De Noha Baz, je n’ai connu pendant quelques années que les yeux rieurs, le joyeux sourire, et nos rendez-vous ratés à plusieurs reprises (par ma faute, car Noha, elle, honore ses engagements avec une facilité déconcertante alors qu’elle a un agenda bien plus chargé que celui de la plupart des personnes).
Lorsque nous nous sommes enfin rencontrées, c’est sa voix, si douce, si radieuse, si chaleureuse qui m’a tout de suite frappée. Je ne l’avais jamais imaginée, cette voix, mais elle enveloppe immédiatement celui qui l’écoute.
Entre Paris et le Liban, cette femme de passions partage ce temps dont elle est si généreuse entre les enfants qu’elle soigne (elle a fondé l’association Les Petits Soleils qui prend en charge les soins des enfants défavorisés vivant au Liban), la gastronomie et les livres – qu’elle lit, qu’elle écrit, mais qu’elle met aussi à l’honneur à travers le prix littéraire Ziryâb qu’elle a créé. Rien ne l’arrête.
Rencontrer Noha Baz vous galvanise, vous porte – elle a cette capacité à contaminer les autres du bonheur qui irradie de sa personne toute entière. Elle a choisi d’être heureuse, c’est son élégance. Un bonheur nourri d’une vie riche, pourtant parcourue des évènements traumatiques de la guerre au Liban, vécus de plein fouet pendant son internat à Beyrouth.
C’est cette vie qu’elle raconte, avec la distinction qui la caractérise, à travers ce livre.
Mon témoignage de ces moments est fidèle à ce que j’ai toujours choisi: préférer l’amour à la haine et le pardon à l’oubli. Parce qu’il n’y a pas de honte à préférer le bonheur
Conçu comme un abécédaire, et sous forme chronologique (prouesse!), elle nous entraîne dans son sillage, en partant d’Alep – les origines.
D’emblée, elle nous plonge par la force évocatrice de ses images et des parfums distillés à travers ses lignes (les pétales de roses de Damas dont on fait le gulbachakar, l’effluve de fleur d’oranger du café blanc, le zaatar), dans la magie de l’Orient dont on découvre les couleurs, les saveurs et les traditions.
L’enfance, la transmission (notamment celle de la cuisine, véritable liant familial et amical), le sport, sa vocation médicale, la guerre, les livres, la maternité ne sont que quelques uns des sujets qu’elle aborde de sa plume fine et délicate.
Noha Baz est une militante de la joie « c’est la seule maladie que je souhaiterais contagieuse. La joie est une politesse envers soi-même et les autres, et une façon plus gaie de les rencontrer ». Et sa seule religion est l’amour.
Qui mieux que celui ou celle qui a connu le drame de la perte, de la guerre et de l’exil peut nous convaincre de la foi à avoir en la vie?
Ce livre, auquel Olivia de Lamberterie offre une lumineuse préface, n’est pas seulement un hommage à ceux qui accompagnent Noha Baz sur le chemin de ses multiples vies, il est également une déclaration d’amour à la Vie.
A ces parents surmenés, démissionnaires ou au contraire maladivement autoritaires; aux mères perfectionnistes; il y a un conseil que je donne en permanence, dicté par Boris Cyrulnik, ce bienfaiteur de l’enfance: » le bonheur est contagieux. Ce qui enchante un enfant, c’est le bonheur dans lequel il baigne. Si vous souhaitez son bien-être, travaillez à vous rendre heureux. »
Titre: Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur
Auteur: Noha Baz
Editeur: Editions Alisio
Parution: 2019