
Elles sont trois trentenaire – tellement loin de ce que je pouvais être au même âge que soudain je me suis sentie vachement vieille, et j’ai bien cru que je ne parviendrais pas à les aimer.
Trois filles paumées qui paraissent à peine sorties de l’adolescence.
Louise souffre d’un « trouble anxieux généralisé » et vient d’abandonner son poste de journaliste et carbure au Xanax. Rose, elle, vient de divorcer de Léandre et soumet son corps à des tortures obsessionnelles.
Jenna est strip-teaseuse, et, contrairement aux deux premières qu’elle a du mal à supporter, elle assume parfaitement son corps (sexy) et sa vie (libre) – jusqu’à l’appel qui lui annonce que son père est hospitalisé.
Elle quitte Grenoble pour retourner voir sa famille en Auvergne, suivie de Louise et Rose décidées à soutenir leur copine – que Jenna voit plutôt comme deux insupportables boulets.
Mais elle se laisse convaincre de poursuivre cette échappée vers St Jean de Luz, dans la maison de vacances des parents de Rose.
Là, elles vont apprendre à se délester du poids encombrant des angoisses, faire des rencontres, laisser parler leurs corps, apprivoiser la liberté, le désir, les névroses et tenter la possibilité d’être enfin, peut-être, en accord avec elles-mêmes.
Il y a quelque chose d’incandescent dans l’écriture, comme ces trois filles.
C’est rebelle et cru comme Jenna, qui se fout des conventions, c’est ultra sensoriel comme Rose qui décrypte toutes les odeurs de la vie, c’est sensible comme Louise qui a peur de vivre sans anxiolytiques et ne veut plus s’abandonner à l’amour quand il se présente.
Joanne Richoux est indéniablement une vraie plume, elle livre un roman très touchant qui percute, et offre l’espoir de la réconciliation avec soi-même.
Autour d’une piscine à l’eau bleue, façon colorant alimentaire, des femmes sont étendues sur des transats, combattent le soleil à l’aide de chapeaux, de lunettes, d’écran total. Renfrognés, leurs maris feuillettent le journal en se léchant l’index. Une poignée d’enfants serpentent, s’asseyent au bord de l’onde. Parmi eux, Chloé. Elle trempe les orteils dans la piscine, étudie le décor, puis se gratte le duvet des cuisses, des pensées plein les cheveux. Le mystère des garçons. Elle pose des regards lourds sur les hommes. Leurs ventres en gelée, les poils de gorille. Le défendu, sous les bermudas moches. Répugnant et inévitable. Jenna l’observe. Ses membres élastiques de gosse, sa peau comme un fruit, bronzage easy, teinte caramel en une heure. Zéro bobo, ou ça guérit sans qu’on y pense. Zéro tuyau. La possibilité de courir, continuellement, de s’esclaffer, de taper l’incruste avec mille gamins inconnus.
Titre: La peau des filles
Auteur: Joanne Richoux
Editeur: Actes Sud
Sortie: mai 2022
Livre parfait pour l’été j’imagine 😉
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