Messine, Barbara vient d’assister à une représentation d’Aïda, le coeur gonflé d’espoir et des promesses d’une nouvelle vie. Elle est venue se réfugier chez sa grand-mère après avoir fui la petite ville de Scaletta Zanclea pour échapper au mariage arrangé par son père. Barbara veut lire, étudier, écrire comme son modèle Letteria Montoro.
Dans la nuit de ce 28 décembre, un séisme va détruire Reggio de Calabre, Messine, et leurs environs, faisant des dizaines de milliers de victimes – les survivants, miraculés, vont se retrouver à errer dans les décombres, torturés par la faim, meurtris par la soif, ils ont tout perdu.
Ainsi en va-t-il de Nicola, soudain délivré de l’emprise de ses parents enterrés sous les décombres, et de Barbara, qui a perdu sa grand-mère et renonce à tenter de retrouver son père.
Ce tremblement de terre est pour chacun d’eux une libération.
Nicola et Barbara ne se connaissent pas, mais le temps de quelques terribles minutes à bord d’un bateau venu porter assistance, ils se croiseront furtivement et ne s’oublieront jamais. Ce qu’ils vivront l’un et l’autre là sera bien plus violent que le séisme.
A Messine, on n’est plus qui on est, mais qui on peut être
Entourée de femmes qui la protègent dans une bulle de sororité, Barbara reprend sa vie en main dans l’attente d’un grand bouleversement, et des promesses de reconstruction qui tardent à venir.
Pendant ce temps, à Reggio de Calabre, les petits orphelins sont réunis dans les paroisses. Le pape a de grands projets pour eux: il va leur trouver de nouveaux parents, et ce sera pour Nicola, dans tous les sens du terme, un nouveau départ vers le nord de l’Italie.
Autour des arcanes d’un tarot, Nadia Terranova raconte tour à tour les destins de Barbara et Nicola. Au-dessus d’eux plane la présence bienveillante de Madame, une cartomancienne française qu’ils croiseront à des moments précis et les guidera à sa façon.
Flirtant avec le réalisme magique, l’écrivaine italienne livre un roman captivant à travers deux personnages inoubliables, dans un contexte historique immersif. L’émotion qui se mêle à la singularité de l’histoire en fait un roman d’une grande beauté, sublimé par la richesse de son écriture. Un immense coup de coeur.
Traduction: Romane Lafore
Titre: Tremble la nuit (Trema la notte)
Auteur: Nadia Terranova
Editeur: La Table ronde
Parution: février 2024