
Le rideau se referme sur la grande saga des Cazalet, et c’est comme assister à la dernière d’une pièce de théâtre: on démonte le décor, bientôt il ne restera plus rien, si ce n’est un souvenir dans nos coeurs.
Et quel souvenir! Depuis ce mois d’avril 2020 où ils sont entrés dans nos vies de lecteurs jusqu’à la sortie de ce cinquième et dernier volume, ce ne sont pas deux ans qu’on a le sentiment d’avoir partagés avec les personnages, mais toute une vie. Les adieux sont d’autant plus tristes, et pourtant on se sentira éternellement reconnaissants envers Elizabeth Jane Howard de nous avoir offert ces derniers moments, écrits dix-huit ans après Nouveau départ.
C’est une nouvelle ère, neuf ans après les avoir quittés, qui augure à la fois du déclin d’une période, et du début d’une autre.
La Duche, née sous le règne de la reine Victoria, s’éteint sous celui d’une toute jeune souveraine, Elizabeth II.
Que vont devenir Hugh, Edward, et Ruppert, alors que l’entreprise familiale connaît des difficultés économiques, que va devenir Rachel, affranchie de ses parents? Home Place, refuge de la famille, a-t-il encore une raison d’être?
A leur tour, les petits-enfants de la Duche arpentent les chemins tortueux de la vie, précédemment foulés par leurs parents. Rien n’est simple quand on devient adulte, pas plus chez les Cazalet que chez n’importe qui.
Clary tient toujours une place de choix dans le palmarès de nos personnages préférés, suivie de près par ses cousines Polly et Louise. L’âge et les soucis ont tempéré leurs parents, on se prend même d’empathie pour Edward soumis aux caprices vénaux de sa seconde épouse Diana.
On découvre une nouvelle génération de petits Cazalet, attachants et en verve comme leurs aînés. On se délecte de faire davantage connaissance avec Teddy, Simon, Neville et Roland, qui avaient tracé leur chemin de leur côté.
Et s’il y a parfois des désaccords dans la famille, ils restent tous unanimes sur un point : les mains de Diana sont vraiment laides – avec ce fil rouge courant tout au long du roman, E.J. Howard semble vouloir mettre tout le monde d’accord, au moins autour de celle qui n’aura jamais été une vraie Cazalet.
A travers ces deux années qui vont clôturer la formidable histoire de cette famille presque comme les autres, E.J. Howard nous offre un spectacle en apothéose.
En dépit des innombrables assiettes d’huîtres, terrines de crevettes, faisans et autres tartes à la mélasse qu’on partage avec eux (le faste gastronomique après les années de disette de la guerre), jamais on ne frôle l’indigestion. Les parties sont courtes, comme pour mieux raconter chacun, de façon équitable, rythmer le récit et nous offrir un final digne de ce nom. Même si, cela va sans dire, on aurait aimé suivre les Cazalet et leurs descendants encore longtemps…
Traduction : Cécile Arnaud
Titre: la fin d’une ère (All changes. The Cazalet Chronicles. Vol. V)
Auteur: Elizabeth Jane Howard
Editeur: La Table Ronde
Parution: octobre 2022
Une réflexion sur “La fin d’une ère”