Un voyage qui vire au cauchemar…
Aurore et son compagnon Wilfried sont partis passer leurs vacances d’été en Ecosse. Mais à peine arrivés, Wilfried change de comportement, devenant distant avec la jeune femme. Ombrageux, il n’a plus rien à voir avec celui dont elle est tombée amoureuse quelques mois plus tôt – tout le monde l’avait pourtant mise en garde contre ce garçon. Lors de leur ultime randonnée dans les Highlands, avant le retour en France, Aurore fait une mauvaise chute. Et Wilfried, parti chercher les secours, ne reviendra pas, l’abandonnant sur la lande avec une cheville disloquée. Elle ne devra son salut, après une nuit angoissante et douloureuse sous la pluie, qu’à un couple de touristes allemands égarés.
Blessée profondément dans son âme par cet abandon inexplicable, la chair d’Aurore est également meurtrie : les dégâts causés lors de sa chute, aggravés par le temps perdu à attendre les secours, sont irréversibles. Elle va devoir se reconstruire, apprendre à rééduquer ce corps et vivre avec son handicap. Aurore est devenue la boiteuse, mais ce n’est pas seulement sa jambe qui boite, c’est son cœur aussi. Ayant perdu toute confiance en elle, comment se reconstruire, comment faire confiance à l’autre après l’abandon de Wilfried qu’elle ne sait pas expliquer ? Humiliée, n’osant pas avouer à son entourage les circonstances de son accident et le comportement inexplicable de Wilfried, Aurore se coupe du monde, s’isole, trouvant son seul réconfort dans ces longueurs de piscine qu’elle fait chaque jour pour se réapproprier son corps.
Décidée à oublier , des événements inquiétants menacent cependant Aurore, et peut-être même Wilfried, quelque part… Alors, dans une enquête qui la ramènera sur la terre écossaise qui porte encore sa douleur, Aurore ira chercher la vérité qui pourra l’amener vers l’apaisement.
C’est un récit intense et sincère que livre Françoise Grard, tracé d’une plume à la fois poétique et sensible.
Plume sensible, car on vibre en totale empathie avec les souffrances d’Aurore. On s’attache instantanément à elle, dès les premières phrases du roman : Aurore est une jeune fille vulnérable, à peine sortie de l’enfance, dont elle porte encore les rondeurs et le mal-être. Elle a traversé déjà des épreuves (le décès de la mère, l’abandon du père), et son besoin d’être aimée l’a jetée à corps perdu dans une histoire d’amour d’emblée vouée à l’échec, mais à laquelle elle s’est entêtée de croire malgré les avertissements des uns et des autres.
Plume poétique aussi, qui décrit avec délicatesse les sentiments comme la nature et les magnifiques paysages des Highlands.
Tantôt douce, tantôt profonde, l’écriture de l’auteure pénètre les personnages et analyse finement leur psychologie.
Pendant une longue partie de cette lecture, je me suis interrogée sur la raison qui classait ce roman dans la catégorie des livres jeunesse, car le récit, et l’écriture de l’auteure, très maîtrisée, ne donnent pas le sentiment de s’adresser à un public « jeune ». Toutefois, les ressorts du thriller, un peu exagérés dans le contexte, semblent effectivement plus destinés à un public « moins averti » (désolée, mais je n’arrive pas à me faire à la dénomination « young adult »! A quel âge est-on un « young adult »? A quel âge devient-on un « old adult »?)
Ce roman reste néanmoins une jolie découverte, et démontre une nouvelle fois que la littérature jeunesse n’est pas un sous-genre mais au contraire un genre à part entière, riche, imaginatif. Avoir une fille ado me rend davantage curieuse de cette littérature, et en sus j’ai la chance d’avoir une libraire amoureuse du genre qui m’en fait découvrir les perles ! Me revient cependant en mémoire un échange avec une écrivaine connue qui me disait que les auteurs jeunesses sont bien moins rémunérés que les autres, preuve que le genre doit encore gagner ses lettres de noblesse.
Titre: La boiteuse
Auteur: Françoise Grard
Editeur: Gulf Stream
Parution: 2016
Il m’intéresse vivement. Je suis plongée dans un roman de randonnée cauchemardesque. Et j’ai envie de récidiver avec ce roman pour ado.
Ton ado aime lire? Ma pré-ado, non. Ce n’est pas faute d’avoir un modèle de lectrice avide sous les yeux, hein! Ça viendra, j’imagine.
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oui, elle adore lire! c’est un peu plus difficile avec les classiques quand elle est contrainte au collège, mais je crois que nous sommes nombreux à avoir ce souvenir! J’adore lui choisir des romans, ou alors c’est elle qui s’informe et me demande d’aller lui chercher. J’ai découvert le genre avec elle il y a quelques années, et j’y prends beaucoup de plaisir. J’ai pris une véritable claque le jour où on a lu (elle, puis moi) Nous les menteurs, de E. Lockhart – le connais-tu? c’est le genre de roman que tu relis une fois que tu arrives à la fin, et quelle fin! pour comprendre tout ce que tu as loupé. Je te rassure, mon deuxième est moins intéressé par le genre romanesque. Par contre il dévore les BD et les manga, donc je me dis que rien n’est perdu!!
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Je passe mon temps à l’amener à la librairie. Elle a toujours carte blanche pour se choisir un roman. Le hic, c’est qu’elle les lit rarement. Toutefois, comme ton fils, elle est très friande de manga!
Je pars à la chasse aux infos pour « Nous les menteurs ». Tu piques ma curiosité.
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Quel salaud ce Wilfried! En effet ce roman à l’air d’être destiné tous publics c’est bizarre ce classement
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Encore un mec à problèmes!!!
Je pense que pour de nombreux auteurs, c’est plus faciles de « percer » dans la littérature jeunesse, qui a un rythme de sorties très soutenu (et accessoirement, les auteurs sont moins rémunérés que dans la littérature classique)
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aaaah tout s’explique! merci pour ton érudition 😉
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