Il y a des étés qui changent tout, qui balayent d’un coup tout ce que vous avez pu être, font disparaître les vestiges de l’enfance et augurent de l’adulte en devenir.
Coralie a 18 ans, et l’été 1993 a fait basculer sa vie.
Ving-cinq ans plus tard, à la faveur d’un faire-part de mariage inattendu, tandis qu’elle s’interroge face au trouble qu’éveille en elle l’invitation – ira-t-elle, n’ira-t-elle pas? – elle replonge dans les souvenirs de cet été initiatique.
1993, flashback – Coralie s’ennuie dans le modeste pavillon de banlieue que son père a déserté, la laissant avec sa mère aigrie par son amertume et son petit frère. L’invitation de Soline, son amie de fac, à la rejoindre dans la maison familiale en Dordogne est une échappatoire inespérée.
Dans un écrin de campagne, avec une rivière en contrebas, s’étend le magnifique domaine des Weyers. Une maison familiale, sorte de vieux castelet aux pierres blondes, débordante de convives.
Impressionnée par ces invités issus d’un milieu social, culturel et intellectuel qui n’est pas le sien, Coralie va louvoyer et trouver sa place comme chacun, adultes et enfants, vaquant en journée à ses occupations ou languissant, pour mieux se retrouver le soir à l’heure du rosé, dès 19 heures tapantes.
Coralie est galvanisée par ce monde inconnu dont on lui a ouvert la porte, les conversations , les livres et les personnes qu’elle côtoie nourrissent son esprit romanesque et le petit carnet dans lequel elle consigne tout.
En face de la propriété, un camping apporte une animation qui est vue d’un mauvais oeil par les Weyers, surtout lorsque les jeunes gens de la maison s’acoquinent avec des campeurs de leur âge – Coralie la première, découvrant les jeux de l’amour et du hasard et s’éveillant à la sensualité entre Marco le campeur, Thomas, l’ami d’enfance de son amie, et Soline.
La clé, c’est que j’avais dix-huit ans et qu’on n’est pas sérieux à cet âge-là
Bientôt pourtant, le bonheur bon enfant des étés lascifs vacille: Coralie assiste au spectacle des arrangements des uns et des autres, les couples qui se forment en cachette, les manipulations de la vénéneuse maîtresse de maison, les secrets de famille qu’on essaie de cacher. Et en face, dans le camping, un drame se joue qui va ternir à jamais le bonheur simple des joies des bains dans la rivière.
La parenthèse désenchantée se referme alors brutalement pour Coralie, lui ayant toutefois offert le pouvoir de prendre sa vie en main – cadeau inestimable de cet incroyable été.
Cet été-là, je quittai définitivement le monde de l’enfance pour celui des adultes, je sortis enfin de ma chrysalide. Sur le coup, enivrée par la liberté, la chaleur et le vin, je fus papillon fougueux. Après, j’étais enfin prête à aimer, et non plus à me regarder être aimée, confondant désir et sentiments.
Les récits d’adolescence trouvent toujours un point d’ancrage dans ma nostalgie de cette époque.
Ce roman de Karine Reysset n’a pas fait exception, je me suis jetée entière dans cette lecture qui a le goût d’une arche perdue, que l’auteure observe avec la distance de sa narration vingt-cinq ans plus tard.
Et cette distance narrative, si elle tait l’émotion qui s’en serait davantage dégagée sous une autre forme de narration, prend le ton résigné d’une adulte qui se raconte au sortir de l’adolescence dans cette aventure marquante et douloureuse.
Non, elle ne raconte pas le feu follet de l’adolescence insouciante, mais l’étincelle qui aura pu aviver la personnalité de Coralie et lui permettre de s’épanouir en l’adulte qu’elle est devenue.
★ ★ ★ ☆ ☆
Titre: L’étincelle
Auteur: Karine Reysset
Editeur: Flammarion
Parution: Janvier 2019
ça m’intrigue de savoir d’avandatge et j’adore. On trouve pas tous les livre qu’on veut là ou je suis, mais je vais bien le chercher pour le lire.
Merci pour cette découverte.
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J’espère que tu le trouveras… je te souhaite une excellente lecture 🙂
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