Une arche de lumière

Une arche de lumière Dermot Bolger
Books moods and more

Quoi que la vie te réserve, promets-moi de te battre bec et ongles pour le droit au bonheur

Soufflée par sa mère le jour de son mariage en 1927, cette phrase guidera la vie tumultueuse d’Eva Fitzgerald à travers le 20ème siècle. Une injonction à être heureuse, quoiqu’il arrive.

Un jour de 1949, Eva Fitzgerald quitte son mari et le comté de Mayo. Ses enfants sont grands, elle n’a pas 50 ans, il est temps pour elle de prendre un nouveau départ. 

Ainsi démarre une vie singulière, où elle s’émancipe dans les limites d’un divorce interdit, et de moyens financiers réduits au strict minimum. 

Eva est une artiste, à la recherche de sa voie (enseigner l’art aux enfants, écrire), et de sa liberté – elle n’hésite pas à partir d’Irlande pour voyager de l’Espagne au Maroc (dès lors que celui qui est toujours son mari l’autorise à avoir un passeport), s’installe en Angleterre, survivant modestement grâce à de petits emplois bien éloignés de sa condition sociale d’origine. 

La Dryade (1910) et autres photos de John Cimon Warburg

Militante engagée dans les combats qu’elle embrasse au nom de la liberté et du respect des animaux et de la nature, Eva est aussi une mère qui n’a de cesse de protéger ses enfants contre les difficultés de l’existence: Francis est un garçon sensible qui vit tant bien que mal son homosexualité dans une société qui la criminalise, et la fougueuse Hazel part vivre au Kenya auprès de son mari. 

La vie d’Eva est jalonnée d’épreuves redoutables, qu’elle dépasse en se rappelant la promesse faite à sa mère. Etre heureuse est un devoir, quitte à choquer ceux qui s’offusquent de voir cette femme en plein deuil qui ose être joyeuse.

De retour en Irlande dans les années 1970, Eva s’installe dans une caravane au milieu d’un champ dans le comté de Wexford – cette « Arche de lumière », telle que l’a surnommée sa petite fille, accueillera désormais ceux qui souffrent ou cherchent leur voie – femmes, hommes et animaux.

Dans une postface qui donne une dimension encore plus éblouissante à notre lecture, Dermot Bolger dit de son héroïne « Elle n’était pas heureuse grâce à la vie, mais en dépit de tout ce que la vie lui avait volé ».

« Une arche de lumière » est une époustouflante fresque romanesque qui change notre regard sur la vie.

Peut-on être heureux quand ceux qu’on aime disparaissent, et quand on ne possède plus rien?

Eva s’est dépouillée de tout, et n’a jamais eu peur de ne plus « posséder », gardant tant qu’elle pouvait l’essentiel (ses livres, ses photos), survivant un temps sans eau ni électricité dans sa caravane, se nourrissant frugalement. Eva nous prouve que l’existence peut être heureuse malgré les souffrances, même lorsqu’on se détache du matériel – ou peut-être, justement, parce que l’on s’en détache.

Cette oeuvre s’inscrit dans l’histoire de l’Irlande (Eva a été témoin de son indépendance) et d’autres grands évènements du 20ème siècle – Dermot Bolger est le témoin et le passeur de cette extraordinaire épopée féminine.

Eva Fitzgerald est la version romancée de Sheila Fitzgerald, née Sheila Goold Verschoyle, qui a joué un rôle fondamental dans la carrière d’écrivain de Dermot Bolger, écrivain irlandais né en 1959 et considéré comme l’un des plus brillants de sa génération. Dans son roman « Toute la famille sur la jetée du Paradis », Dermot Bolger raconte l’extraordinaire famille de Sheila et plus particulièrement ses frères engagés dans l’idéologie communiste.

Traduction: Marie-Hélène Dumas

Titre: Une arche de lumière (An Ark of Light)

Auteur: Dermot Bolger

Editeur: Joëlle Losfeld

Parution: janvier 2022

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