Qui a cru que les chagrins d’amour étaient les plus violents?

Les chagrins d’amitié, eux aussi, peuvent être d’une profondeur abyssale, nous faire pleurer, chuter, douter, et un jour, comme beaucoup d’autres chagrins, finalement s’endormir. Pour se réveiller un jour, à la faveur d’un soubresaut, d’un rêve impromptu, d’une de ces connexions extrasensorielles qu’offrent la grossesse.

La rencontre entre Brigitte, blonde sensuelle surnommée ainsi pour son allure à la BB, et Brune, pétillante et brillante lycéenne, se fait sous les auspices de toutes les plus complices promesses qu’offre la folie aux filles qui ont la foi insolente de leur jeunesse et de leur beauté.

Elles se promettent de tout vivre dans l’ivresse de ces années de toute puissance de la jeunesse indomptable, avec l’énergie, les bulles du champagne, la danse des folles soirées et l’amour pour carburant. Brune tombe amoureuse de Valéry, tandis que Brigitte elle, s’endort sur des amours impossibles – les lycéennes  s’éveillent à la féminité, la sensualité, tandis qu’elles abordent la fac de médecine, à corps perdu. 

J’étais détendue, insolente et prétentieuse comme on peut l’être lorsque l’on a l’âge d’écrire notre vie dix fois

Dix ans d’une amitié, avec ses va et viens, ses trahisons, ses déclarations d’amour, auxquels un jour, de façon abrupte, Brigitte mettra fin et disparaîtra de la vie de Brune.

Jusqu’au jour où, enceinte, Brune se met à rêver de Brigitte, de façon troublante. Brigitte lui apparaît elle aussi enceinte – Brune l’a compris, elles vivent la même chose au même moment

On dit que les rêves des femmes enceintes peuvent changer le monde.

Que leur puissance hypnotique s’apparente à de la voyance.

Qu’ils ressucitent les âmes et les disparus.

Le moment est venu, pour Brune, d’aller au bout de ce questionnement qui ne l’a jamais quittée depuis l’été de leur rupture, de laisser les fantômes revenir la hanter le temps d’une grossesse, le temps de la promesse d’une nouvelle vie – et comprendre la rupture brutale et cette histoire inachevée.

Evidemment j’étais impatiente de lire le roman d’Agathe, après tous ces mois à l’attendre.

Evidemment je m’interrogeais sur la possibilité de mon objectivité.

D’Agathe je connaissais le tempérament volontaire, l’enthousiasme, les chroniques qui savaient se faire piquantes, la séduction innée, un amour immodéré pour les histoires d’amour passionnées.

Si tous ces ingrédients se retrouvent dans « Sous le soleil de mes cheveux blonds », la découvrir dans son premier roman a été une magnifique surprise, qui m’a séduite par sa modernité audacieuse et la confiance de sa plume. 

J’ai compris plus tard que l’envie de se perdre n’est jamais très loin de celle de se découvrir.

Agathe ne craint pas d’être sulfureuse, de bousculer, d’affirmer sa liberté – celle de son corps, celle de son esprit, celle de sa maternité, celle de sa vie. 

Elle fait tomber les barrières que d’autres n’oseraient jamais ouvrir, n’écoutant que la passion qui bouillonne en elle, femme très femme, si jeune et pourtant pourvue d’une maturité assumée.

Sous le soleil de mes cheveux blonds n’est pas seulement un immense coup de coeur, c’est aussi un roman qui me remplit d’une fierté incroyable – celle de voir naître une écrivaine prometteuse derrière la forte personnalité que j’ai la chance de côtoyer depuis quelques années maintenant autour de notre passion commune des livres et des beaux mots. Bravo Agathe!

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Titre: Sous le soleil de mes cheveux blonds

Auteur: Agathe Ruga

Editeur : Stock – collection Arpège dirigée par Caroline Laurent

Parution: 27 février 2019