Le roman s’ouvre sur une nuit de pleine lune, au bord d’un lac, dans le mystère opalescent des contes, où les ombres tapies attendent dans l’éternité de l’amour.
Depuis qu’elle est enfant, Lise est subjuguée par les histoires d’amour et les contes.
Tient-elle ce goût des légendes de celles que sa grand-mère paternelle, lui racontait dans la langue de son pays lointain?
Fuit-elle dans le merveilleux des contes les histoires que sa mère, perverse marâtre et affabulatrice, lui rabâche pour la faire douter de ses origines et éprouver son attachement ?
A quelques pas du pavillon familial, les ruines du château d’Etambel, où seule subsiste la Chambre des Larmes de la noble Agnès d’Etambel, cristallisent tous ses rêves de petite fille.
Lorsqu’elle rencontre Louis, tout se déroule comme dans les contes de son enfance.
Louis est un jeune homme d’une beauté affolante, en provenance directe de la grande bourgeoisie qui fabrique les élites. Louis est riche, intelligent, fort d’une confiance en soi et des prérogatives de sa classe sociale. Et il tombe amoureux de Lise.
L’invisible petite fille, l’ingrate métisse brune aux modestes origines, qui ne doit ses succès scolaires et sa place dans l’Ecole qu’au mérite d’un travail acharné, est devenue une jeune femme séduisante, dont la culture littéraire et cinématographique éblouit le jeune nanti.
Dans l’Ecole où ils étudient, Lise a rencontré son prince et se jette à corps et à coeur dans cette histoire qui lui offre soudain une vie où tous les rêves semblent possibles – comme dans un conte.
L’hôtel particulier des parents de Louis lui ouvre ses portes, tandis que leur villa normande abrite les week-ends des deux amoureux. Lise est subjuguée par la volupté de ce luxe, par l’éclat si naturel de la richesse qui fait briller cette famille, tandis que la sienne est si terne, si insignifiante, si ignorante (pense-t-elle).
Comme dans les contes, un jour l’enchantement cesse, le prince devient moins charmant et les rêves se brisent: Louis et Lise se déchirent, comme ils se sont aimés, avec rage et désespoir sans entrevoir, au loin, la malédiction qui se fraye déjà un chemin.
(…) et tandis que je me répétais que ce n’était pas possible, que nous n’avions aucun avenir ensemble, que nous nous ressemblions trop peu pour bâtir quoi que ce fût, mon corps, lui, ne parvenait pas à s’arracher à cette étreinte. Mon corps qui perdait de sa raideur et s’alanguissait peu à peu sous la main de Louis, mon corps me disait comme il me l’avait toujours dit que c’était là ma juste place, dans les bras de Louis, yeux fermés, joue contre joue puis bouche contre bouche, nos corps inséparés et inséparables, habillés et bientôt nus, fondus et confondus, peau contre peau, sexe contre sexe, nos corps enlacés, nos mains, nos ventres et nos langues, lui en moi et moi sur lui, rien d’autre ne comptait, rien d’autre n’avait d’importance.
Cela doit s’appeler le génie littéraire, cette façon de vous conduire aussi loin dans une histoire et de vous mener l’air de rien par le bout du nez. Dans la densité de cet incroyable roman, où Minh Tran Huy explore l’exil, les douleurs de l’enfance – celle de Lise, mais aussi celle de sa mère, les secrets de famille et le poids des origines (la découverte du pays de son père est un magnifique moment), et le besoin d’amour absolu et charnel, la narration est aussi parfaite que l’écriture de Minh Tran Huy est raffinée et précise.
Troublante histoire où le génie maléfique plane en silence sur l’histoire, Les Inconsolés appartient à ces livres qui vous prennent par surprise, et dont on reprend la lecture à rebrousse-page une fois terminé…
Titre: Les Inconsolés
Auteur: Minh TRAN HUY
Editeur: Actes Sud
Parution: 8 janvier 2020
Je le commence très vite et j’ai encore plus envie de le lire….j’aime beaucoup les histoires relatées sous l’angle du conte, et la photo du palais décati est …incroyable!
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j’ai hâte de savoir ce que tu en penses!
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D’elle, j’ai lu son roman sur une « fausse pianiste »; j’ai oublié le titre. J’avais plutôt aimé. Celui-ci me tente un peu moins mais je le retiens quand même.
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Je la découvre avec Les inconsolés, donc je n’ai aucun point de comparaison! Mais ses autres romans m’intéressent. A suivre!
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Je ne connaissais pas du tout… tes mots sur ce livre me plaisent beaucoup.
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Merci beaucoup ! C’est un roman d’une grande finesse littéraire, j’espère qu’il va rencontrer le succès qu’il mérite
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