La menace

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L’histoire débute comme un conte de fée mais tourne vite au cauchemar.

Rachel, jeune trentenaire londonienne née dans la misère qui s’est battue pour s’extirper de sa condition, rencontre un jour le beau David Kerthen, avocat riche et brillant. Et profondément meurtri aussi, car il fait le deuil de sa jeune épouse Nina Kerthen, décédée mystérieusement quelques mois plus tôt. Rachel tombe sous le charme de David et de son petit Jamie de huit ans, qui a tant de mal à se remettre de la mort de sa mère – et très vite ils se marient. Rachel abandonne alors sa vie londonienne et emménage à Carnhallow, le manoir familial situé en Cornouailles. Elle s’installe dans la magnifique mais mystérieuse demeure, s’occupant de Jamie,  entourée de Cassie l’employée de maison thaïe et de Juliet, la maman de David malade d’Alzheimer, tandis que son mari continue à mener en semaine sa vie professionnelle à Londres. Rachel entreprend également de continuer les travaux de restauration du manoir, commencés par Nina – mais le fantôme de celle-ci plane au-dessus de Carnhallow, troublant le bien-être de la famille recomposée. Jamie, persuadé que sa mère n’est pas morte, commence à prononcer des prophéties qui se réalisent, inquiétant terriblement Rachel, jusqu’au jour où le petit garçon lui annonce que cette dernière mourra à Noël… commence alors un terrible compte à rebours, où Rachel se met à douter de tout, de David qui ne lui a pas dit toute la vérité sur la disparition de sa femme, dont le corps disparu dans une mine n’a jamais été retrouvé,  et surtout d’elle-même, qui sent renaître en elle les démons de la folie, qui l’avaient conduite à l’internement psychiatrique quelques années plus tôt…

Le moins que l’on puisse dire, c’est que S.K. TREMAYNE sait parfaitement nous tenir sous tension et que son thriller psychologique est un vrai page-turner ! Première découverte pour moi de l’univers du romancier, j’ai d’abord été surprise par l’agencement de l’histoire et du décor, me croyant dans un remake de Rebecca de Daphné du Maurier : tel Manderley, Carnhallow apparaît après avoir franchi les arbres du domaine, tandis que pas loin de la demeure, la mer déchaînée rugit. Telle la jeune et nouvellement épousée Madame de Winter, issue d’un milieu inférieur à celui de son mari plus âgé qu’elle, Rachel découvre une demeure ancestrale où tout évoque la première épouse disparue, son raffinement, son rang social, son éducation. Telle Rebecca de Winter, Nina Kerthen a disparu dans les eaux glacées de la mer, sans qu’on la retrouve, et son ombre mystérieuse rôde, silencieuse mais si présente. Telle Rebecca de Winter qui hante et poursuit la jeune Madame Winter, Nina Kerthen hante la nouvelle Madame Kerthen… Les points communs s’arrêtent là, pas de maléfique Madame Danvers, même si j’avoue avoir  attendu un long moment pour voir si Cassie aller se montrer  aussi démoniaque, pas de bateau échoué dont on remonte la carcasse… Ici, ce sont les mines de Cornouailles qui aimantent le lecteur, et donnent lieu à de grandioses descriptions de paysages, de falaises balayées par les tempêtes, et des minutes de promenades angoissantes dans les dangers extrêmes de cette côte torturée. S. K. TREMAYNE nous apprend ainsi que la côte de Cornouailles regorge de minerai (15% du minerai mondial s’y trouve !) et que le cuivre et l’étain y sont exploités depuis plus de 3000 ans ! L’activité s’est particulièrement développée eu 18ème et 19ème siècles, donnant lieu à la construction d’édifices dédiés, qui aujourd’hui hantent encore les falaises de Cornouailles. Le romancier restitue clairement l’épouvante du travail minier et des conditions de travail extrêmes de ces hommes qui descendaient, coiffés de leur chapeau de feutre surmonté d’une chandelle de suif,  par des cages brinquebalantes pour rejoindre les galeries creusées sous la mer, de ces enfants qui, très jeunes, les rejoignaient pour effectuer des travaux tels que le tri des cailloux. Et la mort prématurée qui s’emparait de toutes ces jeunes âmes aux poumons détruits par les particules de la mine. (ici une petite balade sur le site de  L’Unesco et les paysages miniers de Cornouailles s’impose).

Si le lecteur est vite emporté par une intrigue qui interroge beaucoup et fait douter successivement des personnages, la chute m’a paru moyennement crédible et mon être rationnel ne sait pas s’accommoder d’autant de hasards incroyables qui mènent à un dénouement pour le moins surprenant et tiré par les cheveux. Je reste donc sur ma faim, même si je retire un plaisir certain de cette ballade en Cornouailles.

S.K. TREMAYNE est un romancier et journaliste britannique. La menace est son deuxième thriller psychologique.

Merci à Emma du blog eemmabooks.worpress.com grâce à qui j’ai pu découvrir ce roman – et n’hésitez pas à aller découvrir son interview du romancier sur son blog Interview par Eemma Books

Titre : La menace (The fire child)

Auteur : S. K. TREMAYNE

Editeur : Presses de la cité

Parution : 2017

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