Sous le signe des poissons

Sous le signe des poissons
Melissa Broder

S’il y a bien une chose dont on ne devrait pas avoir peur, en littérature comme dans la vie, c’est de sortir de sa zone de confort.

Lucy, elle, plaque du jour au lendemain celui avec qui elle partageait le confort d’une relation amoureuse devenue plate et ennuyeuse en même temps que le tour de taille de son Jaimie s’épaississait. Même pas peur.

Sauf qu’à peine quitté, elle sombre dans la dépression et l’obsession. Et perd le peu d’intérêt qui lui restait pour travailler sur sa thèse consacrée à Sappho, qu’elle traîne comme un boulet depuis neuf ans.

Reprise en main par sa soeur aînée, Lucy quitte Phoenix pour Los Angeles: elle gardera sa maison de Venice Beach pour l’été, s’occupera de son chien malade Dominic, et suivra une thérapie de groupe.

Evidemment, rien ne se passe comme prévu – la détox sentimentale imposée par le Dr Jude vire au cauchemar, et Lucy fait tout le contraire de ce qu’on lui a conseillé, cherchant à combler son manque affectif par tous les moyens – enfin non, un seul moyen: le sexe. Avec des très jeunes hommes tant qu’à faire, histoire d’oublier qu’elle a trente-huit ans. Mais loin de la satisfaire, ces relations la laissent plus vide que jamais.

Pourtant, un soir, lors d’une balade sur la plage de Venice, elle fait connaissance avec un jeune et beau nageur (bref, un garçon sexy). Et une nouvelle fois, elle pourrait bien sortir de sa zone de confort.

Tout comme Lucy, on sort ici de sa zone de confort (littéraire, au moins).

Ici tout est cynique, trash, décalé, absolument déjanté. Certaines scènes sont ahurissantes de folie et de drôlerie, car Melissa Broder n’est pas avare de détails à l’état brut quand il s’agit de sexe. Son humour et sa dérision sont d’une fraîcheur absolue, sans pour autant nuire à la profondeur de l’histoire. 

Dans ce récit dont je ne peux absolument rien révéler de plus pour ne gâcher aucun effet de surprise, l’auteure aborde des sujets qui font écho à nos propres histoires de femmes: la rupture amoureuse, la dépression, la peur du vide, l’acceptation de la solitude ou la pression d’une société dans laquelle on ne trouve pas toujours sa place.

Melissa Broder a une voix, une vraie, un style habité, qui pourrait en faire une des nouvelles personnalités de la littérature: il y a un souffle profondément moderne qui semble ouvrir la voie à une littérature différente, et percutante.

Est-ce parce que cette aède 2.0 qui a fait connaître ses poèmes sur Twitter, mêle au roman la mythologie poétique de Sappho et des voyages d’Ulysse?

Lire « Sous le signe des poissons » n’est pas une simple lecture, c’est une véritable expérience et je vous recommande vivement de la faire (à moins que le parler cru vous indispose, et dans ce cas… réfléchissez!).

Titre: sous le signe des poissons (the pisces)

Auteur: Melissa Broder

Editeur: Christian Bourgois

Parution: mai 2021

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