Le jour où Adrien, missionné par son employeur Aquaplus, débarque chez Louise pour annoncer une coupure d’eau, sa petite vie monotone est emportée dans un joyeux tourbillon où la fantasque jeune femme mène la danse.
Artiste, elle redessine du bout des doigts une vie idéale, joyeuse, poétique et farfelue. Sert une compote en persuadant son invitée que c’est un marbré coco, colore ses dents de jaune, de rouge, de vert ou de bleu lorsqu’elle les brosse le matin, appelle son chien Le-Chat… Mais Louise se fatigue, Louise tousse, de plus en plus, et le jour où on lui diagnostique un cancer des poumons, comme un malheur n’arrive jamais seul, Adrien se fait rétrograder dans un placard au fond d’un couloir sans fin d’Aquaplus.
Les protocoles se succèdent, et les tumeurs de Louise, rebaptisées ses Honey Pops, continuent de grossir.
Malgré la peur et les questionnements infinis, Louise puisait force et résistance dans cette drôle d’expression, qui lui rappelait les petits déjeuners de son enfance, à la campagne, chez ses grands-parents. A la réflexion, elle aurait aussi bien pu les appeler Choco Pops, mais les médecins parlaient de tumeur au large diamètre, alors par souci de précision médicale, elle avait préféré Honey Pops.
Oublié de tous dans son no man’s land, Adrien va peu à peu déserter le bureau, pour se consacrer entièrement à guérir son épouse adorée. Faire rire Louise, prolonger la magie de leur folie. Peu importe, car personne ne remarque son absence pendant ces longs moins.
D’employé déficient mis au ban par sa hiérarchie, il se mua en homme solide qui choisissait de soutenir sa femme
Mais la vie vous joue des tours ironiques, et bientôt, veuf éploré, Adrien devra répondre de sa désertion devant la justice.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Odile d’Oultremont a écrit un premier roman plein de fantaisie qui s’aventure volontairement aux confins de l’Absurdie.
On devine chez la romancière un univers très particulier, pas forcément porté dans la sensibilité, mais assurément dans l’humour et la tournure d’esprit.
La plume est fine, virevoltante, incisive.
Bref, ce roman a beaucoup de qualités. Les personnages sont charmants, touchants, tandis que les méchants, eux, ont le trait sciemment épaissi pour la caricature.
Mais pourquoi, donc n’ai-je pas réussi à entrer dedans? Il y a parfois des rendez-vous manqués.
Une chose est certaine, Odile d’Oultremont a du talent, et une belle dose d’imagination. Alors j’espère avoir le loisir de la lire dans un prochain roman, où les artifices de cette farce fantaisiste ne seront pas utiles pour raconter une histoire, et où l’empreinte d’un certain Voyage en Absurdie (si vous voyez ce que je veux dire) se fera plus légère…
★ ★ ★☆ ☆
Titre: Les déraisons
Auteur: Odile d’Oultremont
Editeur: Les éditions de l’Observatoire
Parution: Janvier 2018
Il m’attend depuis un bout de temps maintenant… mais à force d’en lire des critiques j’ai comme l’impression de l’avoir déjà lu, et surtout étrangement je sens que je vais avoir le même avis que toi, un bon moment sans réussir à rentrer dedans
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C’est très intéressant ce que tu dis: tu mets des mots sur ce que j’éprouve actuellement. J’ai l’impression d’avoir lu tous les livres que je vois défiler, et j’ai besoin d’une bonne détox.
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Ça me fait ça aussi avec « les rêveurs » si ça peut te déculpabiliser ! Fais comme tu sais bien le faire : un bon roman américain rien qu’à toi 😉
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🙈j’ai embarqué Les Rêveurs dans mon sac du week-end, ahah!!!!
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OoooOOOOh … moi il m’a captivée, emportée, secouée, bouleversée. J’ai eu le cœur en mille morceaux, les yeux humides … la plume m’a enchantée, l’originalité m’a ravie. J’ai adoré la folie douce de l’héroïne, leur couple atypique…. bref … un très gros coup de cœur !
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Je comprends ton point de vue, c’est vrai qu’il est assez particulier.. J’ai beaucoup aimé pour ma part, j’ai trouvé revitalisant cette façon absurde d’évoquer la vie et la maladie, ça nous change de tous ces romans tragiques et larmoyants…
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Pour ma part, comme je l’explique à Aufildeslivres dans le comm précédent, le côté absurde avait un côté déjà trop vu, trop entendu 😦
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