
Je croyais que l’été de ses seize ans on vivait des choses mémorables, je croyais qu’on avait un amoureux, des amis et des bêtises à faire tous ensemble, l’été de ses seize ans. Pour moi, ce n’est vraiment pas le cas.
Océane, une fille du lycée, a disparu. Elle et Justine ont en commun d’avoir seize ans, et d’habiter ce village où il ne se passe rien. D’habitude.
Tout le monde cherche Océane, depuis des semaines. C’est l’été, la canicule, et sa mère interdit à Justine de quitter la maison – tant qu’on ne sait pas ce qui est arrivé à Océane. Tant qu’on n’a pas retrouvé Océane.
Océane remplit cet été vide, et s’invite dans ses cauchemars.
Justine voudrait avoir un amoureux, comme sa meilleure amie Mathilde qui la néglige depuis qu’elle sort avec Quentin, elle voudrait avoir des frères et soeurs, des parents avec qui elle pourrait fumer des cigarettes et boire une bière, comme Mathilde.
Justine est seule dans la torpeur de ces journées sans fin, à peine quelques moments en ville, au cinéma, au fast food.
Elle aimerait partir, être libre. Et être aimée.
Et puis un jour, il y a cet homme, Vedel, qui vient entretenir le jardin de sa mère.

Vedel, il a ce nom, ce nom avec ces sonorités si douces. Chaque syllabe est ronde, courbe, on dirait l’océan qui roule, la vague qui s’écrase, qui se tend, qui caresse. L’eau veloutée de l’océan, Vedel.
Vedel, lui, la voit, Vedel l’écoute, Vedel lui sourit. Vedel ne la regarde pas comme une petite fille de seize ans. Vedel l’électrocute et il l’apaise, Justine ne s’est jamais autant sentie à sa place qu’en sa présence, peu importe qu’il ait quarante ans et qu’elle en ait seize. Avec lui, elle imagine, elle pourra quitter cette vie-là, fuir, vivre son grand amour.
Cet été dure trois mois, c’est le plus long de sa vie, et c’est celui qui la marquera à jamais.
Je ne veux plus avoir seize ans. Et je ne veux plus être l’enfant de personne ».
L’éblouissement n’appartient pas qu’aux petites filles – c’est devenu aussi le mien, ce sera peut-être le vôtre, face à ce remarquable roman de Timothée Stanculescu, où les contradictions de nos seize ans, si proches, si lointains, sont retranscrites avec tant de justesse et de délicatesse. La fièvre de l’émoi amoureux et sensuel vibre à travers l’écriture intense, lumineuse, de son auteure.
J’ai la certitude que la vie avec Vedel serait belle et facile, solaire. J’ai envie de dire amour infini, mais je ne sais pas si c’est de l’amour, cette sensation étrange qui m’écrase. Ce tremblement émerveillé et plein d’effroi quand il est là, et aussi quand il ne l’est pas. Le souvenir de ses mains autour de ma cheville, comme une image de mon corps tout entier par lui enlacé. Je sens que je suis pleine d’une connaissance nouvelle, d’un savoir jusque-là interdit. Comme si j’étais sortie de ce que j’étais et me tenais dans un espace indéfini. Quelque part sur le seuil d’une autre vie possible, d’un destin d’amant qui s’ouvre devant moi.
Dans la lignée des grands romans d’apprentissage, « L’éblouissement des petites filles » nous dit tout de ces montagnes russes émotionnelles de l’adolescence, et de cet âge auquel on aimerait tant échapper. Un immense coup de coeur et une auteure à suivre!
Titre: L’éblouissement des petites filles
Auteur: Timothée Stanculescu
Editeur: Flammarion
Parution: Août 2021
Il me tente beaucoup !
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Il me fait penser à La chaleur de Victor Jestin sur les sentiments adolescents et cette moiteur du récit…
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C’est vrai, tu as raison!
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