Une douce émotion affleure dans les pages de cette Echappée douce.
Une émotion qu’on n’imaginait pas nous gagner aussi sincèrement.
Pourquoi?
C’est un roman qui convoque l’intime profond, aux cours de quarante-huit heures décisives dans la vie d’une femme et d’un homme.
Ce moment infime d’une vie où tout est en balance, où tout soudain peut basculer d’un côté ou de l’autre. Mais lequel? Le champ des possibles s’offre à eux.
Tout sépare Claire et Callum – leur âge, leur nationalité, leurs vies respectives.
Elle, mère de famille dans la quarantaine « mûre », artiste, terrienne, provinciale.
Lui, londonien, acteur renommé d’une série télévisée à succès dans la pleine puissance de sa jeunesse et de sa beauté.
Leur rencontre arrangée ressemble à un cliché, improbable.
Et pourtant, on sent sourdre quelque chose dans ces heures où chacun peu à peu, par la force des choses, observe, écoute, parle, se dévoile.
Où les sensibilités se télescopent et transforment la rencontre arrangée en escapade.
Où, se rapprochant petit à petit, déambulant dans Paris qui lève ses plus inattendus secrets de ruelle en passage, de pierre d’angle en pavé, de porte en jardin caché, les fêlures se précisent, les masques tombent, les âmes et les corps s’effleurent, se tournent autour, se rapprochent.
Elle entrevoit chez Callum une sincérité inattendue. Il ne semble pas porter de masque, même s’il ne se livre pas beaucoup. Des zones d’ombre, leur dissimulation légitime. La méfiance première semble dépassée. Le regard vert est limpide et franc lorsqu’il la regarde, pas de poignard en embuscade, de noirceur déguisée, parfois une tristesse passagère ou une colère sourde. Peut-être juste de la gentillesse, de la bienveillance, cette notion surannée que Claire affectionne chez les autres, mais dont on préfère taire le nom, aussi galvaudé que le terme « brave ».
Connaissez-vous cette sensation vertigineuse d’être un jour à la croisée des chemins?
Prendre à droite et foncer vers l’inconnu, ou continuer tout droit sur la ligne tracée de la vie qu’on a choisie en toute conscience?
C’est ce vertige-là, précisément, que Laurence Couquiaud analyse avec subtilité.
Le vertige d’être une femme dans la pleine conscience de son expérience de vie et des questionnements liés à son âge – ni tout à fait jeune, ni tout à fait vieille, et qui peut-être n’attend plus rien. Mais qui réalise qu’une étincelle est encore possible, prompte à allumer le feu au coeur et au corps.
L’auteure, qui manie la plume d’une élégance chevaleresque, distille le trouble en tissant son récit de sensualité délicate tandis que le corps et l’esprit se livrent un combat décisif.
L’échappée douce est le second roman de Laurence Couquiaud. Amoureuse des profondeurs maritimes, de l’Asie, ancienne chercheuse sur les mammifères marins, artiste céramiste, elle a insufflé sa passion de la vie et sa sincérité à ce roman particulièrement touchant.
Titre: L’échappée douce
Auteur: Laurence Couquiaud
Editeur: Mazarine
Parution: Mai 2019