L’âge fragile

photo du livre L'âge fragile

Retour en littérature italienne avec Donatella Di Pietrantonio et ce si beau roman, premier coup de coeur de la rentrée de janvier.

Lucia habite un village des Abruzzes, dans le Sud de l’Italie.

Elle n’en est jamais partie, et aujourd’hui, sa fille Amanda, qui voulait à tout prix quitter la région pour étudier à Milan, est revenue sans explication. Elle s’est enfermée dans l’épais silence de sa chambre, et Lucia n’arrive plus à communiquer avec elle.

C’est au même moment que son père décide de donner à Lucia les terres qu’il possède, à l’écart du village, « Le Dente del Lupo », un éperon rocheux blanc comme une canine de loup, qui a donné son nom au terrain et à la forêt de sa famille, domine le village – et depuis trente ans, chacun ici s’est efforcé d’oublier le drame qui s’y est produit.

Mais le terrain, sur lequel avait été construit un camping abandonné depuis le drame, est aujourd’hui convoité par un promoteur. 

Que doit faire Lucia? Garder ces terres marquées du sceau du sang comme un fardeau trop lourd, ou le vendre?

Elle est prise dans un conflit psychologique accentué par la consternation d’Amanda qui n’avait jamais eu vent du drame dont sa mère et son grand-père furent témoins.

A travers ces réminiscences, Lucia interroge son passé mais aussi son présent et les tensions familiales qui l’écartèlent: son rapport à son père à cause de qui elle n’a jamais pu quitter le village des Abruzzes, sa séparation d’avec son mari qu’elle n’a pas voulu suivre à Turin, et son incapacité à comprendre Amanda.

A un certain moment, on perd la main sur la vie de nos enfants. Ils suivent seuls leur voie et nous jettent des regards impitoyables.

Basé sur un fait divers qui s’est déroulé dans les Abruzzes, c’est un roman très touchant que nous offre Donatella Di Pietrantonio. Dans un style à l’élégance sobre, elle nous invite à réfléchir sur les relations parents-enfants, et sur l’instinct de survie qui nous fait fuir pour trouver son propre refuge.

J’ai aussi aimé son regard fin sur la vie de ces paysans (mon dieu, comme j’ai été émue lorsque sa mère part pour la première fois en vacances, à Naples!), dont l’expérience de la vie montagnarde est loin d’être aussi idyllique que le fantasme des amoureux de la nature. Tel un mauvais conte où rôde le grand méchant loup, la montagne montre alors son côté sombre, celui qui engendre les pires tragédies.

La beauté qui nous entourait ne nous concernait pas. Nous n’admirions pas la nature, nous devions nous battre contre elle. Il suffisait d’un orage sur le blé mûr pour nous appauvrir un peu plus. Nous luttions contre le vent, les maladies des bêtes et les parasites des plantes. Cette même nature qui nous nourrissait nous affamait aussi. Quand nous sortions dans la vallée, nous ne savions pas nous comporter dans le monde 

Traduction: Laura Brignon

Titre: L’âge fragile (L’Étà fragile)

Auteur: Donatelle Di Pietrantonio

Editeur: Albin Michel

Parution: janvier 2025

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