On n’a pas voulu promettre de s’aimer jusqu’à ce que la mort nous sépare parce qu’on trouvait ça trop stupide, ne sachant ce que l’avenir nous réservait.
Trop ridicule, aussi, de promettre de s’aimer toute la vie…
Alors le jour de leur mariage, Dalt a préféré éluder l’échange de voeux traditionnel avec un « C’est mon désir le plus ardent ».
De l’ardeur, ils en avaient à revendre, Dalt et Maddy, fougueux, fusionnels, ne voulant vivre que d’amour et de l’eau fraîche des rivières où ils gagnaient leur vie à donner des sensations aux touristes sur leur raft. Parcourir les rivières, pêcher des truites, dormir sur la mezzanine du poulailler qu’ils louaient, s’aimer jusqu’à l’ivresse, ils auraient pu le faire toute leur vie.
Sauf que la vie, la vraie, les rattrape et laisse s’envoler leurs rêves d’insouciance juvénile.
Maddy nous embarque dès la première page dans son histoire:
Tous ces inconnus ne voient que les tics, le fauteuil, le pauvre homme en sueur derrière, préposé aux poignées. Mais lorsque ma respiration flanche, qu’il me faut trouver une chose à laquelle me raccrocher pour me convaincre que nous aurons toujours la force d’avancer, je retourne à mon point d’ancrage: le lendemain de notre première nuit ensemble.
L’amour ardent qui les a unis, les soude plus que jamais dans l’adversité que leur impose la maladie, la sale maladie qui s’empare petit à petit du corps de Maddy.
Hier dans sa puissance et conquérant de l’amour, aujourd’hui livré aux douleurs et aux terminaisons nerveuses qui lâchent. Mais l’amour de Dalt lui, ne lâche pas, même les jours où Maddy ne supporte plus d’être un fardeau et l’implore de la laisser:
– (…) Ce n’est pas une vie. Pas pour toi. Aide-soignant? Ce n’est pas une vie, pour aucun de nous. Ce n’est pas ce que font les superhéros.
– Exactement. Ils flottent au-dessus des obstacles, ils traversent les murs, ils sautent par les fenêtres et s’envolent. On s’envolera, Mad. C’est ce qu’on a toujours fait.
Pete Fromm explore le corps à corps avec la maladie, de façon presque clinique, armé d’une sensibilité sans fioriture, et le coeur à coeur de deux êtres unis envers et contre tout.
Il raconte cet amour inconditionnel contraint de renoncer aux plaisirs terrestres qui les a façonnés, cimentés – la chair n’existe plus, devenue abstraite. Ce qui pourrait séparer Dalt et Maddy les rapproche davantage encore – le corps de Dalt, infirmier, cuisinier, père, devient le prolongement de celui de Maddy.
L’écrivain observe les rapports des enfants avec leur mère – comment grandir auprès d’une mère malade, handicapée, conditionne leur vie et leurs rapports aux autres.
S’il y a beaucoup de finesse dans cette histoire, je n’ai pas été aussi emportée que je m’y attendais. Parfois, Pete Fromm tombe un peu dans le mièvre (Dalt, le super héros saint homme), et le roman vire au romantisme fleur bleue. J’avoue quand même avoir été touchée à la fin, mais pas autant que je l’espérais.
Au final, je suis surprise de préférer La vie en chantier à Mon désir le plus ardent, pourtant les deux romans ont beaucoup en commun: la force de l’amour qui unit deux personnes, la maladie ou la perte de l’être aimé, la découverte de la paternité, le travail de charpentier des héros et la maison qu’ils construisent de leurs belles mains calleuses, et puis bien sûr, il y a la nature – Pete Fromm est avant tout un des grands écrivains américains du nature writing, et cet aspect est d’ailleurs davantage traité dans Mon désir le plus ardent.
Titre: Mon désir le plus ardent (If not for this)
Auteur: Pete Fromm
Editeur: Gallmeister
Parution: 2018
Moi c’est l’inverse j’ai préféré Mon désir le plus ardent à La vie en chantier. Si tu veux plus de nature writing, je te recommande son superbe Indian creek 😉
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Peut-être que mon avis serait différent si j’avais lu Mon désir le plus ardent avant La vie en chantier. C’est vrai que la plupart des personnes ont le même avis que toi. Quant à Indian Creek, je le garde pour un éventuel voyage aux Etats-Unis… et le lire sur place 🙂
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