Aya

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Difficile parfois de sortir de sa zone de confort quand on a du mal à dépasser certains a priori.

Le cliché de la femme blanche qui écrit un livre sur le pays dont elle s’est éprise, en l’occurence ici l’Afrique, en se glissant dans la peau de la petite fille noire avait tout pour me déranger, alors j’ai démarré cette lecture avec une réticence palpable.

Sans m’en apercevoir, pourtant, je me suis laissée porter dès les premières pages par l’histoire de cette petite Aya, à laquelle on s’attache vite. 

Aya a perdu son perd lors d’un naufrage, sa mère n’est plus que l’ombre d’elle-même, son frère a quitté l’île de Karabane en quête d’espoir pour sa famille – elle est seule face à l’oncle Boubacar qui abuse d’elle.

Mais dans l’innocence de ses douze ans, Aya reste une petite fille presque comme les autres, joyeuse, solaire, ravissante, et amoureuse depuis toujours d’Ousmane. Et les jours où elle veut oublier son terrible secret, elle trouve abri dans le tronc creux de son arbre.

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Aya s’est réfugiée dans son baobab rien qu’à elle. Elle se faufile au creux de l’arbre chaque fois qu’elle se sent menacée. A l’abri de la pluie, elle regarde les autres courir dans tous les sens. Les coups de tonnerre lui répondent, partageant sa colère.

La nuit est tombée, des éclairs allument le ciel et s’éteignent comme pour laisser gronder l’orage. Un, deux, Aya compte, on se croirait en plein jour, puis un, deux et c’est tout noir. La foudre est si près, elle se sent électrifiée, transformée en boule d’énergie. Aux premières loges, elle profite du spectacle, applaudit, puis resserre ses mains l’une contre l’autre. Et prie. On dirait que ça va exploser ce soir, que la vie, les gens, tout va s’arrêter. Le soleil ne va plus se lever. Elle fixe l’horizon. A chaque éclair qui illumine le ciel, elle voit un visage. Son père. « Papa, papa » et il a déjà disparu. Elle se sent prête à le rejoindre. Même pas peur.

Lorsque le secret prend trop de place en elle, et avant qu’il soit trop visible, Aya décide à son tour de quitter son île pour fuir à Dakar, où une nouvelle vie commence.

Aya est une histoire touchante de résilience. Pardonner, se reconstruire, avancer. Faire des choix pour soi en essayant de préserver les autres. Revenir vers ses racines, vers sa culture.

On devine chez l’auteure un amour passionné et sincère pour l’Afrique qu’elle a su retranscrire avec tendresse et émotion dans son roman.

Pour autant, il reste difficile, à mon sens, d’évoquer certains sujets de son point de vue de « blanche » tels que l’excision ou l’immigration et l’enfer de son parcours, sans tomber dans les clichés du genre.

De même, choisir de nommer des petites jumelles Aglaé et Sidonie m’a paru caricatural – détail infime mais qui n’était pas utile.

Malgré ces points sur lesquels j’ai un regard nuancé, Marie-Virginie Dru a réussi à éviter les écueils de l’histoire facile et a donné vie à une héroïne lumineuse tout en rendant hommage à la belle terre sénégalaise. 

Titre: Aya

Auteur: Marie-Virginie DRU

Editeur: Albin Michel

Parution: 2019

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