Que j’aime les rentrées littéraires! Les nouveautés sur les tables des libraires (et dans ma boîte à lettres), les évènements passionnants qui se succèdent dans la frénésie des trois premières semaines, mon comportement aussi qui ressemble à celui d’une boulimique de livres. La table du salon crie « Au cahot! », le pied de mon lit « A l’anarchie! » (tandis que mon mari, désespéré, me demande où je compte ranger tout cela…)
Les chiffres:
Pas moins de 567 romans parus, c’est vertigineux. 381 romans français, 186 romans étrangers – et 94 premiers romans. Vous en avez déjà découvert quelques uns en Août, et mes lectures de septembre, au nombre de sept, compte 6 romans de cette rentrée…
Les livres:
Un coup de coeur absolu
Pour le nouveau roman de Maylis de Kerangal, Un monde à portée de main dont l’écriture m’a littéralement chamboulée, subjuguée, interrogée.
Deux livres autour de l’art
mais qui explorent aussi d’autres territoires. Une formidable biographie de Françoise Cloarec, J’ai un tel désir, qui nous raconte l’histoire d’amour entre Marie Laurencin et Benoîte Groult, au début du 20ème siècle.
C’est également ce début de 20ème siècle qu’a choisi de raconter Antonin Varenne avec La toile du monde, formidable épopée menée par Aileen Bowman, journaliste américaine qui vient couvrir à Paris l’exposition universelle de 1900. Une fresque passionnante.
Deux romans américains
D’une poésie absolue, Balles perdues raconte l’Amérique sans illusions, l’Amérique des laissés pour compte, tout en étant un roman d’apprentissage très émouvant.
La cloche de détresse, unique roman écrit par la poétesse Sylvia Plath, est aussi un classique de la littérature américaine. Porté par la voix du double de l’auteure, il abrite toute la tragédie de sa courte vie.
Un premier roman
Le temps d’une île, de Thierry Clech, est singulier tant par sa forme, par son thème, que par sa force.
Imaginez une plage, et face à elle la forme triangulaire d’une île qui se détache sur l’horizon.
Combien de milliers d’années ont accompagné cette vue immuable, combien d’hommes et de femmes ont marqué de leur passage fugace ou durable cette côte et ont, chacun leur tour, observé la présence muette de l’île?
Cette vue, à elle seule, pourrait résumer l’histoire d’une humanité.
Elle pourrait raconter, comme une prophétie, l’erreur des hommes qui ont vécu, mais qui n’ont pas agi – et qui à force d’imaginer que la beauté de la Terre était acquise, l’auront irrémédiablement perdue.
Telle une suite de nouvelles, le roman dit l’histoire, sur plus de vingt mille ans, de ce petit bout de terre, tranquille et silencieux.
Témoin des strates de l’humanité qui se succèdent, depuis la préhistoire jusqu’à l’anticipation d’un futur proche.
On y croise une jeune fille, qui dans ce berceau de l’humanité, enfante 20 402 plus tôt – un jeune gaulois qui assiste impuissant à la prise de son campement par les romains. On observe la construction d’un château fort, le retour d’un naufragé, la présence allemande, les atermoiements d’un chanteur populaire qui veut en finir avec la vie un soir de 1980 (particulièrement touchant, car je l’aimais beaucoup de chanteur populaire) et tant d’autres histoires qui se succèdent, moments de vie qui construisent l’humanité, finissent par boucler la boucle et puis… que peut-on imaginer de 2147? Propulsés dans un futur proche, que nous restera-t-il de cet héritage ? Qu’est-ce que ce roman nous dira sur nous?
L’approche littéraire de cette réflexion sur l’humanité m’a émue.
Thierry Clech est photographe – son oeil exercé à l’image se ressent dans ses lignes. Il est également journaliste. Dans ce premier roman, on découvre son écriture fine et érudite au service d’un premier roman étonnant.
Un roman graphique
Graphisme hypnotique noir et blanc de Zeina Abirached, concision toute en justesse du texte de Mathias Enard, deux cultures qui se rencontrent, l’Orient et l’Occident – pour raconter dans Prendre refuge deux histoires d’amour qui éclosent dans le chaos de la guerre à venir, ou déjà là: à Berlin Karsten rencontre Neyla, réfugiée syrienne qui vit dans le déchirement de son exil. Tandis qu’en 1939, face aux bouddhas de Bâmiyân, deux femmes (Ella Maillart et Annemarie Schwarzenbach) vivent les prémisses d’une histoire d’amour alors que la guerre s’annonce.
Le Festival America
Evénement grandiose autour de la littérature américaine!
Conférences avec les auteurs, ateliers, expo photo, salon du livre, retrouvailles avec les copines blogueuses Electra, Madame Couette et Eva, et un déjeuner riche en échanges avec l’écrivain Antoine Varenne, autour de son roman La toile du monde
Prochaine édition du Festival dans deux ans!
Très joli bilan ! J’aimerais beaucoup lire le roman de Françoise Cloarec. En revanche, j’avoue ne pas avoir été pleinement convaincue par le roman d’Antonin Varenne. J’avais de trop grosses attentes je pense !
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