Munkey Diaries

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Je t’aime – moi non plus

Six petits mots.

Six petits mots pour une litanie qu’on ressasse en tournant la dernière page de ce journal, six petits mots sulfureux et troublants, susurrés par les voix mêlées de Jane et Serge.

Je t’aime, parce que l’amour est au centre de tout dans ce journal intime.

Moi non plus, parce que l’amour n’a de cesse d’être un va et vient permanent entre Jane B et ses hommes.

Jane Birkin n’a que onze ans quand elle démarre l’écriture de son journal, mais déjà, l’amour, le besoin d’aimer et d’être aimée sont omniprésents.

Une sacrée personnalité, déjà, cette petite Jane longue comme une liane et dégingandée, qui porte en elle la classe de ses origines bourgeoises mêlée à l’excentricité de ses ascendants artistes. 

Dans cette famille peu conventionnelle mais so british, les enfants Birkin sont pourvus de la meilleure éducation et entourés d’amour – Jane, complexée, élève passable à l’école, manque cruellement de confiance en elle.

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On sourit de ces lignes où le caractère de Jane Birkin s’affirme, Jane que l’on voit grandir au fil des pages pour quitter le nid familial au bras d’un séducteur, John Barry – dont on veut juste retenir qu’il aura offert le plus beau des cadeaux à Jane, sa petite Kate.

On a surtout envie de se concentrer sur sa rencontre amoureuse avec Serge Gainsbourg dans ces incroyables années 70 où ils théâtralisent leur histoire faite de beaucoup de clash, de coups, de tendresse, de show business, de voyages et d’alcool. Serge Gainsbourg a souvent été diabolisé, mais du point de vue de Jane Birkin, qui ne se pose jamais en victime, on découvre un être attentionné, qui peut bien sûr se révéler le plus égoïste des hommes, un homme aussi raffiné que ses principes de propreté sont douteux, un père tendrement affectueux. La vie de la tribu Gainsbourg est un tourbillon de vie, de fêtes, de surprises, d’amour.

A la lecture de ce journal, on découvre une Jane Birkin extrêmement attachante. 

L’image d’ingénue qui lui collait à la peau n’était pas factice, mais au contraire le reflet sans filtre de sa personnalité spontanée, hyper sensible, sincère, aimante, et aussi d’une bonne humeur constante.

Il y a beaucoup d’humour et d’autodérision dans ses récits, il est si bon de lire qu’elle est une mère comme les autres qui craque d’entendre ses enfants pleurer, mais une mère emplie d’amour pour ses filles. D’ailleurs, on ne peut s’empêcher de sentir notre coeur se serrer en lisant les lignes adressées à Kate un jour de 1980:

Ma petite Kate, si un jour ta fille a 12 ans, lis cela, toi qui m’as donné tant de plaisir, tant de joies, pourvu que ta fille soit aussi douce que toi, tu l’as été pour moi, et n’oublie pas, même à 60 ans, même à 100, tu es mon bébé et je te prendrai dans mes bras quand tu auras besoin de moi. Et même si je ne suis pas vivante, et si toi, à 100 ans, tu as besoin de moi, pense à cette nuit et mes bras seront autour de toi pour toujours, je te bercerai, je t’embrasserai si tu as mal, tu me fais pleurer de te voir malheureuse, quand tu dormais, tes cheveux étaient mouillés par mes larmes, je ne peux pas te voir triste, ma petite Kate, ne sois pas triste, la vie va être si gaie avec toi, mon Dieu comme je t’aime. 

Contrairement à beaucoup de lecteurs, j’ai ouvert ce journal sans beaucoup de motivation et d’attentes, dans le cadre du Grand Prix de l’Héroïne. Je n’aurais pas imaginé en sortir aussi touchée. 

Rien de tout ce que l’on connaît de Jane Birkin par le prisme iconique de ces années 70/80 n’est exagéré, ni son petite panier, ni son besoin désespéré de plaire pour surmonter ses complexes, ni sa profonde gentillesse, ni son joli grain de folie.

J’ai aimé le regard assumé qu’elle pose aujourd’hui sur des lignes écrites il y a plus de quarante ans par le biais de commentaires, j’ai adoré les petits dessins qui ponctuent les carnets.

Jane Birkin est anglaise, mais elle est notre icône.

Titre: Munkey Diaries

Auteur: Jane Birkin

Editeur: Fayard

Parution: 2019

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