On était des loups

couverture du livre "On était des loups"

Il a choisi de vivre à l’écart du monde, à des jours de marche de la première ville, au milieu des montagnes et des forêts. Liam a fui les hommes, et là haut, avec Ava et leur petit Aru, ils vivent en autonomie – elle cultive leur potager, et lui part de longues journées chasser, seul avec le gros, son cheval.

Ce jour-là, de retour après avoir traqué un loup qui menaçait sa famille, Liam retrouve Ava tuée par un ours. Il retrouve Aru prostré sous sa mère, indemne.  

Sorti de sa sidération, Liam réalise que sans Ava, il n’y a pas de place dans sa vie. Ce petit, c’est elle qui l’a souhaité. Mais comment élever un enfant, ici, seul? Comment l’aimer, cet enfant?

Moi j’aimais Ava et je ne veux pas que le môme prenne sa place

Il prend sa décision très vite: cet enfant, il le confiera à d’autres, qui sauront l’élever. 

Alors il entreprend sans un mot un long voyage avec le petit, chacun sur un cheval – vers la perte ou la rédemption, il ne le sait pas encore, mais il est loin d’imaginer où cette décision brutale les mènera.

Peut-on devenir père lorsqu’on n’a pas reçu du sien l’amour mais la violence? Liam se retrouve face à ses démons.

Sandrine Collette, dans une langue à l’état brut, sans ponctuation, nous glisse dans la tête de Liam, un homme d’instinct – sauf qu’il lui en manque un, l’instinct paternel.

Dans ce roman sombre qu’éclairent des trouées de lumière, Sandrine Collette sonde avec maestria l’âme d’un homme qui ne sait pas, qui ne veut, qui ne peut pas être père.

Entre Liam et Aru, deux êtres tout en contrastes, il y a les non-dits, et une impossibilité de communiquer. L’un et l’autre hantés par leurs fantômes, et empêchés par la tendresse qu’ils n’ont pas reçue. Avec l’oeil de Liam, on observe les moments, au creux desquels, parfois, s’esquisse un mouvement infime vers la possibilité, peut-être, de l’amour. 

Je regarde le môme, il y a un instant de suspens entre nous et on se met à rire il a des mèches de cheveux dans les yeux et il retient son chapeau d’une main pour qu’il ne s’envole pas.

C’est un roman des grands espaces qui m’a donné les mêmes sensations que « Il reste la poussière » lu il y a quelques années: l’autrice rivalise avec succès avec les plus grands écrivains américains du nature writing. Elle nous emmène loin, dans ces magnifiques espaces qui peuvent se faire hostiles, et dont on ne ressort pas indemne.

Un coup de coeur entier pour l’écriture, la beauté des paysages et la profondeur de ces personnages inoubliables.

Titre: On était des loups

Auteur: Sandrine Collette

Editeur: Lattès

Parution: Août 2022

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